Comment j’ai vécu l’enfer avec un pervers narcissique

Quand l’amour devient un piège

On rêve tous de rencontrer l’amour, celui qui fait vibrer, qui donne des papillons dans le ventre, qui promet un avenir radieux à deux. C’est ce que je croyais avoir trouvé à 26 ans. Une belle histoire, du moins en apparence.

Je me souviens encore du premier regard que j’ai posé sur lui. Un homme sûr de lui, charismatique. Pourtant, au fond de moi, une petite voix murmurait un avertissement. Un malaise diffus, une sensation étrange que mon corps semblait vouloir me transmettre. Mais l’illusion était plus forte. J’ai choisi de ne pas l’écouter.

Très vite, notre relation est devenue une passion brûlante, presque enivrante. Il était partout, omniprésent dans mes pensées, dans mon quotidien. Je croyais qu’il m’aimait d’une intensité rare, que cette fusion était la preuve que nous étions faits l’un pour l’autre. Je vivais dans un tourbillon d’émotions, oscillant entre euphorie et doutes fugaces que je balayais d’un revers de main. Après tout, le grand amour ne se vit-il pas avec démesure ?

Mais ce que je ne savais pas, c’est qu’en réalité, je ne vivais pas une romance, mais le début d’un long cauchemar. Derrière les belles promesses et les attentions se cachait une autre vérité, bien plus sombre : celle de la manipulation. Et moi, aveuglée par mes espoirs et mon désir de construire quelque chose de beau, je me laissais enfermer, lentement mais sûrement, dans un piège dont il serait terriblement difficile de sortir.

Ce témoignage est le récit de cette descente aux enfers. Comment un homme a su me séduire pour mieux m’anéantir, comment j’ai perdu pied, comment j’ai souffert… et surtout, comment j’ai réussi à m’en sortir. Parce que oui, on peut survivre à l’emprise d’un pervers narcissique. Et aujourd’hui, si je partage mon histoire, c’est pour que d’autres femmes sachent qu’elles ne sont pas seules, qu’il y a une issue, et que personne ne mérite de vivre ce que j’ai vécu.

  1. Une relation passionnelle… qui vire au cauchemar

Lorsque j’ai rencontré Maxime, je n’ai pas eu de coup de foudre. Il ne m’attirait pas particulièrement, et quelque chose en lui me dérangeait sans que je puisse mettre le doigt dessus. Mais j’étais jeune, naïve, et surtout en quête d’une présence rassurante, presque paternelle. J’ai donc choisi de voir en lui l’homme idéal, celui qui allait m’aimer et me protéger.

Dès les premières semaines, notre relation a pris un tour passionnel. Maxime était attentionné, envahissant même. Il voulait tout partager avec moi, m’envoyait des messages en permanence, me couvrait d’attentions. Je me sentais aimée, désirée, spéciale. Nous étions fusionnels, toujours collés l’un à l’autre. Ce que je prenais alors pour une intensité amoureuse n’était en réalité que le premier maillon de sa stratégie d’emprise.

Peu à peu, des signaux alarmants sont apparus. Des petites critiques déguisées en plaisanteries, des remarques cinglantes sur ma façon de parler, de m’habiller. Puis les disputes ont commencé. Au début, elles semblaient anodines : une contrariété, une parole mal interprétée. Mais très vite, elles se sont accompagnées d’insultes. “Tu es trop susceptible”, “Tu dramatises tout”, “Je plaisante, tu ne sais pas rigoler !” Je me sentais blessée, mais il savait toujours retourner la situation, me faire douter de mes réactions.

Malgré tout, je voulais croire à notre histoire. Je me raccrochais aux bons moments, à cette passion qui me semblait unique. Quand il redevenait doux et aimant après une dispute, je me persuadais que tout allait bien, que nous étions comme ces couples qui se disputent mais qui s’aiment profondément.

Puis j’ai franchi une étape décisive : nous avons emménagé ensemble. J’aurais dû me réjouir, mais dès ce moment-là, mon rôle a changé. Ce n’était plus l’amour insouciant du début, mais une cohabitation où je portais sur mes épaules toutes les responsabilités du foyer. Plus grave encore, à sa demande, j’ai accepté d’accueillir sa mère sous notre toit. J’ai tout accepté, pensant que c’était normal, que c’était ça, le compromis d’un couple.

Ce que je ne savais pas, c’est qu’à partir de là, tout allait basculer. Je ne serais plus jamais simplement “Élodie”, mais une femme sous emprise, un objet qu’il modelait à sa convenance.

  1. L’enfer commence : isolement, manipulation et violence

Dès que j’ai emménagé avec Maxime, j’ai senti un changement. Subtil au début, presque imperceptible. Lui qui était si prévenant et attentionné s’est mis à se relâcher, comme s’il n’avait plus besoin de faire d’efforts. Ce qui n’était que de petites remarques désobligeantes au début s’est transformé en mépris constant.

