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Jennifer

De la destruction à la renaissance : mon parcours après un pervers narcissique

Je vais vous parler des petites choses, ces petits “rien” qui vous consument avec un pervers narcissique.

Bien sûr, j’ai aussi vécu les situations graves de l’emprise sentimentale, inacceptables même… mais comme vous, je les ai minimisées.

La violence, les insultes, les intrusions dans mon intimité, il y avait bien des explications à tout ça, non ? Pas grave… je les ai trouvées pour lui. Ce n’est pas là que s’est joué mon traumatisme.

Rédaction : Pascal Couderc, psychologue, psychanalyste et auteur, président du comité scientifique de pervers-narcissique.com

Ça fait 4 ans que j’ai quitté Sébastien.

Je l’ai fait sur un coup de tête, enfin, c’est ce que je croyais. Non, c’était un débordement après 10 ans d’empilement de tout ce qui a contribué à mon mal-être. Un lent processus de démolition, pierre par pierre.

Plus il avançait dans sa besogne et plus il se galvanisait, tandis que moi, je m’éteignais. Ma force, il me l’a volée, vampirisée. Il n’y en avait pas assez pour deux. Ce serait différent aujourd’hui…

Au fil des effractions dans mon esprit,

j’ai fait des enfants, alors que je pensais ne pas en vouloir. J’ai quitté mon travail dont j’étais si fière et qui me comblait. J’ai aussi déménagé à 800 km de ma famille, de mes amis, de ma vie. “Tu as de la chance” me disait-il. Oui, je suis tombée sur une belle région, une jolie cage dorée. Lui, il est redevenu roitelet de son fief. Il a retrouvé son réseau, ses amis, ses proches, tous ceux qui se sont finalement ligués contre moi.

Et puis, au tribunal, il a gagné.

À petit feu, là aussi. 3 procédures en 2 ans. Il l’a eue sa garde alternée, la suppression de la pension alimentaire, la moitié de mes avantages sociaux.

Le plus dur dans tout ça, c’est de voir que toute seule, je n’avais aucune chance contre l’armada de complices qu’il s’était constituée.

Que peut la vérité contre une avocate à son image, agressive et menteuse, tandis que lui jouait à merveille le papa éploré ?

Quelle mascarade !

Et puis, des témoignages à vomir, aussi fallacieux que calomnieux. Quelle cruauté de ceux qui sont venus tant de fois manger à ma table.

Cette nuit, j’ai rêvé de lui,

il venait encore me tourmenter dans mon sommeil, à l’orée d’une importante réussite pour moi. Ça faisait longtemps que ça n’était pas arrivé, parce qu’aujourd’hui, je vais bien.

Très bien même. Et c’est de ça que j’ai envie de parler. J’ai avancé, j’ai retrouvé ma lumière. Plus que ça même : sur le chemin, j’ai donné vie à la nouvelle version de moi. J’y reviendrai plus loin.

Là, ce qui me revient en tête de ce passé, c’est du gris.

Tout est terne, tout est triste. Et avant lui ? C’était carnaval tous les jours dans ma mémoire qui idéalise sûrement un peu l’avant-PN. Je me souviens surtout du malaise constant que provoquaient ses mots et ses actes. Il avait une capacité étonnante à contrarier mes humeurs. Si je passais un mauvais moment, il était tout guilleret. Si j’étais enthousiaste, il était grincheux. Jamais la moindre harmonie.

Je me souviens qu’un jour,

j’avais eu un gros souci personnel qui me tracassait beaucoup. Il m’a reproché de “faire la gueule”. Je suis donc partie me changer les idées au centre commercial. Je suis revenue de meilleure humeur, ravie d’avoir déniché une petite robe. Il m’a donc séchée : “je trouve ça minable que tu aies besoin de dépenser de l’argent pour te sentir bien”. Au revoir Euphorie, bonjour Culpabilité !

Une autre fois, j’avais reçu une très bonne nouvelle que j’ai voulu fêter au restaurant avec lui. Sa réponse “Assieds-toi sur le canapé, il faut qu’on parle de nos problèmes de couple.” Bye Bye Célébration ! Le temps est à la discussion solennelle apparemment…

Mais le pire, ce qui m’est resté pendant 8 ans et m’a finalement donné le courage de ne pas rechuter avec lui, malgré ses tentatives, c’est le jour de la mort de ma grand-mère. Il s’est permis de me hurler dessus parce que j’ai hésité entre aller tout droit ou tourner à gauche sur la route, déboussolée par cette immense perte. Comment peut-on avoir l’indécence de crier sur une personne dévastée par le chagrin ? C’est pour moi la preuve la plus tangible de sa pathologie.

