Mon “expérience” avec un pervers narcissique

Je m’appelle Nathalie, j’ai 23 ans et je suis maman solo d’une petite fille de 8 mois. Je n’aime pas dire que le père de ma fille est un PN, car j’ai l’impression de perdre toute crédibilité aux yeux du monde – d’ailleurs certaines personnes dédramatisent la violence que j’ai subie à cause de cette affirmation. 

Le Monsieur en question s’appelle Albert, a 27 ans et est alcoolique, sans travail depuis longtemps. 

Les débuts

Ça a commencé ainsi : j’avais 18 ans et je vivais en Suisse chez mon papa. Je rentrais d’une soirée à 06h le matin et j’attendais le train. J’avais vu cet homme sur le banc à boire sa bière. Dans le train il se met à côté de moi et commence à me raconter sa vie :

Son “histoire”

Il avait 22 ans, avait commencé une formation de nettoyeur de surfaces mais ne l’avait jamais terminée. Il est devenu ensuite parachutiste dans l’armée en France et était en « permission » pendant 3 semaines. Il profitait de revenir voir sa famille qui habitait à côté de chez mon père, avant de partir en mission sur l’ile de la Réunion. 

Je ne le croyais d’abord pas, jusqu’à ce qu’il me sorte ses badges et me montre des photos de lui à l’armée. 

Je suis directement tombée sous le charme. Il était beau, il me faisait rire, et en plus son statut de « militaire » m’attirait particulièrement. 

Nous avons eu une amourette durant ces 3 semaines. 

L’absence

Il partit à la Réunion et je n’arrivais pas à l’oublier. J’avais d’ailleurs prié pour soit le retrouver, soit l’oublier. 

J’ai fini par lui déclarer ma flamme 1 mois après son départ et il m’avait répondu très gentiment que j’étais une fille super et que je méritais le meilleur et que lui il avait rencontré une autre femme là-bas

Nous avons interrompu le contact pendant 3 ans. 

Le retour

J’avais donc 21 ans à ce moment-là. Je viens d’emménager dans un nouvel appartement dans cette même région. J’aperçois le nom de famille de Albert sur une sonnette des voisins et je repense à lui mais sans prendre contact. 

Un samedi matin je me rends au petit magasin du coin pour faire mes commissions (ce qui n’était pas du tout mon habitude de les faire ici ni même à cet horaire). 

J’entends « madame, excusez-moi où avez-vous trouvé le panier ? »

Je me retourne et je m’arrête un instant. Je le reconnais. 

Je lui réponds « Albert c’est bien toi ? »

Il me reconnait à son tour et m’invite à prendre l’apéro chez son frère qui était mon voisin. 

La rechute

J’ai eu un second coup de foudre pour lui et nous avons commencé la relation – qui m’a complètement détruite, moi qui croyais en un signe du destin. 

Au début, il ne m’a jamais caché son alcoolisme, ni le fait qu’il soit sans emploi et endetté. Je me disais que ce n’était pas ça qui faisait l’homme bien ou mauvais. Il me faisait beaucoup penser à mon père et mon frère (narcissique, fort caractère, gros bras, sportif). D’ailleurs mon père avait longtemps été sans emploi alors je ne le jugeais pas là-dessus

Moi je travaillais, j’avais de l’argent, j’étais heureuse dans ma vie. 

Et lui me donnait beaucoup d’importance au début, me complimentait mon intelligence, beauté, volonté. 

Il me racontait qu’il avait déserté l’armée pour rejoindre son ex copine à la Réunion, qu’elle était horrible avec lui mais, il l’avait quand même faite venir vivre en Suisse. Elle est finalement repartie à la Réunion après avoir vécu 1 ans en suisse. 

D’ailleurs il disait : « elle me traitait de pervers narcissique. Mais vous les meufs, quand ça ne va pas avec votre gars, vous le traitez toujours de pn ». 

J’avais rigolé et acquiescé à l’époque. 