Tout a pris une tournure plus sombre après ma grossesse. C’est lui qui avait insisté pour avoir un enfant. Il disait vouloir fonder une famille, que c’était la suite logique de notre amour. Mais à peine le test de grossesse positif, il s’est détaché de moi. Les gestes tendres ont disparu. Finies les soirées collés sur le canapé, finies les petites attentions.

Puis son hygiène a suivi le même chemin. Il ne se lavait plus, prétextant qu’il attendait d’avoir une douche “digne de ce nom”. Dix ans plus tard, il avait une douche à l’italienne immense, et pourtant, il ne se lavait toujours que deux fois par an.

C’est à ce moment-là que j’ai commencé à ressentir un malaise plus profond, mais je me suis accrochée. Après tout, j’étais enceinte, je voulais que mon enfant ait une famille unie.

Un soir, enceinte de huit mois, j’ai crevé un pneu en allant au travail. Affolée, je l’ai appelé, espérant son aide. Mais au lieu de me rassurer, il s’est mis en colère, hurlant au téléphone. Lorsqu’un automobiliste s’est arrêté pour m’aider, il l’a insulté. À mon retour à la maison, il était en rage. Il a saisi une pelle à neige et m’a frappée aux jambes en disant : “T’as de la chance d’être enceinte !” Puis il m’a laissée dehors en pull, en plein hiver, sous la neige. Il ne m’a ouvert la porte qu’à 21h, non pas par remords, mais parce qu’il avait faim et voulait que je lui prépare à manger.

Ce soir-là, j’ai compris que j’étais seule. Que l’homme avec qui je partageais ma vie n’avait aucune limite. Mais j’étais piégée. J’avais un enfant en route, une maison, une vie construite autour de lui. Comment partir ?

Et puis, il y avait la manipulation. Il savait alterner entre violence et douceur. Après ses crises, il redevenait charmant, me disant qu’il était stressé, qu’il ne voulait pas me faire de mal. Et moi, naïve et fatiguée, j’y croyais encore.

Le pire, c’est qu’à cette époque, j’étais encore persuadée que tout cela était normal. Que tous les couples connaissaient des disputes, que l’amour demandait des sacrifices. Ce que je ne voyais pas, c’est que je n’étais plus une compagne, mais une victime.

  1. Une vie de soumission totale

Peu à peu, mon quotidien est devenu un engrenage infernal où je ne comptais plus. Je n’étais plus une femme, encore moins une compagne. J’étais une exécutante, une ombre qui s’affairait en silence pour éviter les tempêtes.

Tout reposait sur moi :

  • Les enfants : leur éducation, leurs devoirs, leurs soins… tout.
  • Le foyer : courses, ménage, cuisine, administration… encore moi.
  • Son travail : il était autoentrepreneur et, bien sûr, c’était à moi de m’occuper des clients, de la paperasse, de gérer son activité pendant que lui passait son temps sur le canapé.
  • L’argent : toutes les dépenses du foyer étaient à ma charge. Il encaissait son argent et le dépensait dans des loisirs égoïstes.

Pendant que je courais partout, lui, il profitait. Il passait des heures sur son téléphone, envoyant des blagues à ses centaines de contacts. Il s’offrait des plaisirs coûteux : une moto, un quad, une camionnette aménagée pour, soi-disant, partir en famille. En réalité, elle ne servait qu’à ses concours canins. Je devais même acheter ses cigarettes et payer ses amendes, qu’il me refilait des mois plus tard comme si c’était une évidence.

Quand je protestais, il retournait la situation contre moi :

  • “Je travaille dur, moi !” – Alors que c’était moi qui faisais tourner son business.
  • “T’es une femme, c’est normal que tu t’occupes de la maison.”
  • “Si tu m’aimais vraiment, tu ne compterais pas.”

J’étais sous emprise, incapable de me défendre. Il avait tout calculé. Il avait dix ans de plus que moi et savait exactement comment me manipuler. Il me tenait avec notre foyer, avec nos enfants. Et surtout avec la peur.

Le chantage affectif et la menace permanente

Il savait comment me garder sous son contrôle. D’abord en jouant sur mon rôle de mère :

  • “Si tu pars, je garde les enfants.”
  • “Si tu pars, ils vont souffrir.”

Puis, il a franchi un cap. Il a menacé de tuer nos enfants :

  • “Si tu pars, je les tue. Ils sont jeunes, ils ne se rappelleront de rien.”

J’étais figée d’horreur. Comment pouvait-il dire une chose pareille ? Mais au fond, je savais qu’il était capable de tout. Son regard, son ton… ce n’était pas une simple menace en l’air.