Mais ce qui me met en colère encore aujourd’hui,

c’est l’irrespect total qu’il avait pour mes demandes et mes besoins. Il avait la manie de me toucher l’entrejambe ou la poitrine lorsque l’on se croisait dans la maison, particulièrement si j’avais les mains prises et ne pouvait donc pas me défendre. J’avais beau lui dire très fermement que je ne supportais pas ces attouchements, il riait et recommençait à la prochaine occasion. Si je persistais dans l’énervement, il me disait simplement que j’étais prude et “chiante”. Quelle jeune femme a envie d’être qualifiée de la sorte par son “amoureux” ? Alors, je me taisais, malgré cette impression d’être salie.

Et puis cette mauvaise foi si révoltante,

décontenançante… Si je lui demandais d’effectuer une tâche, il ne le faisait pas parce qu’il n’aimait pas qu’on lui dise quoi faire. Si je ne lui disais rien et lui faisais le reproche de ne pas l’avoir fait, il se réfugiait derrière l’excuse que j’aurais dû le lui demander. Voilà, c’est ça, les petits rien qui me restent de ces 10 ans d’oppression. Aujourd’hui ça me semble tellement ridicule, surréaliste. Difficile de se pardonner d’avoir laissé faire… Mais on y arrive en comprenant les mécanismes de l’emprise.

J’ai passé des heures à parcourir ce site

j’ai suivi une psychothérapie en parallèle et j’ai entamé des études de psychologie. Au fil des mois, je me suis fortifiée, j’ai constitué un réseau d’amis et j’ai rencontré l’amour auprès d’un homme si bienveillant que je ne savais même pas que cela existait.

Je ne raconte pas ça pour me vanter, mais bien pour entretenir l’espoir qu’un jour, la lumière revient.

Le cheminement est long, mais qu’il vaut bien la peine d’aller puiser au fin fond de ces ressources. Je sais que je reste sensible à ces maudits manipulateurs.

J’en ai recroisé 2 dans le cadre professionnel et amical, et j’ai même eu affaire à un vautour sentimental qui avait bien failli finir le travail du PN. Mais maintenant, je crois pouvoir dire que non seulement j’ai appris de mes erreurs, mais surtout, j’ai intégré ces événements dans mon parcours en acceptant leurs enseignements.

Rien de ce qui intervient dans ma vie n’aurait pu exister sans cet effroyable épisode, y compris mes merveilleux enfants.

Je sais que c’est difficile à croire quand on est dans l’œil du cyclone, mais la croissance post-traumatique après un PN existe, j’en suis convaincue. Mais je vous en prie, trouvez un psychologue pour vous aiguiller dans cette reconquête de vous-même.

Je n’aurais jamais soupçonné les bienfaits de la thérapie

Regardez maintenant où j’en suis : à vouloir moi-même exercer ce merveilleux métier. Prenez soin de vous, mais surtout, surtout, entourez-vous de personnes fiables.

Ce parcours n’a rien eu de linéaire. En quittant Sébastien, j’ai ressenti une libération immédiate, mais j’ai vite compris que cela marquait simplement le début d’une autre lutte, cette fois contre les traces laissées en moi par des années de manipulation.

Chaque étape a été un défi.

Apprendre à me faire confiance de nouveau, à être autonome dans mes choix, à ne pas ressentir de culpabilité en écoutant mes besoins a pris un temps considérable.

C’est un travail de reconstruction profonde où chaque victoire, aussi petite soit-elle, s’avère essentielle.

Je me souviens encore des premiers mois après la séparation. Même si j’étais seule physiquement, il y avait comme une présence invisible : ses paroles continuaient de résonner dans ma tête, ses critiques me suivaient.

C’était un long processus de « désintoxication mentale » pour ne plus vivre sous son jugement.

Aujourd’hui, je suis fière de pouvoir dire que j’ai transformé cette souffrance en force. J’ai appris à poser mes limites, à dire non sans crainte, et surtout à reconnaître les signaux d’alerte chez les autres.

Ces expériences m’ont rendue plus forte, plus lucide, et paradoxalement, plus bienveillante envers moi-même.

La cicatrice reste, mais elle fait désormais partie de moi sans me définir. Ce témoignage, je l’écris pour toutes celles et ceux qui traversent cette épreuve : sachez que la lumière est bien là, au bout du chemin, et qu’elle est plus éclatante que jamais.

Mon histoire ressemble à celle de beaucoup d’autres, mais elle reste unique dans son intensité et ses douleurs. Dans les premiers mois qui ont suivi la séparation, je vivais un quotidien paradoxal.

J’étais à la fois délivrée de sa présence physique et pourtant encore emprisonnée mentalement par ses paroles, ses critiques, ses manipulations. Il m’a fallu beaucoup de temps pour comprendre à quel point l’emprise ne s’arrête pas simplement en quittant le domicile conjugal.

