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VIOLENCES ÉCONOMIQUES CONJUGALES ET PN : l’emprise financière

Le nerf de la guerre, c’est l’argent. Cette vérité, clamée par Cicéron déjà au premier siècle avant Jésus-Christ, n’a pas pris une ride. Il est donc tout à fait logique de retrouver la composante financière dans les stratégies de domination des personnalités narcissiques pathologiques. Ainsi, les violences économiques conjugales et les PN font bon ménage. Contrôler le portefeuille, c’est contrôler la liberté d’agir. Comment s’installe cette dépendance économique ? Quels sont les dangers de confier votre budget à un manipulateur ou à une femme toxique ? Comment défaire la mainmise sur vos finances ? Voici nos réponses.

Qu’est-ce qui caractérise la violence économique dans le couple ?

Selon une enquête IFOP réalisée en octobre 2023, 41 % des femmes ont connu des violences économiques conjugales. Mais le pire, c’est que 99 % d’entre elles ont subi aussi des violences physiques ou verbales. Ainsi, combien de ces victimes sont issues de l’association entre violences économiques conjugales et PN ? Le terme de “pervers narcissique” étant parfois controversé, c’est impossible à savoir. Toutefois, notre expérience de thérapeutes spécialisés dans la manipulation sentimentale nous permet de supposer que la proportion est énorme.  Devant l’ampleur du phénomène, il est donc intéressant de se pencher précisément sur ce qui peut être caractérisé comme tel. Une jauge de gravité permet de déterminer 2 grandes catégories : les violences économiques graves et modérées.

Exemples de violence économique grave

Les violences économiques graves nécessitent des mesures drastiques. Il est urgent de demander de l’aide et de sortir au plus vite de cette situation nocive. Ainsi, on peut considérer qu’une personne est en danger dans les cas suivants :

  • le conjoint saisit tout ou partie des revenus de sa victime ;
  • il bloque d’autorité et sans prévenir ses cartes bancaires ou contrôle ses moyens de paiement (chèques, applications, sites de transferts d’argent en ligne, etc. ;
  • il pousse sa conjointe à travailler pour lui gratuitement ou pour une rémunération inférieure à celle du marché ;
  • il saisit l’argent des enfants ;
  • il s’oppose à ce que sa compagne ait un compte bancaire personnel ;
  • il lui interdit de travailler pour quelqu’un d’autre que lui ;
  • il contracte des emprunts en commun à l’insu de sa conjointe ;
  • en cas de séparation, il ne paye pas ou plus de pension alimentaire.

En clair, tout est orchestré pour mener la victime à la précarisation et donc, à la dépendance envers le dominateur.  En effet, ces situations engendrent une perte d’autonomie qui alimente l’emprise tant recherchée par les pervers narcissiques.

À noter : chacun de ces critères constitue une mise en alerte. Il n’est pas nécessaire d’attendre d’en cumuler plusieurs pour réagir, bien au contraire.

Exemples de violence économique modérée qui appelle à la vigilance

De façon plus sournoise et donc, bien plus en adéquation avec les stratégies manipulatoires des personnalités narcissiques machiavéliques (sans s’y restreindre), il y a les violences économiques modérées, à la finalité plus trouble. À l’image des VEO (violences éducatives ordinaires, la composante courante ou admise par la société permet de minimiser la dangerosité. Voici donc quelques exemples qui appellent à la vigilance :

  • il contrôle les dépenses de sa conjointe alors qu’il ne rend pas de compte sur les siennes ;
  • il pousse sa compagne à vendre ses biens personnels pour en faire bénéficier le foyer ;
  • il fait établir les factures au nom de sa femme ;
  • il requiert une réduction ou une suppression de l’activité professionnelle de sa conjointe sous le prétexte d’une économie d’impôts ;
  • il s’oppose à ce que sa victime prenne un emploi mieux rémunéré que le sien ;
  • il ne contribue pas ou pas assez au budget du foyer ;
  • il utilise l’argent du couple ou de la famille à des fins personnelles ;
  • il est seul maître de l’épargne du foyer et ne communique pas sur sa gestion ;
  • il exige un contrat de mariage qui désavantage sa partenaire de vie ;
  • il établit une répartition des charges et dépenses à 50/50 alors qu’il gagne plus ;
  • il ne compense pas les dégâts qu’il a pu causer sur le bien de sa compagne.

Même si de nombreux couples relativement équilibrés peuvent, sans penser à mal, commettre certaines de ces erreurs, il est tout de même nécessaire d’ajuster les modes de fonctionnement potentiellement problématiques. En avoir connaissance, c’est avoir le pouvoir d’agir dans le bon sens. Si le conjoint oppose une résistance à des modifications en faveur d’une gestion plus équitable des finances du couple, c’est qu’il a peut-être des intentions néfastes.

