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COMBIEN DE TEMPS POUR SE REMETTRE D’UNE RUPTURE AVEC UN PN ?

Il faut beaucoup de courage pour quitter un PN, mais dans cette lutte pour la survie, on laisse souvent des plumes. Le tourment émotionnel dans lequel est plongée la proie d’un manipulateur sentimental atteint son point culminant au moment de la séparation. Une fois celle-ci effective, épuisée par les méfaits de la relation toxique s’étant étalée parfois sur des décennies, la victime ressent une grande douleur et un profond désarroi. C’est alors qu’une question devient obsédante, comme si sa réponse représentait la seule planche de salut :  combien de temps faut-il pour se remettre d’une rupture avec un PN ? Nous vous donnons ici des clés pour mettre cette période à profit afin qu’elle passe au plus vite et au mieux.

Les croyances sur la durée du deuil de la relation malsaine

Sortir de l’emprise déploie une force de volonté et une énergie considérables. Cet élan intervient généralement en tant que dernier sursaut de vie, à l’issue d’un énième abus émotionnel, parfois dérisoire comparé à tout ce qui a été supporté auparavant. Cette ultime lutte pour la survie psychique ou même physique, cumulée à des semaines, des années, voire dedécennies de lavage de cerveau et de soumission laisse la victime déboussolée, épuisée. Un entourage bienveillant peut alors jouer un rôle prépondérant dans sa prise en charge, mais n’est pas psychothérapeute (qui plus est spécialiste de la perversité narcissique) qui veut. Ainsi, dans la volonté de bien faire, il arrive que quelques maladresses ou inexactitudes soient dites par des gens de confiance au sujet du temps que prendra la guérison. Voici les plus courantes.

Croyance N° 1 : “Se remettre d’une rupture prend autant de temps que la relation a duré”

En matière de deuil du couple, il n’y a pas de vérité universelle, seulement des cas particuliers. Prendre cette phrase à la lettre risquerait de décourager la victime à puiser dans ses restes d’énergie pour commencer à se reconstruire si jamais l’union toxique a duré plusieurs années. De même, cela pourrait inquiéter une personne dont la relation aurait duré seulement quelques semaines, mais qui ne se sentirait pas complètement guérie à l’issue de cette équivalence de laps de temps pré et post-séparation.

Toutefois, il est bon de tirer de cette sorte d’adage un certain bon sens. En effet, cela permet au moins d’envisager que le processus puisse s’étaler sur le temps, amenuisant ainsi toute situation d’impatience et la frustration qui l’accompagnerait.

Croyance N° 2 : “Il faut compter un an minimum pour tourner la page d’une relation toxique”

Inutile d’espérer tourner la page d’une relation d’emprise en un claquement de doigts. Le délai d’un an est, somme toute, raisonnable. Mais encore une fois, il n’est pas applicable à toutes les victimes, ni même à tous les couples. Par contre, il peut être judicieux de s’attendre à effectuer un travail sur soi de plusieurs mois et de considérer qu’il s’agira d’une évolution globale, bien que non linéaire. Tout en prenant en compte des hauts et des bas dans le déroulement de sa reconstruction, la victime ira probablement de mieux en mieux au fil des semaines, surtout si elle bénéficie d’un suivi psychologique de qualité. Elle n’ira pas soudainement bien au bout de 365 jours d’attente passive ! Elle progressera continuellement dans sa quête active  d’une vie meilleure, jusqu’à se rendre compte que le souvenir de son bourreau ne la hante plus.