Elle laisse des marques invisibles, comme une programmation intérieure qui persiste bien après le départ.

Ce que je n’avais pas anticipé, c’était la complexité de se reconstruire seule. Même mes proches, bien intentionnés, ne pouvaient pas réellement saisir l’ampleur de ce que j’avais vécu.

J’avais tellement minimisé les incidents, même face à moi-même, que je devais maintenant les affronter sans filtre. Tout d’abord, j’ai ressenti une honte intense, comme si ce parcours de souffrance était une faiblesse personnelle.

J’ai passé des mois à me dire que j’aurais dû partir bien avant, que j’aurais dû comprendre plus vite. Mais il a fallu que j’accepte que mon parcours, avec ses erreurs et ses hésitations, faisait partie de mon processus de guérison.

La thérapie a été un élément-clé de cette reconstruction. Je me souviens des premières séances comme d’un mélange d’émotions contradictoires : à la fois libératrices et déstabilisantes.

Parler des manipulations, des humiliations, et des petites violences psychologiques m’a permis de remettre des mots sur des blessures enfouies, que je n’osais pas formuler.

J’ai pris conscience que chaque comportement de Sébastien n’était pas anodin, qu’il y avait une mécanique derrière ses actions, visant à me déstabiliser et à m’affaiblir.

Cette prise de conscience a marqué le début de mon détachement psychologique.

C’est là aussi que j’ai compris le pouvoir du « gaslighting ». Pendant des années, Sébastien avait modifié ma perception de la réalité, me poussant à douter de moi-même.

Parfois, il me répétait que j’étais « trop sensible », ou que j’avais « tendance à exagérer ». D’autres fois, il me faisait sentir que je n’étais jamais à la hauteur, que mes réussites étaient toujours insuffisantes.

Ce processus insidieux me rendait dépendante de son jugement, cherchant toujours à faire plus, à prouver que j’étais « assez bien ».

Regarder en arrière et mettre en lumière ces manipulations a été difficile, mais aussi libérateur : je pouvais enfin démêler les fils de son influence.

Au fil de la thérapie, j’ai aussi redécouvert mes propres ressources. J’avais sous-estimé ma capacité à résister et à me relever.

J’ai réalisé que malgré ses tentatives de me briser, une part de moi n’avait jamais totalement renoncé. Cette force intérieure, bien que dissimulée pendant un temps, était encore là, prête à me soutenir.

Cette prise de conscience m’a permis de reconstruire ma confiance en moi et de retrouver une estime personnelle, lentement mais sûrement.

Pour m’aider, je me suis aussi entourée de personnes bienveillantes. J’ai découvert des amis et des alliés, des personnes capables de comprendre sans juger, de soutenir sans imposer.

L’une des choses les plus bénéfiques que j’ai apprises, c’est l’importance des limites personnelles. Poser des limites n’est ni égoïste ni excessif : c’est une manière saine de préserver mon équilibre.

Dans mon ancienne relation, toute tentative de poser des limites était systématiquement ignorée ou tournée en dérision, ce qui avait érodé ma capacité à dire « non » sans ressentir de culpabilité.

Aujourd’hui, savoir poser mes limites est devenu un acte de respect envers moi-même, un acte d’amour-propre.

J’ai également renoué avec mes passions et mes ambitions, celles que j’avais mises de côté pour suivre Sébastien.

J’ai repris des études de psychologie, à la fois pour mieux comprendre ce que j’avais traversé et pour aider ceux qui vivent des situations similaires. Ce parcours académique est devenu un exutoire, un moyen d’analyser avec recul ce que j’avais vécu et de donner un sens à mes souffrances.

Il ne s’agissait plus seulement de survivre, mais de transformer cette épreuve en quelque chose de positif, de constructif.

Aujourd’hui, je me considère comme une version renforcée de moi-même. Je ne regrette plus ce que j’ai vécu avec Sébastien, car cela m’a permis de me découvrir sous un autre jour, de développer une résilience que je n’aurais jamais soupçonnée.

Mon passé reste une partie de moi, mais il ne me définit plus. Je peux maintenant parler de mon histoire sans douleur, avec le recul nécessaire pour inspirer et aider d’autres personnes.

Je tiens à dire à tous ceux qui se retrouvent dans ce témoignage : vous n’êtes pas seuls. Il est normal de douter, de se sentir perdu, de se demander si on est « assez fort » pour s’en sortir.

Mais je vous assure, même si le chemin est long et parfois douloureux, il mène à une libération que vous méritez. Un jour, cette douleur se transformera en force, et ce jour-là, vous vous sentirez libres comme jamais.

Gardez espoir, car vous possédez en vous les ressources pour vous reconstruire et rayonner à nouveau.