VENGEANCE DU PN | Comment Lui Faire Payer ? Va-t-il Riposter ?
À l’origine de la vengeance, il y a un préjudice subi par une victime et un responsable de ce dommage. On cherche donc à “obtenir réparation”, à “lui rendre la monnaie de sa pièce”. Le problème, c’est que, pour reprendre cette idée que Mahatma Gandhi semblait affectionner, à pratiquer la Loi du Talion “œil pour œil, dent pour dent”, le monde finira aveugle et édenté. Mais laisser la violence vengeresse se répandre n’est pas le seul danger. L’acte vindicatif se contente rarement de faire justice en rééquilibrant les situations opposées. Il s’accompagne au contraire d’une surenchère d’agressivité. Il ne s’agit pas toujours d’égaliser, mais bien de renverser les rôles pour prendre le dessus sur l’autre. Ainsi, si chercher à prendre votre revanche auprès de votre bourreau vous démange, sachez que les envies de vengeance du PN en seront d’autant plus exacerbées. Explications.
Sommaire
Justice divine ou justice des hommes : le besoin de laver l’affront
De toute l’histoire des civilisations, l’homme considère qu’un acte malveillant perturbant l’ordre établi doit être puni. C’est aussi une revendication très forte des victimes, une étape quasi vitale pour leur reconstruction. Que ce soit par l’enfer, le karma, la justice ou la vengeance personnelle, il est admis de toutes les sociétés à travers le globe que celui ayant commis un acte répréhensible envers autrui doit en assumer, dans une certaine mesure, les conséquences. Ainsi, le châtiment ou l’expiation des fautes sont les seules issues possibles aux méfaits. Lorsqu’elle s’inscrit dans cette quête de réciprocité et de proportionnalité relative qui veut que la punition soit à la hauteur du dommage, la vindicte est donc au cœur du système sociétal.
Malheureusement, le désir de se venger répond avant tout à une pulsion, soumise en grande partie à une perception subjective. Qu’est-ce qui est juste ? Qu’est-ce qui ne l’est pas ou pas assez ? Cela dépend surtout de chacun. Lorsque la responsabilisation du malfaiteur n’est pas spontanée ou jugée suffisante, les dérives de vouloir faire justice soi-même sont tentantes, quitte (et c’est un comble) à se mettre hors-la-loi à son tour. C’est faire fi de la raison et du bon sens qui rend la vengeance aveugle… et dangereuse pour les deux parties !
Pourquoi veut-on faire payer son bourreau sentimental ?
Ce qui clôt le mythe de Narcisse, c’est le châtiment infligé par Némésis, la déesse de la vengeance. Le bellâtre périt en raison de la peine de cœur qu’il a causée à la nymphe Echo, même si c’est son hypernarcissisme qui lui coûte la vie. Cela constitue la morale de l’histoire, rendant indissociable le pêché de vanité de sa nécessaire expiation, fut-ce-t-elle par intervention divine. Mais dans la réalité, il est rare que l’on obtienne une reconnaissance unanime des préjudices commis par le manipulateur pervers. L’envie de faire justice soi-même est alors très forte.
L’impossible reconnaissance des préjudices subis
La proie qui s’extirpe des griffes d’un manipulateur sentimental éprouve généralement un irrépressible désir de se venger. Elle a été dupée, heurtée dans ses sentiments. Elle se sent bafouée, diminuée, si ce n’est anéantie. Sa souffrance est incommensurable et pour ne pas sombrer, elle exige que justice lui soit rendue.
Malheureusement, le PN excelle dans l’art de se faire passer pour un martyr. C’est comme cela qu’il dupe les juges dans les cas de divorce et de séparations conflictuelles avec l’enjeu de la garde des enfants. De même, il continuera de récolter les suffrages de certaines de vos connaissances communes et n’admettra jamais qu’il est malade incurable. Le plus difficile pour la personne qui s’estime lésée par un manipulateur machiavélique, c’est qu’on lui renie le statut de victime. Or, sans victime, pas de crime et sans crime, pas de criminel. C’est pourquoi entamer un travail thérapeutique avec un psy spécialiste de la manipulation perverse est le plus souvent salutaire.
L’injustice des situations
Et que dire de cette impression éhontée d’injustice lorsqu’une victime voit son bourreau continuer sa vie comme si de rien n’était ? Quelle nausée de le voir s’afficher avec ses nouvelles conquêtes ou continuer d’être adulé au travail ! Une rupture avec un prédateur émotionnel est une épreuve pénible dont on se remet lentement, qui plus est si l’on se passe d’un accompagnement psychologique. Une ancienne proie de vampire émotionnel se sent en général brisée, vidée de toute énergie vitale et pourtant, lui, semble aller très bien. Pire : il jubile de jeter son bonheur de façade à la figure de celle qui lui a fait l’affront de s’échapper. Cette impunité apparente est révoltante et a le don de faire exploser les spectatrices de ce simulacre. Mais tous les coups de viennent-ils permis pour autant ?
Que faire de l’énergie de la vengeance ?
L’énergie que procure le sentiment d’injustice est à double tranchant. Elle peut s’avérer aussi destructrice que créatrice. Tout dépend de ce que l’on choisit d’en faire.
