Manque affectif : Comment se défaire du poison des relations
Le manque affectif, c’est la traduction d’un besoin primaire d’attachement et de sécurité qui n’est pas correctement comblé. Il a pu s’établir à un stade précoce de développement, c’est-à-dire lors de la petite enfance, et provoquer une véritable carence qui poursuit l’individu à l’âge adulte, ouvrant la voie à la dépendance affective.
Étudions les symptômes et évolutions possibles du sentiment insatiable de manquer d’affection, afin d’envisager son traitement.
Sommaire
Qu’est-ce que le manque d’affection ?
Tout d’abord, le manque d’affection est de l’ordre de la perception de chacun. Le phénomène existe avant tout intérieurement, mais ne nécessite pas d’être avéré pour causer des dommages psychologiques.
D’où vient l’impression d’être mal aimé ?
La conviction que l’on n’a pas reçu assez d’amour provient d’un trouble au niveau du besoin fondamental d’attachement. La stabilité et la fiabilité, éléments essentiels à la construction de l’estime de soi, n’ont donc pas été suffisamment pourvues.
En conséquence, le sujet en déduit que les autres sont incapables de subvenir à ses besoins. L’individu, puisque mal aimé, ne peut pas non plus puiser dans ses propres ressources de réassurance.
Ainsi, il oscille entre recherche perpétuelle de validation extérieure, pour pallier le vide intérieur, et méfiance exagérée de tout ce qui vient d’autrui, puisque la déception est le schéma répétitif.
Manque affectif, carence affective, dépendance affective, quelle différence ?
Le manque affectif peut-être structurel ou réactionnel. Dans le premier cas, il a été vécu à un stade précoce et s’est ancré dans la psyché de l’enfant, de sorte qu’il est toujours vivace (même inconsciemment) à l’âge adulte.
Le jeune individu a développé sa personnalité avec cette impression de mésamour comme donnée immuable, avec toutes les conséquences que cela engendre et sur lesquelles nous reviendrons. Le plus souvent, ce climat d’insécurité émotionnelle se trouve au sein des familles instables, maltraitantes, froides ou trop permissives.
Lorsque le vide sentimental que l’on ressent est plus tardif et survient en conséquence à de mauvais traitements par autrui, il s’agit d’une réaction qui n’est pas a priori inscrite à jamais dans nos schémas de pensée.
Le sentiment de défaut d’amour réactionnel sera alors bien plus facile à gérer ou même à guérir complètement.
Si l’amour lacunaire intervient dans la très petite enfance et à un niveau sévère, il deviendra probablement une carence affective. Cela implique que la recherche de marques d’attentions sera assimilée à un besoin vital.
En cas de privation, un état de stress, voire de panique sera déclenché. À maturité, on tombera alors plus vraisemblablement dans la dépendance affective.
C’est-à-dire que l’on se posera en sujet particulièrement propice à la manipulation sentimentale, ce dont raffolent les pervers narcissiques.
Quels sont les signes du manque d’affection ?
Lorsqu’il est de l’ordre du trouble, le sentiment d’avoir manqué d’amour se manifeste de diverses façons, plus ou moins intenses, et parfois contradictoires.
De plus, les différents champs qu’il affecte peuvent s’appliquer ensemble ou indépendamment les uns des autres, voir apparaître temporairement pour se succéder.
Les comportements du sujet carencé en amour
Pour schématiser, on pourrait dire que l’individu en manque d’affection se dévoile dans 3 champs principaux :
1. Le soutien
Le sujet affectivement carencé va chercher des marques de tendresses et de chaleur humaine. Il pourra donner et recevoir une affection débordante et aura certainement un besoin viscéral de contacts physiques et sexuels, parfois dans un rapport fusionnel à l’autre.
2. L’empathie
Un profil en manque affectif sera friand d’une écoute assidue et d’être l’objet de toutes les attentions. Il montrera une envie irrépressible d’instaurer un climat de confiance et appréciera particulièrement le partage d’états d’âme, dans une sorte de connexion quasi spirituelle.
3. La protection
Tout individu en défaut d’amour cherche à être protégé. Cela pourra consister en la recherche de conseils et d’avis. Il s’agit de trouver des partenaires forts et fiables sur lesquels se reposer.
Les symptômes inquiétants
Lorsque les comportements régis par le défaut d’affection deviennent inadaptés, c’est que le sujet est dans une dynamique malsaine visant inconsciemment à maintenir la souffrance active. On distingue ces dysfonctionnements selon 4 catégories :
1. La soumission
L’individu carencé en amour va trouver des partenaires froids et distants ou bien affichera lui-même une attitude détachée. Il pourra également se laisser porter par les décisions des autres, sans exprimer ni initiatives ni besoins.
Il s’enlise ainsi dangereusement vers un découragement des autres, ce qui renforcera à terme sa certitude que l’abandon est inévitable.
