Mère perverse narcissique
Avoir une mère perverse narcissique est l’une des situations les plus toxiques et les plus importantes que l’on puisse subir sur le plan psychologique, du fait de l’importance de la mère pour le bon développement psychique de l’enfant. Les dégâts peuvent perdurer toute une vie chez l’individu qui n’arrive pas à sortir de cette emprise originelle.
La manipulation de la mère perverse narcissique
L’attachement primaire d’un enfant à sa mère est primordial pour que son développement se déroule dans l’harmonie et dans la sécurité. Selon Winnicott, les capacités de sollicitude d’une mère représentent le soutien essentiel du Moi de l’enfant.
Or, qu’en est-il avec une mère perverse narcissique et manipulatrice ? Uniquement centrée sur sa personne, elle dynamite chez l’enfant le socle de sécurité affective indispensable à sa construction psychologique. En bonne narcissique, seuls ses besoins à elle comptent. Ses enfants sont, par conséquent, des extensions d’elle-même chargés de porter et de supporter tous ses affects et son narcissisme. Elle sera donc une source d’insécurité primaire pour eux, tant elle exigera d’eux, tout en n’étant jamais satisfaite. Avoir une mère narcissique, c’est un peu comme avoir un dieu tyrannique pour parent : elle est parfaite, inaccessible, imprévisible, arbitraire et insatisfaite.
Cette mère va donc nourrir son narcissisme et sa propre grandeur au détriment de son enfant. Dans le secret de son foyer, elle s’ingénie à briser ses qualités, à le soumettre inlassablement à la critique et ne prononce jamais un mot d’encouragement. Rien n’est jamais assez bien pour elle, son amour ne sera donné qu’à la condition d’objectifs impossibles à atteindre, ce qui transmet le message à l’enfant qu’il n’est jamais assez bien pour sa mère, et donc, plus tard, jamais assez bien pour l’autre.
Prisonniers des rêves mégalomanes de sa mère, l’enfant ne se sent jamais légitime et le rejet qu’il intériorise le poursuivra toute sa vie.
S’il lui arrive d’être reconnu, complimenté à l’extérieur, la mère narcissique brisera aussitôt en lui tout germe d’amour-propre. Car cette mère lui interdit de se sentir aimé et ne veut pas qu’il soit reconnu par ses pairs. Elle étouffe sa personnalité très tôt, semant en lui le doute et les ferments de l’angoisse et de la dépreciation de soi.
Les enfants d’une mère perverse narcissique ne peuvent donc survivre qu’au prix d’une course infinie vers la satisfaction des attentes de cette mère jamais satisfaite. Elle invalide son enfant dans tout ce qu’il ressent, car ce qu’elle tolère le moins, est bien qu’il s’exprime. Là est certainement l’un de ses pires pouvoirs, soit celui de frapper d’illégitimité tout ce qui émane d’eux : tendresse, tristesse, joie, chagrin … En les blessant systématiquement dans leurs sentiments, elle exploite leur détresse pour les manipuler, le but étant de leur faire ressentir ce qu’elle ressent, soit d’en faire de parfaits petits automates. La conformité est obtenue grâce à l’humiliation, la honte et la culpabilité.
Les conséquences psychologiques sont énormes pour un enfant. Il peinera plus tard à reconnaître ses propres émotions et à savoir ce qui est bon pour lui. Il n’y a pas seulement vol d’estime de soi, mais aussi vol d’identité.
Les attitudes courantes des mères perverses narcissiques
Les mères perverses narcissiques ne se ressemblent pas toutes, mais toutes ont un certain nombre de traits communs.
Elles ne sont ni disponibles, ni affectueuses, ni présentes auprès de leurs enfants. Elles n’aiment pas être mères, car cela leur coûte du temps et représente trop d’obligations. La négligence et le manque de soins ne sont pas rares. Elles ne se sentent pas responsables des enfants, et leur font sentir qu’ils dérangent. Quand ils grandissent, elles leur reprocheront d’être nés.
Elles ont aussi en commun le fait de ne jamais respecter ni l’intimité, ni la fragilité de l’enfant.
Elles vont sans ménagement violer ses secrets, lire son journal intime et avoir avec lui des propos d’adulte. Il n’y a pas de barrière de l’âge avec elles. Elles fusionnent de façon incestuelle avec leurs fils en les assimilant à de vrais partenaires, ce qui les enferment dans l’Œdipe et soudent leur dépendance. De même, l’objet d’affection de leur fille adolescente sera pour elles un objet de désir, dont la possession leur permet de triompher dans le duel narcissique qui les oppose à l’enfant.
Enfin, tous les enfants d’une mère narcissique ne sont pas égaux à ses yeux. Bien qu’elle s’en défende, c’est une mère qui fait des différences et des comparaisons. Elle crée ainsi des rivalités et exacerbe les jalousies. Elle s’arrange pour que tous se disputent ses bonnes grâces, car de la sorte, elle divise pour mieux régner.