La première dispute

La relation était belle dans les 3 premiers mois. Et la première dispute c’était parce qu’il voulait qu’on déménage ensemble à Évian en France (1h30 de route de mon ancien domicile). Et moi je ne voulais pas car ça ne faisait que 3 mois que nous étions ensemble. Il avait failli me quitter pour ça. 

Puis les disputes s’enchainaient, toujours avec des excuses à la fin. 

L’isolement

Je n’avais plus le droit de voir un ami, un homme, car il était persuadé que je le trompais avec (ce qui était faux). Je devais m’épiler comme il faut car je le dégoutais vraiment lors de nos relations intimes. D’ailleurs, il me réveillait quelques fois au milieu de la nuit pour que nous couchions ensemble

Il faisait exprès d’être en retard à chaque rendez-vous que j’avais. 

Le matin quand je me levais pour aller travailler, il m’incitait à me porter malade. Il disait gentiment « allez s’il te plait, on passera la journée ensemble à se faire des câlins ». 

Lui et sa famille sont très porté sur la religion catholique – protestant. Il me disait souvent que je devais lire la bible et que le mariage c’est important. 

Je le croyais. Je suis quelqu’un de naïf et facilement influençable. 

Nous faisions souvent des sorties, mais toujours avec ses amis à lui. Je buvais plus d’alcool que d’habitude en étant avec lui. Je buvais pour oublier qu’il buvait. 

D’autres disputes encore s’enchainent. Il veut que nous fassions des projets ensemble, comme monter une entreprise. Mais lui qui n’a pas d’argent, ça aurait été à moi d’investir. 

La grossesse

6 mois de relation, et j’apprends que je suis enceinte. Pour lui, j’avais le droit d’avorter mais si je le faisais, il allait me quitter. J’ai réfléchi ainsi : j’ai toujours voulu un enfant et c’est peut-être la seule chance que j’aurais. Et quand bien même nous nous quittions je me sens capable d’élever cet enfant seule. 

Quand j’y repense c’est curieux car il me disait qu’avec son ex-copine ils essayaient d’avoir un enfant à l’époque et que cette dernière avait fait une fausse couche. Aujourd’hui je crois qu’elle a avorté car ça n’a pas beaucoup de sens. Et Albert savait que j’étais enceinte avant même que moi-même je le sache. 

Vie “commune”

Il fallait que nous emménagions ensemble et étant la seule à travailler, je lui ai dit que j’étais d’accord que nous prenions un appartement à Évian et que je devienne frontalière. 

Durant cette période, j’apprends que mes oncles et tantes veulent vendre la maison de mes grands-parents, dont je suis aussi héritière. Albert a essayé de se placer en courtier en immobilier, me mettait la pression pour que je parle de lui. 

Lorsque mon frère a refusé de lui donner une signature pour vendre cette maison, Albert s’est fâché et voulait le frapper. Il me disait : « si je n’ai pas frappé ton frère, c’est parce que tu es enceinte ». 

Moi j’avais essayé de faire l’air de rien avec mon frère, ne plus parler de cette histoire. Sauf que lui voulait à tout prix que je comprenne que Albert n’était pas quelqu’un de bien et s’était fâché avec moi. Nous avions perdu contact pendant 4 mois. 

Arrivée à Évian, je me sentais seule. Plus d’amis, plus de famille (ma mère est décédée, mon père vit au Maroc et mon frère était fâché). Lui et sa famille me disait sans cesse qu’ils m’aimaient et qu’ils étaient là pour moi. 

J’arrivais gentiment sur mon 6ème mois de grossesse, qu’il ne faisait plus rien à la maison, pas de ménage, pas de lessive. Il me mettait la pression pour que j’arrête de travailler et me mette à l’arrêt, ce que j’ai fait. 

Durant mon arrêt de travail, il ne faisait quasi rien avec moi, ni se balader, ni aller se baigner. J’avais des cours de préparation à l’accouchement, et j’étais la seule à ne pas être accompagnée du papa. 

