Le chaud et le froid du manipulateur, c’est cette alternance de carotte et de bâton, soit de comportements contradictoires dont un pervers narcissique use tout au long de ses relations. C’est un jeu au plus haut point pervers qui consiste à jouer systématiquement avec les sentiments de l’autre pour le faire souffrir. Grâce à lui, l’emprise s’installe et se resserre toujours au bon moment.
Le chaud et le froid du manipulateur : du grand jeu à l’abandon
On rencontre, dans le comportement qui consiste à souffler le chaud et le froid chez le manipulateur, les 2 extrêmes d’un même comportement. Il va un jour aimer, puis rejeter, complimenter, puis dénigrer, soutenir, puis détruire… Il s’agit d’instaurer la relation sur une tension. Elle jouera sans cesse sur le fil de la dépendance affective, de façon à l’amplifier toujours davantage par un jeu d’un va-et-vient continuel. Et le jeu doit continuer jusqu’au point de non-retour, jusqu’à rendre la dépendance insupportable. D’un point de vue stratégique, le chaud et le froid du manipulateur sert tout simplement à rendre sa victime accro, totalement dépendante à sa personne.
C’est dès le début de la relation que la tactique se met en place.
Elle commence au moment de cette fameuse lune de miel qui sert à emmener la victime sur un petit nuage. Cette phase sera la plus grande phase de « chaud » qu’un manipulateur va souffler. Il veut marquer l’esprit de sa proie par une introduction grandiose à une histoire d’amour qu’il veut unique au départ. Pas une fausse note dans l’osmose qu’il ou elle crée alors avec l’autre. Tous ses besoins, tous ses désirs sont satisfaits (affectifs, matériels, sexuels et autres…) Il fait croire qu’il est le bon, celui ou celle que l’on attendait, faisant naître en cela un besoin qu’il va transformer ensuite en manque. Cela sera lors d’une phase de « froid », soit la phase où il reprend tout à coup, tout ce qu’il a donné.
Cette phase arrive souvent par petites touches, avec par exemple, des critiques acerbes qui viennent contredire les compliments dithyrambiques du départ. Pour la victime, c’est la douche froide, un mini traumatisme. Le manipulateur pervers peut se montrer aussi distant, froid et impersonnel, juste après des moments d’effusion, où sa victime éprouve encore un vif besoin de lui. Il peut encore disparaître un certain temps, sans avertir et sans raison. Ses réactions contradictoires auront toujours lieu de façon détachée, énigmatique, sans aucune explication.
Il ne s’excuse jamais de ses absences impromptues ou de ses rendez-vous manqués.
Il laisse planer le mystère sur sa vie, impose des silences radio et des moments de mutisme impénétrables pour faire travailler l’imagination de l’autre. Ce qui se produit bien sûr, la victime se retrouvant plongée dans un désarroi total. Elle souffre d’une frustration affective d’autant plus grande qu’elle a cru à cette parade d’amour. N’y comprenant rien, elle se torture de questions et se met à culpabiliser ; façon pour elle de s’accrocher à cette relation fantôme. Qu’a-t-elle fait de mal ? Pourquoi fuit-il ? Qu’est-ce qui ne va pas en elle ? Autant de questions qui resteront sans réponse.
Car complétement séduite, elle recherche en elle la cause des comportements contradictoires de l’autre, loin de réaliser qu’en réalité, il n’y a pas de cause !
Un pervers narcissique se joue purement et simplement de sa victime et de ses sentiments car il a besoin qu’elle souffre pour lui : cela le flatte, et surtout, cela rehausse son narcissisme.
Quel est le but du jeu ?
Au fil de la relation, le pervers n’aura de cesse d’aviver le manque et de chercher à l’amplifier. Sa tactique est de distribuer ses largesses au compte-goutte. Ne pas en donner trop, pour que le partenaire reste toujours en manque, mais assez quand même pour qu’il garde l’espoir et continue de s’ accrocher. Le phénomène ira crescendo en donnant de moins en moins, pour que la victime s’accroche jusqu’à sombrer dans une dépendance aveugle. Gravitant autour de son bourreau comme un papillon de nuit, elle subira le jeu pervers du yo-yo, tantôt attirée, tantôt repoussée. Le piège de la dépendance se referme sur elle, car elle est aveuglée par le souvenir idyllique du début de la relation que le pervers sait toujours réactiver au bon moment.
Pour cette raison, on retrouve le chaud et le froid du manipulateur quand il entreprend de ramener à lui sa proie.
Ceci se passe très souvent lorsqu’il aura été trop loin dans ses violences et qu’elle menace de le quitter. Il souffle alors un grand coup « de chaud », en devenant soudain un ange, mendiant le pardon, promettant qu’il en recommencera plus, qu’il va changer par amour… Il redevient, pour les besoins de la cause, l’amoureux transi qu’il a su être au départ. Mais cela ne dure bien sûr, que le temps de restaurer son emprise.
Par contre, il souffle le froid quand son emprise a besoin de se renforcer. Soit que sa victime reprenne de la vigueur, soit qu’il sente sur elle une influence extérieure (comme une présence amicale qui commence à se mêler des choses). Il peut alors lui imposer un traumatisme comme une rupture calculée, histoire de lui causer un choc qui lui permettra de resserrer ses griffes.
Le chaud et le froid est un mouvement perpétuel qui laisse la victime sans cesse désemparée et en proie à des hauts et des bas émotionnels épuisants. Si elle souffre d’une faille narcissique profonde, elle peut ne jamais prendre conscience du tango endiablé qu’elle danse avec son manipulateur. Le risque est de tomber dans une dépendance affective complète et de perdre totalement sa personnalité au bénéfice de ce dernier. La victime abdique alors ses valeurs et renie son entourage et tout ce sur quoi reposait son équilibre auparavant.
Pascal Couderc, psychanalyste et psychologue clinicien et son équipe travaillent sur la dépendance affective qui creuse le lit des relations toxiques. Travailler sur les failles affectives qui vous font souffrir permet de ne plus attirer de partenaires malsains et intéressés. Thérapie possible sur Skype.
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