Ce traitement inégal de chacun a aussi un autre fondement : elle fait sa « sélection » dans ses enfants. Il y a ceux qui n’ont, pour ainsi dire, aucune existence à ses yeux, et ceux qu’elle favorise, car elle ambitionne d’en faire ses « héritiers », soit de les couler dans le moule de la perversion narcissique. La mère perverse narcissique préfère en général pour cela ses garçons, qui sont pour elle de vrais faire-valoir. Elle entretient avec eux une relation fusionnelle, où ils deviennent ses confidents, responsables de ses moindres états d’âme. Le chantage affectif qu’elle met en place est omniprésent : ils ne peuvent rien faire sans elle, et elle ne peut « vivre » sans eux. Lorsqu’ils grandissent, elle les subordonne à ses besoins et contrôle leur vie et leurs unions.
Il résulte de cette configuration que la famille où règne une mère narcissique est une famille divisée, souvent conflictuelle.
Le déficit d’estime de soi causé par les triangulations qu’elle crée amène des complexes d’infériorité chez les individus, qui risquent d’interpréter plus tard tout succès chez les autres, comme une part de chance qui leur est refusée à eux.
À l’âge adulte, les enfants d’une mère narcissique deviennent des individus psychologiquement incomplets, souffrant d’un manque chronique d’estime d’eux-mêmes, sujets à l’angoisse, à la dévalorisation et aux troubles dépressifs. Ils ont du mal à générer des émotions et ont tendance à l’isolement.
Ils restent aussi longtemps dans l’attente de la reconnaissance de cette mère pathologique, ravivant ainsi périodiquement auprès d’elle leurs blessures.
S’affranchir de cette mère demande un gros travail sur soi, pour déconstruire les cadres mentaux de l’enfance, qui ont façonné un développement bancal.
Ce travail appelle l’aide d’un thérapeute spécialisé et d’une écoute empathique qui connait bien ces mécanismes de maltraitance psychologique. Pascal Couderc et son équipe de psychologues cliniciens aident celles et ceux qui ont été victimes d’une mère manipulatrice à sortir de cette emprise et vivre une vie libérée de la dépendance affctive.
Se libérer d’une mère perverse narcissique, c’est un parcours de combattant, mais c’est aussi la clé pour reprendre le contrôle de sa propre vie. Cette relation qui devrait être synonyme de réconfort et de soutien peut devenir un véritable enfer. Pour les enfants qui grandissent sous l’emprise d’une mère narcissique, il est difficile de se rendre compte que ce qu’ils ont vécu n’est pas normal. Le processus de libération commence par cette prise de conscience : reconnaître que l’amour reçu était toxique, conditionnel, et souvent, inexistant.
Au début, cela peut être extrêmement déroutant et douloureux. On se retrouve à remettre en question non seulement son passé, mais aussi ses repères et sa vision de soi. Une mère perverse narcissique va semer le doute en permanence. On grandit en croyant que l’on n’est jamais assez bien, qu’on doit toujours prouver quelque chose. La culpabilité devient une compagne de tous les jours, et il est très difficile de se défaire de cette conviction.
Mais il faut savoir que ce n’était pas votre faute. Vous n’avez jamais été responsable de son bonheur ou de son malheur. C’est elle qui vous a fait croire cela. Se libérer, c’est accepter cette vérité, même si elle est difficile à accepter : vous n’étiez qu’un pion dans son jeu, un moyen de nourrir son égo et de maintenir son emprise. Cela n’a jamais été lié à votre valeur en tant que personne.
Le chemin de la reconstruction est long. Il s’agit de (re)trouver, grâce à un travail sur soi, sa propre voix, ses propres désirs, ses propres besoins. La thérapie peut être un formidable allié, car elle aide à démêler ce qui relève de l’emprise narcissique et ce qui est vraiment vous. Vous avez le droit d’être en colère, d’être triste, de ressentir toutes les émotions que vous avez dû taire pendant des années. Et surtout, vous avez le droit de dire non, de poser des limites, de vous protéger.
Entourez-vous de personnes qui vous respectent et vous soutiennent, même si cela veut dire couper les ponts avec certaines relations. Se libérer d’une mère perverse narcissique, ce n’est pas seulement s’éloigner physiquement, c’est aussi, et surtout, se détacher émotionnellement. Accepter que l’on ne recevra jamais l’amour inconditionnel que l’on espérait peut faire mal, mais c’est aussi une libération. Cela permet de faire la paix avec son passé et de construire un avenir où l’on est enfin maître de ses choix.
En fin de compte, sortir de cette relation, c’est apprendre à s’aimer. C’est redécouvrir qui l’on est vraiment, au-delà des blessures et des manipulations. C’est aussi se donner la permission d’être heureux, de vivre pour soi, sans se sentir coupable ou redevable. Cela demande du temps, de la patience et beaucoup de bienveillance envers soi-même, mais c’est possible. Et cela en vaut la peine, car on finit par retrouver une liberté qu’on n’avait même pas imaginée.
A lire aussi : la famille pervers narcissique et le parent manipulateur