J’ai commencé à me rendre compte qu’il était fou quand je lui demandais de ranger comme il faut ses affaires à plusieurs reprises, et qu’il me disait « je les range comme il faut », je lui montre la preuve que non et il ajoute « c’est toi qui a mis exprès ça comme ça juste pour m’emmerder ». 

Lui savait tout mieux que tout le monde, même si je lisais un article qui le contredisait j’avais tort. Il allait jusqu’à s’énerver. 

Pour la préparation à la naissance, il ne s’est intéressé à rien. Ni acheter les affaires, ni les habits, ni comment se passe un accouchement. 

L’accouchement

Le jour J, je lui annonce que j’ai des contractions et qu’il faut m’emmener à l’hôpital, il me dit qu’il n’a pas envie d’y aller tout de suite, il faut que je me couche et que ça va passer (c’était le soir). 2h après je le réveille pour qu’on aille à l’hôpital. Il n’était pas présent à côté de moi, il allait dormir dans la voiture, se promenait et lorsqu’il voulait bien rester à mon chevet il se plaignait de la chaise ou de l’hôpital. Il fallait d’ailleurs pendant ce temps que je lui donne de l’argent pour qu’il s’achète à manger. 

Il a organisé le contrôle technique de sa voiture exprès le jour où j’ai accouché. Il est allé le matin la nettoyer. Je lui téléphone en panique car c’était le moment de pousser. Il est revenu au moment de la naissance et est reparti directement après pour le contrôle. 3h après, il revient avec ses parents à la maternité alors que je n’avais pas dormi depuis 3 jours et que je ne voulais pas que ses parents soient là tout de suite. Ils se permettent de porter bébé et de lui faire des bisous alors qu’elle n’a que quelques heures.

Après la naissance 

Après la naissance de notre fille c’était la descente aux enfers : pression psychologique pour que je lui donne de l’argent (10 000€), pour qu’il s’achète un utilitaire pour le louer pour des déménagements. Lorsque je refuse il s’énerve. Il m’insultait (je suis une gamine immature, radin, hypocrite). Je lui dit que je vais dormir et que je ne veux pas parler avec lui. Il me tire la couette, me vide une bouteille d’eau dessus alors que bébé est juste à côté de moi et je lui ai dit finalement que j’allais partir. Il m’en empêchait, m’a prise par les épaules, m’a poussé jusqu’à ce que je tombe dans le lit par terre et se met sur moi à me maitriser. Je me débats et il s’arrête au bout d’un moment. 

Il va à la salle de bain et menace de se suicider. Puis soudainement ressort et je vois dans ses yeux que ça a changé : il pleure et s’excuse. 

Il s’énervait très souvent, mettait des coups de poing dans les armoires, les portes. 

Il passait son temps sur sa console de jeux et à boire de l’alcool. 

Les absences

Il s’en allait quelques jours régulièrement chez ses parents / amis ou se prenait soudain l’envie de faire un trek (ce n’était pas son truc pourtant). 

Mais moi je préférais quand il n’était pas là, au moins j’avais la paix. 

Les conflits

J’ai compris que son but c’était de créer des conflits le jour où il me dit « tu pourrais me faire à bouffer pétasse », alors que j’étais en train préparer des crêpes. Le frigo était plein de nourriture que j’avais achetée, il y avait de la bolognese de la veille et les crêpes que je préparais. Il me dit que je suis qu’une égoïste car je ne fais à manger que ce que j’aime. Il avait passé sa matinée sur la console de jeux alors que moi je m’occupais de la maison et de notre fille. D’ailleurs il me répétait souvent que ce n’était pas un concours. 

Nous approchions de Noël et je lui avais acheté un portefeuille, une bière et une tirelire. Quelques jours avant et voyant les cadeaux sous le sapin, il me demande s’il peut les déballer car il a deviné ce que c’était. 

Il commence à se moquer de ces cadeaux, allant jusqu’à brûler le portefeuille devant moi car selon lui ce n’est pas du vrai cuir. 

« Ton portefeuille à 15 balles acheté sur Amazon, c’est de la merde. Au pire on a qu’à dire que ton cadeau pour moi c’est la Playstation 5 que tu m’as acheté en juillet » me disait-il en rigolant. 

