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FAUT-IL LUI DIRE QU’IL EST « MALADE » ?

Difficile de résister à la tentation. Celle de tout lui dire, de déverser sa haine. De lui crier qu’il est malade et que c’est lui le pervers. C’est parfois un cri de désespoir, parfois une tentative de libération, de vengeance ou un énième espoir. Faut-il toutefois lui dire qu’il est “malade” ? Nous allons voir ensemble les racines et les branches de cette parole qui démange, entraîne et enseigne.

Perversion narcissique et déni

Rappelons tout d’abord que la perversion narcissique n’est pas une maladie, mais une structure de personnalité pathologique. Le pervers narcissique est un manipulateur professionnel qui envoûte et assujettit ses victimes. En effet, ce n’est en soit pas une “maladie” au sens commun du terme. C’est une structure psychique qui s’est construite dans son enfance, qui est fondée sur un déni pathologique et immuable.

En réalité, il est structurellement incapable de se voir tel qu’il est. Il est intérieurement vide. Il ne voit l’autre que comme un objet, un tremplin dont il use pour sa jouissance.

Chez le pervers narcissique, tout n’est qu’apparence et manipulation. Son mode de pensée et de fonctionnement est ainsi scellé dans son destin. Comme toute structure de personnélité on ne peut en aucun cas la modifier.

En d’autres termes, les pervers narcissiques sont incapables de voir les choses en face. Ils ne reconnaissent jamais leurs erreurs, sont incapables d’assumer quelconque responsabilité, ils n’en ont d’ailleurs pas envie. Ils pensent d’ailleurs qu’ils sont parfaits, et que les autres sont mauvais.

Les pervers narcissiques sont de plus terrifiés à l’idée d’être révélés au grand jour ! de même que par ailleurs, leurs échafaudages de manipulation et de perversion.

Ce sont pour ces raisons, que les pervers narcissique ne seront jamais en capacité de comprendre une autre réalité que la leur. Ainsi, même si l’envie de lui crier qu’il est malade démange, c’est une issue qui ne lui apporterait rien, à vous non plus. Cela risquerait même de vous mettre dans une position inconfortable. Le pervers manipulateur est de plus incapable de ressentir quelconque sentiment (malgré ce qu’il fait croire). Lui dire qu’il est malade ne pourrait donc ni le blesser, ni lui faire comprendre ce qu’il vous a fait subir. Il est vide. Il serait, tout simplement en colère de voir son emprise sur vous remise en question.

Le pervers narcissique est un coupable qui s’ignore. Et nous allons voir en quoi c’est un véritable danger de le lui faire savoir.

Attention : danger

Vous en avez parlé à votre psy, vous avez vu un reportage, fait un test, discuté avec une amie : c’est un pervers narcissique, vous en êtes sûr(e). Vous ne rêvez que d’une chose lui dire qu’il est “malade”, que c’est un pervers narcissique manipulateur et pathologique. Mais à bien considérer les choses, cet acte ne pourrait-il pas envenimer la situation et se retourner contre vous ?

 Un bourreau en puissance

La guerre est déclarée. Le risque encouru en lui disant qu’il est malade, c’est d’une part de le relancer sur vous. Il risque à tout moment d’exploser de colère. Il pourrait sur-réagir, de manière violente. Physiquement ou psychiquement, il peut agresser sa victime, sans qu’aucune barrière ou limite ne l’en empêche.

Car en effet, ce que le pervers polymorphe redoute le plus c’est d’être démasqué. Il a horreur de perdre, et encore moins au jeu auquel il s’adonne : la manipulation de ses victimes, dont il est le personnage principal, le fondateur, le réalisateur et le monteur.

En effet, le but du pervers narcissique est de conserver son image et son masque de perfection. Ainsi, lui dire qu’il est malade revient à lui dire qu’on a compris, et qu’il a perdu son pouvoir. Le risque d’agression, directe ou indirecte à l’encontre de sa victime est donc d’autant plus fort.

Une personne structurellement perverse se prémunit en projetant ses affects sur autrui. Tant qu’il aura des victimes, il fera souffrir l’autre.

Il est de plus, comme nous l’avons évoqué plus haut, incapable de par sa structure psychique de se remettre en question. Sans cette prise de recul, pas de prise de conscience possible. Les accusations ne seront donc pas reconnues, et cela risque même d’envenimer une situation déjà riche en affects et en tourments, et de durement se retourner contre vous.

Cela revient en quelque sorte à dire à Monsieur parfait, qu’il ne l’est pas.