L’isolement et l’épuisement total

Avec le temps, j’ai compris qu’il avait tout fait pour m’éloigner de mes proches. Peu à peu, je n’avais plus d’amies, plus de famille sur qui compter. Il critiquait tout le monde, montait des conflits inutiles, me faisait sentir coupable de passer du temps ailleurs qu’avec lui.

Il me réveillait la nuit à 4h du matin pour me reprocher des choses absurdes, alors que mon réveil sonnait à 5h30 pour aller au travail. Il était devenu un tyran du quotidien. Quand il voulait me punir, il montait le son de la télévision à fond pour m’empêcher de dormir. Il trouvait toujours un moyen de me briser un peu plus.

Et moi, j’encaissais. Jour après jour. Parce que je ne voyais pas d’issue. Parce que je croyais encore, quelque part, que c’était moi le problème.

  1. La double face du manipulateur

De l’extérieur, Maxime était un homme charmant. Il savait jouer son rôle à la perfection. Devant les autres, il était souriant, blagueur, serviable. Il inspirait confiance, ce qui rendait ma situation encore plus incompréhensible pour mon entourage. Qui aurait cru qu’un homme si “sympa” était en réalité un monstre domestique ?

Il savait choisir ses amis. Il gardait près de lui ceux qui pouvaient lui être utiles :

  • Un policier comme parrain de notre fille, pour faire sauter ses amendes.
  • Un agent immobilier parmi ses connaissances, au cas où il voudrait acheter un bien.
  • Des copains bricoleurs, qu’il exploitait en échange d’une bière et d’un faux sourire.

Il ne gardait personne par amitié sincère, seulement par intérêt. Quand quelqu’un ne lui servait plus, il le jetait comme un objet usé.

L’homme parfait en société, le tyran à la maison

Chez nous, c’était un tout autre visage. Un dictateur au quotidien. Tout devait être fait selon ses règles, sinon il explosait. Il me donnait des ordres pour des détails insignifiants, trouvait toujours quelque chose à critiquer :

  • Un plat trop cuit ou pas assez assaisonné.
  • Une crêpe coupée en morceaux qui ne lui convenait pas.
  • Une tâche ménagère “mal faite”, selon ses critères arbitraires.

Et quand il n’avait plus rien à reprocher, il trouvait un nouveau prétexte.

Un matin, alors que nous sortions les chiens en pension, il a déclenché une dispute absurde. Il m’a poussé à bout jusqu’à ce que je dise “OK, je le ferai toute seule !”. Il a souri. Voilà, c’était gagné : il venait de se débarrasser d’une corvée en me faisant croire que c’était ma décision.

Il était passé maître dans l’art de me faire porter toutes les responsabilités.

La violence déguisée

Maxime avait une méthode bien à lui pour me frapper sans laisser de traces. Il ne visait jamais le visage, il préférait les coups invisibles :

  • Me tirer les cheveux jusqu’à m’arracher le cuir chevelu.
  • Me frapper avec le manche en métal de l’aspirateur.
  • Me maintenir au sol avec son pied sur ma poitrine et enchaîner les coups de poing sur ma tête.

Même après ses violences, il ne s’excusait jamais. Pire encore, il osait me regarder droit dans les yeux avec ce regard noir, plein de haine. Il pouvait m’ignorer pendant trois jours, me faire vivre dans un silence oppressant, jusqu’à ce qu’il ait de nouveau besoin de moi.

Puis, comme si de rien n’était, il revenait me parler d’un client ou d’un banal projet du quotidien, comme si je n’existais que pour l’aider, pas en tant qu’être humain, mais en tant qu’outil.

Un père absent, un bourreau pour ses enfants

Ses enfants, il ne les aimait pas vraiment. Ils étaient des objets, des moyens de pression contre moi.

Il les utilisait comme des marionnettes. Quand je refusais de lui obéir, il se tournait vers eux :

  • Il leur parlait mal, les rabaissait.
  • Il criait pour des broutilles, leur faisait peur volontairement.
  • Il leur donnait des ordres absurdes juste pour les voir échouer et pouvoir les humilier.

Un jour, alors qu’il donnait une fessée violente à notre fils, celui-ci, terrorisé, lui a fait caca dans la main sous l’effet de la peur. J’étais sous le choc. Des années plus tard, en sortant d’une audition pour protéger mes enfants, nous avons repensé à cette scène et nous en avons ri, nerveusement, comme pour évacuer la pression. Mais au fond, ce n’était pas drôle. C’était juste terrifiant.

Une emprise totale, une issue impossible à voir

Je me sentais prisonnière, enfermée dans un cauchemar sans fin. Rien de ce que je faisais n’était jamais assez bien. Et plus j’essayais de l’apaiser, de répondre à ses exigences, plus il montait la barre, rendant tout encore plus insupportable.