La pulsion de vie qui peut tout détruire
Cette soif de vengeance relève quasiment du réflexe de survie et traduit surtout une pulsion de vie. Elle permet à la personne lésée de se positionner en tant que sujet capable de s’opposer et de se mesurer à son adversaire. Elle est prête à en découdre. Mais tout comme la frontière entre la haine et l’amour a pu être franchie, il devient compliqué de discerner le bien du mal.
Se lancer dans la guerre des coups bas avec un MPN, c’est ouvrir la boîte de Pandore. Vous risquez, à votre tour, de faire preuve d’une jubilation sadique qui constituerait un engrenage difficile d’enrayer et encore plus difficile d’assumer une fois la fureur retombée. Quelque part, le manipulateur aurait réussi une belle entreprise : vous pervertir. Pour aller droit au but, en vous dénaturant, il gagnerait !
Il faut également savoir que tout ce que vous entreprenez à l’encontre du PN, peu importe que cela soit dans le mal et la violence, suffit à nourrir son ego (en plus de lui donner un alibi pour continuer de vous attaquer). Tous les plans que vous échafaudez pour l’atteindre, tous les risques que vous prenez pour le heurter, toutes les actions que vous menez contre lui le placent au centre de votre attention et de vos émotions. Ne lui faites pas ce plaisir ! Brisez le cercle vicieux et libérez-vous de cette relation toxique qui perdure au-delà de la rupture, sans nécessité ni but, et en partie de votre fait.
Quelle est la meilleure vengeance contre un PN ?
Sans surprise, la meilleure vengeance, c’est l’absence de vengeance. Et c’est encore plus vrai dans le cas des pervers narcissiques qui ne se soucient pas de votre sort. Nous le savons tous : un PN ne peut survivre psychiquement qu’en se nourrissant de l’énergie vitale des autres. Cessez donc de l’abreuver et vous aurez enfin la paix. Nous l’avons maintes fois répété, mais parfois, présenter un concept dans un contexte différent permet de mieux l’assimiler, alors en voici le rappel : pratiquez le non-contact. C’est la SEULE chose à faire.
Même si c’est plus facile à dire qu’à faire, en attendant des jours meilleurs, vivez VOTRE vie ! Soyez sincèrement focalisée sur votre épanouissement. Il ne s’agit pas de vous faire jolie au cas où vous le croiseriez et dans le but qu’il vous regrette, ni même d’afficher votre programme trépidant sur les réseaux sociaux pour lui prouver que vous vous en sortez sans lui. Cela va bien plus loin et est beaucoup plus sain. Vous n’obtiendrez réparation que lorsque vous serez totalement indifférente à son opinion, son apparence, son planning, ses fréquentations, ses déboires, ses réussites, etc., mais pas seulement ! Vous saurez que vous êtes guérie en réalisant que vous vous fichez royalement de savoir s’il est au courant ou non de votre évolution. Mieux : en plus de la fierté d’avoir résolu cette phase toute seule, vous serez en mesure de ressentir une certaine gratitude à son égard pour avoir suscité chez vous une telle pulsion de vie. Cet élan phénoménal, qui va de pair avec le désir de vengeance, vous l’aurez transcendé en une énergie créatrice de la vie dont vous rêvez, loin des profils pathologiques dans son genre. C’est pour cela que nous vous répétons inlassablement que pour vous remettre au plus vite d’une rupture avec un PN, il faut vous concentrer sur vous uniquement : vos réels besoins et envies, ce qui vous rapprochera de l’accomplissement des projets qui vous tiennent à cœur.
D’où vient le désir de vengeance du PN ?
Le psychanalyste Gérard Bonnet, commentant les travaux de Freud sur les épouses vengeresses a écrit “La violence psychique qui anime leur vengeance s’enracine dans une séduction originaire mal vécue”. Suivant l’idée d’érotisation de la vengeance, il ajoute ensuite “« C’est l’autre qui a commencé » ! Tous les pervers l’invoquent pour leur défense : ils ont été séduits ou traumatisés dans l’enfance. Pourtant, que ce soit vrai ou non, le véritable problème est qu’il n’y a aucune commune mesure entre ce qu’ils font et ce que d’autres leur ont fait.” Ainsi, on peut en déduire que les pervers narcissiques se vengent perpétuellement de la personne à l’origine de leur faille d’enfance à travers leurs diverses victimes. De plus, leur paranoïa entretenant le délire que le monde entier en a après eux, ils redoublent de ce que Sigmund Freud a appelé la “réaction archaïque d’hostilité”. En d’autres termes, le PN s’en prend à vous en tant que cible de substitution, pensant qu’il a été attaqué à tort et répliquera donc toujours avec excès.
La vengeance du PN est une guerre totalement irrationnelle qui ne vous concerne pas directement et ne pourra que vous causer du tort. Alors pourquoi y participeriez-vous ? La violence vengeresse ne pourra aller que crescendo, quitte à bafouer les lois. Protégez votre intégrité et tirez votre épingle de ce jeu malsain. Vous avez bien mieux à faire que de sauter dans la fange pour prendre part à ce combat de boue stérile et sans limites. D’ici à quelque temps, vous vous féliciterez d’avoir redirigé cette énergie vers quelque chose de bien plus positif et constructif.