Accueil » Blog » Pour aller plus loin » LA PERSONNALITE PASSIVE AGRESSIVE : UN AUTRE TRAIT DU PN ?

LA PERSONNALITE PASSIVE AGRESSIVE : UN AUTRE TRAIT DU PN ?

Avez-vous déjà eu cette impression malaisante de ne rien comprendre à quelqu’un ? Impossible de le définir, d’anticiper ses réactions, ni même de trouver de la logique dans ses agissements. Il vous semble tantôt lunatique, tantôt énigmatique ou impétueux, alors il vous arrive parfois de douter de votre compétence à le cerner, au point de vous sentir démunie, si ce n’est franchement bête. Vous avez peut-être affaire à une personnalité passive agressive, c’est-à-dire un profil présentant une fâcheuse tendance à contredire ses propres paroles par des actes opposés à ceux attendus. Rassurez-vous, ce n’est pas vous qui êtes à remettre en cause. Explications.

Qu’est-ce qu’une personnalité passive agressive ?

La personnalité passive agressive affiche une apparence coopérative, voire soumise. En réalité, cette attitude feinte masque une réelle animosité. Cette dernière va se traduire par une manière détournée de saboter ce qui est en jeu. Par exemple, le profil passif agressif pourra accepter poliment une invitation qu’il aurait préféré décliner, et s’arranger pour provoquer un empêchement qui contrecarre le projet. On parle parfois d’hostilité cachée ou d’agressivité passive pour expliquer ce qui est ni plus ni moins qu’un trouble psychologique. Bien qu’il ne s’agisse pas encore d’une pathologie, ce dysfonctionnement mérite d’être pris en charge par un professionnel de la santé mentale.

Quelle est la cause de ce trouble ?

Il existe plusieurs facteurs favorisant le développement du trouble de la personnalité passive agressive. Voici quelques exemples :

  • Le modèle familial. Si les membres du foyer avaient tendance à réprimer ou à ignorer les émotions, le sujet a pu grandir dans un contexte d’invalidation émotionnelle.
  • La peur de l’abandon ou du rejet. Parce que le besoin de plaire répond à notre vocation intrinsèque à vivre en société, les individus ayant développé une peur de l’abandon ou du rejet apprennent à étouffer leurs envies pour accroître leur désirabilité sociale. Ainsi, ils disent “oui” alors qu’ils pensent “non” et utilisent ensuite des moyens détournés pour nuire aux plans sur lesquels ils se sont engagés verbalement, tout en évitant soigneusement d’être incriminés.
  • D’autres troubles de la personnalité. Selon le DSM-V (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’Association américaine de psychiatrie) on retrouve les caractéristiques du comportement passif agressif chez les personnalités borderline, narcissiques et antisociales.
  • Certains troubles de la santé mentale. La dépression, l’anxiété et l’état de stress post-traumatique peuvent être propices à une attitude d’hostilité passive.
  • Les situations de stress aigu. Se trouver en état de pression intense génère souvent des agressions passives.

Il est possible que ces facteurs se cumulent entre eux. À noter que la psychothérapie obtient de très bons résultats dans le traitement de ce trouble, même si celui-ci est installé depuis longtemps.

L’agressivité passive est-elle consciente ?

Les personnes présentant ce type de personnalité éprouvent des difficultés à exprimer leurs émotions de manière directe et immédiate. En compensation, elles adoptent a posteriori un comportement plus en accord avec leurs aspirations réelles, et donc en contradiction avec leurs dires précédents. Il serait difficile de considérer que tous les mécanismes en jeu soient totalement inconscients. En effet, si le déni d’émotion peu-être d’ordre instinctif, agir à dessein est un acte délibéré. L’agression passive implique une intention de nuire à un projet. Le sujet passif agressif met en œuvre des actions indirectes pour parvenir au résultat qui l’arrange sans avoir l’air d’en être la cause. Bien souvent, il y a donc bien préméditation, calcul, stratégie, en bref : manipulation. Toutefois, à l’instar des compulsions qui entraînent des actions à l’encontre de la volonté, il arrive que l’agression passive soit menée sans que le sujet soit au fait de ses propres motivations profondes et des conséquences de ses actes sur autrui. D’ailleurs, ce schéma comportemental est souvent cause de grandes souffrances découlant notamment de difficultés relationnelles. C’est pourquoi ce trouble de la personnalité passive agressive doit être traité par un psy.

Les pervers narcissiques sont-ils passifs agressifs ?

Nous venons de voir que le climat de confusion qui émane d’un comportement passif agressif était hautement problématique pour l’entourage. Ce malaise ambiant n’est pas sans rappeler le gaslighting du PN ou la fameuse alternance chaud-froid qu’il maîtrise à merveille. Pourtant, savoir imiter le comportement d’hostilité dissimulée à des fins machiavéliques n’implique pas forcément de présenter ce trouble de la personnalité. Le MPN est à un niveau au-dessus du trouble, il est atteint d’une véritable pathologie du narcissisme (ce dont il faut bien se garder de lui dire) et il ne peut pas être guéri. Par contre, si vous avez des doutes sur une personne qui montrerait des caractéristiques de la manipulation sentimentale et de l’hostilité passive, n’hésitez pas à effectuer ce test en ligne gratuit pour tenter d’y voir plus clair, ou bien consultez nos 5 preuves qu’il n’est pas MPN.