Croyance N° 3 : “Se remettre d’une rupture avec un PN est plus long qu’avec une personne normale”

Toute rupture sentimentale est une épreuve, mais il est vrai que celle avec un manipulateur pervers s’avère plus difficile à surmonter. Cependant, la raison n’est pas liée au personnage machiavélique, mais bien à sa victime elle-même. C’est parce qu’elle présentait un profil de dépendance affective qu’elle a pu être manipulée. Ainsi, on est en droit de se demander si une même personne aurait souffert dans une moindre ou une plus grande mesure en se séparant d’un partenaire sain. Mais la réponse n’est que peu pertinente, car le travail à effectuer est interne. Pour se remettre de sa relation avec un PN, il faut donc soigner sa propre faille narcissique, sans quoi le deuil s’étalera sur une durée indéfinie, sans rapport avec la longévité de la relation ou la moyenne habituellement constatée. L’introspection est donc inévitable si l’on veut écourter au mieux le délai de guérison d’une séparation avec un pervers narcissique.

La réalité sur la durée du processus de guérison d’une relation d’emprise émotionnelle

Comme le disait l’écrivain britannique Graham Greene dans La Puissance et la Gloire (1940), “​​personne ne sait combien de temps peut durer une seconde de souffrance”. Il est vrai que la sensation d’avoir mal est purement subjective, tout comme le rapport de chacun aux temporalités de la douleur et de la souffrance. Ce qui est certain, selon la psychologue Claude Cloës, c’est que la survenue d’une douleur constitue une effraction dans la vie du sujet. Lorsqu’elle s’éternise, on parle de souffrance, contenant une dimension nostalgique du temps perdu ou non encore advenu, c’est-à-dire l’attente de la fin de la souffrance.

Pas de guérison sans l’acceptation de l’affliction

Pour guérir, tout commence par accepter que l’on a été blessé. Accueillir la douleur, lui laisser l’espace et le temps nécessaires pour s’exprimer est une étape cruciale de la reconstruction.  Vouloir mettre un terme au mal dans la hâte et sans vraiment oser l’affronter représente un danger, car la mort pourrait alors apparaître comme la délivrance la plus rapide et radicale. Ainsi, il serait hasardeux de tenter de refouler ce sentiment, aussi pénible soit-il. Autant le voir au contraire comme un moyen d’apprivoiser ses émotions et surtout, de se reconnecter à son intériorité, parfois si troublée par le gaslighting du PN. Et même sans aller jusqu’à un acte extrême, le simple déni constitue une promesse de psychosomatisation plus tard, probablement bien plus fastidieuse à traiter. Ainsi, pour gagner du temps dans la guérison du chagrin d’amour, il faut faire face à sa peine au plus tôt et passer ensuite à son traitement.

Cibler le vrai problème

Pour sortir rapidement du statut de victime, s’armer de courage et prendre ses responsabilités marque le début d’une reprise de contrôle de sa vie. Tout en veillant à ne pas se blâmer inutilement, ce qui serait contre-productif, porter un regard lucide sur l’enchaînement de faits qui a mené à la situation d’emprise se révèlera hautement formateur. Certes, le manipulateur machiavélique est fautif, mais inutile de se concentrer davantage sur lui. Il faut au contraire qu’il sorte des pensées de son ancienne proie si elle veut s’en sortir plus vite. Tout a commencé par la fragilisation de ses limites. Comment faire pour les solidifier suffisamment afin que plus personne ne parvienne à les bafouer ? C’est surtout l’introspection qui la mettra sur la voie de l’harmonie psychique. Ce travail thérapeutique prendra le temps que cela prendra, mais chaque avancée sera suffisamment riche en enseignement pour que la durée du deuil de la relation toxique ne soit plus vraiment le sujet prioritaire.

Savoir combien de temps il faut pour se remettre d’une rupture avec un PN est une question récurrente en consultation au début de la démarche thérapeutique. Si se donner une échéance à moyen ou long terme peut sembler utile en tant que support de motivation, c’est une donnée qui s’avère rapidement peu pertinente. Le travail de découverte de soi est tellement plus satisfaisant qu’il finit par prendre le pas sur la souffrance, jusqu’à l’éteindre complètement, afin que l’expérience de vie avec un pervers narcissique ne soit plus qu’une étape de plus dans un parcours de vie en constante évolution.