Je ne vivais plus pour moi. J’existais pour lui, pour répondre à ses besoins, pour être l’objet qu’il avait décidé de modeler.

Et pourtant… malgré tout ce qu’il me faisait subir, je restais.
Par peur, par fatigue, par manque de solutions apparentes.

J’étais son esclave. Et je ne voyais toujours pas d’échappatoire.

  1. Le jour où j’ai compris que je devais fuir

Il n’y a pas eu de grand fracas, pas d’énième coup plus violent que les autres, pas d’insulte plus insupportable que d’habitude. Rien d’aussi spectaculaire. Juste une lassitude immense, une fatigue écrasante, une douleur qui ne faisait plus mal.

Je m’étais habituée à l’horreur. Voilà la vérité. Et c’est ça qui m’a fait peur.

Je me souviens très bien de ce matin-là. Il était encore affalé sur le canapé, son téléphone à la main, à regarder des vidéos inutiles. Moi, j’étais debout depuis l’aube. Les enfants étaient prêts pour l’école, la maison était rangée, son café l’attendait. J’avais tout fait, comme d’habitude. Comme un automate bien programmé.

Je suis passée devant lui et il n’a même pas levé les yeux. Pas un merci, pas un regard.

Et c’est là que ça m’a frappée. Je n’existais plus.

Le miroir qui ne ment pas

Je suis allée dans la salle de bain, j’ai fermé la porte et je me suis regardée dans le miroir.

Ce n’était pas moi.

Cette femme, là, avec le regard éteint, c’était qui ?

Je me suis approchée, j’ai cherché un signe de la personne que j’étais avant lui. La fille qui riait sans arrière-pensée, qui rêvait de voyages, qui avait de l’énergie à revendre. Mais elle n’était plus là. Elle avait disparu sous les années de mépris, d’humiliations, de peur.

Et c’est là que j’ai compris.

Si je restais, je finirais par mourir. Pas physiquement, pas tout de suite. Mais lentement, à l’intérieur.

Alors j’ai pris ma décision. Je devais partir.

Préparer la fuite, en silence

Je savais que je ne pouvais pas me contenter de faire ma valise et de claquer la porte. Pas avec un homme comme lui. Il fallait ruser, préparer ma sortie comme un plan d’évasion.

Alors j’ai commencé à poser des petits gestes invisibles, chaque jour.

  • J’ai mis de l’argent de côté, quelques billets cachés au fond d’un tiroir.
  • J’ai recommencé à parler à des amis, à tisser des liens qu’il m’avait forcée à couper.
  • J’ai pris des rendez-vous en cachette, avec une assistante sociale, un avocat.
  • J’ai fait semblant. J’ai continué à sourire, à ne rien laisser paraître.

Il ne fallait pas qu’il se doute de quoi que ce soit. Il ne devait pas savoir que j’étais en train de le battre à son propre jeu.

Le jour où j’ai franchi la porte

En juin 2018, je suis partie.

Je n’ai rien dit. Pas de confrontation, pas de cris. Juste moi, mes enfants, et le peu que je pouvais emporter.

Quand il a compris, il a explosé. Hurlements, menaces, insultes.

  • “Tu es une incapable, tu reviendras en rampant !”
  • “Je vais te ruiner, tu n’auras rien !”
  • “Les enfants vont souffrir, tout sera de ta faute.”

Mais je n’avais plus peur.

La justice et l’après

Évidemment, il ne s’est pas arrêté là. Les pervers narcissiques ne supportent pas de perdre.

Il a tenté de me faire passer pour la méchante, d’inverser les rôles. Il a harcelé nos proches, joué les victimes, essayé de me briser une dernière fois.

Mais j’avais des preuves, des témoignages.

Il a été condamné à 9 mois de prison avec sursis et interdit de nous approcher pendant 3 ans.

La liberté a un goût amer… au début

Aujourd’hui, il vit encore dans notre ancienne maison, sans payer un centime, pendant que moi, je rembourse encore le crédit. C’est la dernière chaîne qui me relie à lui.

Mais bientôt, ce sera fini.

Mes enfants respirent. Moi aussi.

Je ne dirai pas que tout a été facile. Se reconstruire prend du temps. Il y a des jours où l’ombre de cette vie d’avant me hante, où la culpabilité me murmure que j’aurais dû partir plus tôt.

Mais quand je vois mes enfants rire, quand je peux dormir sans avoir peur d’un bruit dans la nuit, je sais que j’ai fait le bon choix.

Si je partage mon histoire aujourd’hui, c’est pour celles qui hésitent encore.

Il y a toujours une sortie.
Toujours une porte qui s’ouvre.
Il suffit d’avoir le courage de l’emprunter.

Et un jour, vous vous regarderez dans le miroir… et vous vous reconnaîtrez enfin. 💙