Quelques exemples d’agression dissimulée

Les comportements traduisant une hostilité cachée sont partout et peut-être en utilisez-vous également, sans même vous en rendre compte. Voici quelques exemples de communication passive agressive :

  • Le sarcasme. Faire des commentaires sarcastiques ou ironiques dans le but d’y glisser une critique blessante est une agression non assumée. Qu’elle prenne la forme d’un humour acerbe, sexiste, racial ou provocateur, il s’agit bien de faire passer un message déplaisant de façon biaisée.
  • L’insinuation. Faire des allusions ou des suggestions indirectes, allant parfois jusqu’à la menace, relève effectivement d’une manière détournée de marquer sa désapprobation.
  • La plainte. Râler, maugréer, jurer tout en effectuant une tâche est une forme d’hostilité passive.
  • Le mépris. Ignorer quelqu’un, ne pas répondre à ses demandes ou bouder marque le mécontentement.
  • La résistance. Tarder, procrastiner, “oublier” intentionnellement, dissimuler des informations vise à créer de l’empêchement.
  • Le dénigrement. Les critiques (ouvertes ou dans le dos), la remise en question de la légitimité de quelqu’un ou de quelque chose, la disqualification, l’infantilisation ou la culpabilisation constituent des attaques. Ceci, même si elles sont présentées sous une apparente bienveillance avec le sempiternel “Je dis ça pour ton bien”, par exemple.
  • L’ambiguïté. Communiquer de façon énigmatique force l’interlocuteur à s’interroger et offre une porte de sortie au profil passif agressif. Il peut alors utiliser l’excuse “Ce n’est pas ce que j’ai dit” ou “Tu as mal interprété mes propos” lui permettant de se dédouaner.
  • La victimisation. Lorsque le sujet retourne la situation de sorte que ce qui arrive (et qui l’arrange bien) est présenté comme un drame pour lui, il cherche à se défausser de sa participation à l’événement perturbateur. Exemple : “J’aurais adoré dîner chez ta mère, mais ce n’est pas ma faute si j’ai la migraine !” Le chantage affectif s’inscrit dans ce genre de démarche passive agressive.
  • La diffamation ou la divulgation d’informations sensibles et incriminantes constituent également des agressions passives, dans le sens où elles ne sont pas directement adressées à leur destinataire.
  • Le mensonge, les fausses accusations, la déformation des faits, la rétention d’information sont autant de moyens d’opposer une entrave à une bonne communication.
  • La triangulation consiste à utiliser une troisième personne pour relayer des informations. Cela permet de brouiller les pistes et de ne pas attirer l’attention sur l’expéditeur réel du message. Elle peut aussi faire naître des conflits annexes qui déportent le véritable problème.

D’une manière générale, ne pas assumer son opposition ou son refus dès le départ peut potentiellement entraîner des comportements passifs agressifs, sans même s’en rendre compte.

Comment réagir face à un comportement passif agressif ?

Si, malgré toute la subtilité de leur manifestation et la banalité des situations que nous venons d’énumérer, vous avez identifié une attitude d’hostilité cachée, voici comment gérer le problème :

  • Garder son calme, afin de ne pas braquer le porteur de ce trouble qui niera certainement les faits.
  • Être clair et direct. Communiquer de façon intelligible et implacable éliminera le doute. Pour qu’une action soit menée à bien, il faut la préciser, la détailler, mais également lui donner un délai ou toute information utile qui pourra servir de base afin de rendre des comptes à échéance.
  • Se détacher de l’attaque à niveau personnel. Une personnalité passive agressive est avant tout quelqu’un qui n’assume pas ses besoins et envies. Cette frustration mal gérée peut se traduire en remise en cause de l’entourage, mais c’est juste un tour de passe-passe pour s’éloigner du problème de fond.
  • Fixer des limites. Signifier au sujet passivement hostile que vous ne tolérez pas son comportement peut l’amener à questionner ses schémas comportementaux. Cela lui rendra service, tout en vous persévérant et en améliorant votre relation.
  • Se faire aider. Si le comportement ambigü d’un proche vous cause de la souffrance psychologique, n’hésitez pas à trouver un soutien professionnel afin de faire face à cette problématique plus solidement.

L’information reste la meilleure arme pour lutter contre les comportements passifs agressifs. Se documenter sur le phénomène permet non seulement de s’en prémunir en tant que destinataire ou partie prenante, mais aussi d’éviter de sombrer vous-même dans ce schéma dysfonctionnel.

La personnalité passive agressive s’approche de la manipulation sentimentale en ce sens qu’elle joue sur l’inadéquation entre les actes et les paroles. Toutefois, le premier cas est une stratégie d’évitement visant à préserver le sujet. Le second relève quant à lui d’une réelle volonté de faire du mal à autrui. Ainsi, si la démarche est différente, les dégâts entraînés sont parfois semblables, car ils impactent négativement l’entourage. Heureusement, le trouble de l’hostilité cachée se traite très bien en thérapie.