Qu’est-ce qu’un rapport sain aux finances du couple ?

Puisque nous vous avons fourni des exemples de ce qui est à fuir ou à surveiller en matière d’utilisation de l’argent de chacun, voyons maintenant quelques inspirations de bonnes pratiques financières :

  • la répartition des charges et dépenses est proportionnelle aux revenus de chacun ;
  • les discussions sur l’argent ne sont pas taboues ou source de conflits ;
  • les décisions financières sont prises d’un commun accord ;
  • chacun dispose d’une autonomie financière.

En résumé, le principe d’une relation saine à l’argent est de s’assurer que les deux partenaires sont dans la construction d’un foyer, dans la solidarité et dans la bienveillance. Toutefois, les séparations et divorces étant monnaie courante, il est important de veiller à préserver aussi une certaine autonomie de chacun. La relation doit donc tenir sur une volonté conjointe de former un couple, et non sur la nécessité financière.

Comment le PN utilise-t-il la violence économique conjugale ?

Nous avons vu que le contrôle financier, les restrictions d’accès aux ressources et l’exploitation de la victime visent à établir puis, maintenir, le contrôle et le pouvoir. Pour un manipulateur émotionnel, ce processus se fait cependant de manière beaucoup plus insidieuse que pour une personne simplement autoritaire ou violente.

Le MPN va en plus réussir à convaincre sa proie que l’établissement de ce fonctionnement découle d’un choix délibéré. En effet, c’est en manipulant vos émotions qu’il vous poussera à prendre les mesures qui l’arrangent. Ainsi, c’est parce qu’il déclarera ne plus supporter de passer la moindre nuit loin de vous qu’il s’installera à votre domicile. C’est parce qu’il estimera se consacrer à votre bien-être qu’il arrêtera de travailler et manquera donc d’argent. Ou alors, c’est parce que votre amour est extraordinaire qu’il voudra se marier très vite et faire des enfants dans la précipitation.

En définitive, pour prouver votre loyauté, vous lui laisserez accès à tout votre patrimoine. De même, pour lui faire une place de choix dans votre vie, vous l’inclurez dans toutes vos décisions, ce qui lui permettra en fin de compte de les influencer.

Rapidement, vous serez solidaires des dépenses et, bien souvent, c’est vous qui effectuerez les plus gros sacrifices, tout en trouvant cela parfaitement normal.

Comment récupérer son autonomie financière ?

Mettre fin aux violences économiques conjugales, surtout dans le cadre d’une relation toxique qui mènera fatalement à une séparation, commence par des démarches d’accompagnement par des professionnels.

Tout d’abord, sachez que cette problématique entre dans le cadre du dispositif gouvernemental anti-violences faites aux femmes. Vous pourriez commencer par un appel téléphonique au 3919, la plateforme d’écoute gratuite qui fonctionne en continu. Vous y trouverez certainement un soutien de poids et des conseils judicieux pour entamer le processus de libération de l’emprise financière.

Ensuite, rien ni personne ne peut s’opposer à l’ouverture d’un compte bancaire personnel. Tournez-vous vers le conseiller financier de la banque de votre choix pour recouvrer des droits sur vos revenus et économies. Sachez cependant que les comptes bancaires des enfants communs, lorsque ceux-ci sont mineurs, sont obligatoirement soumis à l’accord des 2 parents. Ce sera donc un combat à mener dans un second temps. Il existe aussi des consultants indépendants en gestion de patrimoine qui pourraient établir avec vous un plan de pilotage de votre argent, adapté à votre profil.

Ensuite, ne négligez pas l’apport d’un soutien psychologique pour vous aider à traverser ce qui n’est ni plus ni moins qu’une lutte pour la reconquête de vos droits en tant qu’individu et non en tant que chose, ou plutôt tiroir-caisse, à la merci d’un bourreau. 

Pour un oppresseur, tenir quelqu’un par l’argent, c’est le rendre esclave de son bon vouloir. Dans le cas des violences économiques conjugales par un PN, la victime est convaincue qu’elle a participé activement et volontairement à cette dépendance pécuniaire. Voilà pourquoi lister les différents aspects de la violence financière nous semblait indispensable. Tout n’est pas acceptable en matière de budget d’un foyer et à l’heure où les femmes travaillent au même titre que les hommes, l’autonomie économique reste la meilleure garantie de vivre une relation par choix et non par besoin matériel.