Moi je pleurais. Il ajoutait alors que c’était à lui de pleurer tellement mes cadeaux sont nuls. 

La violence

Le 23 décembre 2023, mon frère et sa femme viennent pour fêter Noël chez nous. Une dispute éclate entre Albert et mon frère. Albert me bouscule à plusieurs reprises alors que j’ai notre fille dans le porte bébé ventral. Il veut également frapper mon frère devant les enfants. 

Mon frère finit par partir et quand Albert et moi nous retrouvons seuls, il sort un couteau de sa poche et me dit « je l’aurais bien planté, je vais lui rendre visite ». 

Je ne réalisais pas la violence, dans ma tête je me disais encore que je ne prenais parti pour personne. 

Il a fini par me demander de choisir entre lui et mon frère. Je lui dit de faire ses affaires et de partir de la maison

Il voulait s’en aller avec notre fille, je le bousculais pour qu’il ne la prenne pas. Il m’a collé au mur, menaçant de me mettre un coup de poing et a sorti « tu attends que je te cogne pour appeler les flics ?! » alors que je prenais mon téléphone à la main. 

Il s’en est allé finalement en me laissant notre fille. 

La rupture

En une semaine, je lui avais mis des ultimatums et j’ai beaucoup lu d’articles, surtout sur votre site. Dès lors que j’ai compris qu’il ne pouvait pas changer, je l’ai quitté. 

Il ne me ramenait pas notre fille à l’heure convenue lorsqu’on se voyait. Elle n’avait que trois mois, était encore allaitée et j’ai attendu tout l’après-midi pour la revoir. J’ai fini par lui dire qu’il ne verra pas notre fille tant qu’il n’y a pas un cadre légal qui est posé. De plus qu’il est alcoolique, qu’il ne s’est jamais occupé de notre fille, de la mettre dans des situations dangereuses telles que la laisser toute seule sur la table à langer ou la faire danser sur le bord du balcon, ne me rassurait pas.

Il gardait les clés de mon appartement et il me disait par message qu’il me les rendrait dès qu’il verra notre fille. Puis il change son discours il me dit qu’il les garde uniquement pour me faire pression. Durant un mois il me suivait, m’écrivait par message « Nathalie je sais que tu n’es pas à Évian. » 

Durant ce laps de temps je vivais chez mon frère pour être en sécurité et Albert a amené la Police chez lui. C’est bien une preuve qu’il me suivait car mon frère habite une maison assez loin dans un village.

Même sa famille me harcelait par message en me disant que j’étais dégueulasse que je ne lui laisser aucune chance, que je suis qu’une menteuse.

Cela fait cinq mois que je l’ai quitté. Il a revu notre fille, en ma présence. Il me drague, essaye de me récupérer, et il est fort à ce jeu-là. Je sais que je serais tombée dans le panneau si ça s’était passé il y a quelques années en arrière. Aujourd’hui j’ai perdu toute confiance en moi, je me sens traumatisée. Au début de la rupture, j’étais soutenue par ma famille mais à présent ils me disent que peut-être Albert n’est pas si horrible que ça. Que ce qu’il a fait c’est du passé, que peut-être il ne recommencera pas. J’ai dû me battre longtemps contre mes propres idées pour ne pas me faire manipuler, alors aujourd’hui je dois fermer mes oreilles lorsque ma famille me parle. 

J’aurais besoin de faire une thérapie, mais je n’ai pas les moyens financiers. Je me rends compte que mon problème c’est la dépendance affective. Mon enfance, la personnalité de mes parents et de mon frère ont créé en moi ce problème, qui m’a amené à aller dans une relation avec Albert. Pour moi il était juste la suite logique de tous mes traumatismes d’enfance. 

Je vous remercie pour l’attention que vous portez à mon histoire, merci infiniment pour vos articles pour votre site. Vous m’avez beaucoup aidé à ouvrir les yeux

Meilleures salutations

Nathalie

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