2. L’abnégation
Pour se faire aimer, celui qui doute de sa propre valeur pourra céder à l’assujettissement. Non seulement il tâchera de ne pas faire de vagues, mais il n’hésitera pas à sacrifier ses désirs pour se mettre au service des autres.
Le sur-contrôle émotionnel qu’il s’impose afin de ne jamais amener de négatif dans ses relations étouffe ses aspirations profondes et relève de la stratégie.
3. L’évitement
La personnalité en manque affectif pourra se surprotéger en adoptant un comportement de fuite des relations intimes et d’isolement. Il pourra s’agir d’un profil se définissant comme autosuffisant, parfois affichant la façade d’une grande force de caractère. La méfiance est le fil rouge de ses relations interpersonnelles.
4. La compensation
Pour calmer le stress de se sentir mal aimé, l’individu pourra opter pour une attitude grandiloquente, voire narcissique. Exprimant des droits personnels exagérés, il sera dans l’agression ou la contre-attaque. La mise à l’épreuve, les crises et la jalousie font partie du panel des coups d’éclats de ce type de profils.
Les pensées du sujet en manque affectif
Ce qui caractérise le plus les personnes carencées en amour, c’est la dichotomie que l’on retrouve d’un cas à l’autre, et parfois même chez un seul sujet. Ce sont des personnalités extrêmement chaleureuses ou bien froides comme des pierres, intenses ou inertes, envahissantes ou effacées.
Et que dire de leur relation de couple ? C’est tout ou rien : soit on vit l’histoire à fond, soit on se sépare. Il n’y a pas de demi-mesure. D’un extrême à l’autre, il semblerait qu’il s’agisse avant tout de pousser à bout le partenaire, soit pour maintenir le sentiment que les autres ne donnent pas ce qu’il faut, soit pour obtenir la preuve d’affection tant recherchée, du moins temporairement, jusqu’à ce que l’angoisse revienne…
Parmi les phrases typiques qu’un tel sujet peut formuler, on retrouve :
- “je n’ai pas reçu assez d’amour ou d’attention”
- “personne ne me comprend ou ne veut m’aider”
- “personne n’est à la hauteur”
- “je n’intéresse personne, si ce n’est par intérêt”
Ces pensées témoignent d’une forme d’inadéquation sociale et d’une difficulté à se lier aux autres.
Comment remédier à cette situation ?
Comment sortir du manque affectif et ne plus laisser ses relations être polluées ?
Avant de chercher à sortir du manque affectif, il faut admettre une vérité qui fait mal : combler un vide, ce n’est pas de l’amour. Une personne avec ce profil est plus proche du fonctionnement compulsif et irraisonné d’un addict que de la maturité d’un compagnon idéal.
Pour preuve : ses relations de couple ressemblent davantage à des feux de paille aussitôt consumés, aussitôt oubliés, qu’à un réel partenariat de vie.
Aimer, c’est respecter l’autre et ses besoins (comme la liberté), mais aussi nourrir le lien qui unit deux êtres par le partage d’expériences et l’entraide. Pour être capable de donner de l’amour, il vaut mieux en avoir à revendre !
Plutôt que de se poser en gouffre, il faut être une source. Et deux sources qui se rejoignent forment un torrent.
Ces principes sont simples et pourtant, ils nécessitent un profond travail sur soi, ses blessures du passé et la découverte de ses aspirations les plus fondamentales. Ce chemin vers sa véritable identité commence obligatoirement par la reconnaissance de la légitimité de sa souffrance.
Pour casser le schéma des relations amicales, familiales ou amoureuses dysfonctionnelles, l’introspection est de mise, afin d’envisager de se reconstruire sur des bases saines.
L’accompagnement thérapeutique, éventuellement à distance, reste le meilleur moyen d’accéder à votre “enfant intérieur”, ce “moi” véritable qui ne demande qu’à faire émerger votre identité propre et libérer votre plein potentiel d’épanouissement.
En d’autres termes, pour aimer et être aimé sincèrement, commencez par vous aimer vous-même.
Le manque affectif, c’est le caillou dans la chaussure de toutes vos relations interindividuelles. Vous fournissez des efforts, vous pensez que cette fois-ci sera la bonne et pourtant, sans le savoir, vous contribuez vous-même à saboter les duos que vous formez avec vos amis, collègues ou membres de la famille.
Vous pourrez changer de chaussures autant de fois que vous le voudrez, c’est contre votre pied que le caillou est niché. Ce vide intérieur que vous ressentez, c’est le poison de vos liens affectifs.
Vous ne trouverez l’apaisement que lorsque vous parviendrez à le combler vous-même, éventuellement avec l’aide d’un psy spécialiste des relations toxiques. Puisez en vous cette abondance d’amour que vous méritez et votre rapport aux autres en sera à jamais changé, pour le meilleur !