 Une victime en apparence

Une autre version de l’histoire peut indépendamment et/ou conjointement s’écrire. En effet, les pervers narcissiques, démasqués donc, risquent de nier les choses en bloc. Blessés, ils savent cependant se défendre verbalement. Ils usent de leurs connaissances en sciences humaines et en maniement de la langue française pour se faire passer pour les victimes de l’histoire. Parfois pire même, vous utiliser en usant vos failles, votre gentillesse et votre empathie en vous faisant (re)tomber de plus belle dans le jeu et la spirale nocive de la manipulation et de la destruction.

Les pervers narcissiques savent jouer avec les apparences. Ils ont besoin de leurs victimes pour que leur plateau d’échecs soit au complet, et vont tenter de perpétrer cette approche pathologique.

“C’est toi qui manipules, c’est toi qui m’agresses”. Ce sont des phrases qu’ils sont susceptibles de prononcer, surtout dans le cas où il verrait en leurs victimes un changement de force. Une prise de conscience et de confiance qui met son jeu sous couverture en danger imminent.

En conséquence, dire au pervers narcissique qu’il est structurellement malade, peut lui servir de prétexte pour d’autant plus retourner la situation à son avantage. C’est lui la victime, vous l’avez blessé. Vous êtes la mauvaise personne, celle qui doit se faire soigner.

Il faut donc autant que possible, ne pas lui dire qu’il est “malade”. C’est une perte de temps, une voie sans issue, et un acte qui pourrait vous coûter cher, vous qui avez déjà tant souffert de cette relation d’emprise.

Questions et issue

Enfin, cette envie émergente de vouloir lui dire qu’il est malade est peut-être un bon moment pour se positionner et se questionner sur son sens. Se demander pourquoi. Pourquoi vouloir le lui dire ? Peut-être cette envie naît-elle de l’envie d’évacuer ce qu’il n’a jamais voulu entendre dans une ultime phrase blessante ? Car en effet, c’est une phrase rarement vaine de sens, qui prend forme dans les événements du passé et les sentiments du présent. Peut-être est-ce pour vous un moyen thérapeutique de lui rendre ce qui lui appartient, de le blesser pour ce qu’il vous a fait subir ? L’invitation est là pour se demander pourquoi.

En d’autres termes, c’est compréhensible d’avoir envie d’exposer au pervers narcissique son fonctionnement, tenter de le lui faire comprendre par la langue qu’il manipule si bien, qu’il vous a blessée, meurtrie, détruite et qu’il mérite de souffrir. Qu’il doit même “se faire soigner”. Le mettre devant le fait accompli de sa perversion pathologique, lui qui s’est tant joué de vous, sa victime.

C’est l’opportunité enfin, à travers cette phrase, de remettre les choses à leur juste place. De comprendre que vous n’étiez pas le problème et que vous n’avez plus aucun compte à lui rendre.

Les solutions

Puisqu’il est plus sage de ne pas lui dire qu’il est malade (pour les raisons évoquées plus haut), peut-être pourriez vous trouver des moyens cathartiques de défoulement, voire de vengeance. Ceux qui viendraient réconforter la blessure légitime à la racine de cette envie.

Par exemple, lui écrire une lettre que vous déchirez ou brûlez à la fin de la rédaction, ou encore vous mettre face à sa photo et lui crier ce que vous tend votre cœur.

Il existe aujourd’hui bon nombre d’exercices à réaliser, disponibles en ligne, qui pourraient vous permettre d’exorciser le mal à la racine.

L’aide d’un thérapeute est, bien souvent aussi, un moyen de mettre des mots sur ce qui a manqué et sur la peine toujours bien présente. Entamer un travail thérapeutique ou peut-être même juste pour vous soulager. Pouvoir dire l’insupportable, et vous “venger” dans un cadre professionnel et sécuritaire qui n’implique que vous –  puisque c’est bien de vous dont il s’agit, et plus de lui.

Conclusion

Le fait de dire au pervers narcissique qu’il est malade ne changerait rien chez lui. Le pervers ne changera de toute façon jamais. Il ne peut pas être blessé, il est incapable de ressentir quelconque émotion, malgré ce qu’il fait croire.

Lui dire qu’il est “malade” est donc même un jeu dangereux dont il est bon de se tenir loin.

La seule porte de sortie est en vous, pas en lui : fuyez le pervers narcissique, vous n’êtes plus sa victime, vous êtes l’actrice de votre vie. Laissez vos bagages et prenez la route du chemin de votre nouvelle vie.