Catherine
Vivre sous l’emprise d’un pervers narcissique, c’est une épreuve invisible pour le monde extérieur, mais terriblement pesante pour ceux qui la subissent. Pendant des années, j’ai cru que tout ce que je vivais avec mon mari était ma faute. S’il me rabaissait, me critiquait, ou me faisait sentir que je ne valais rien, c’était sûrement parce que je n’étais pas assez. Pas assez parfaite, pas assez docile, pas assez « tout ». On finit par se convaincre que ce qu’on endure est normal. Et pourtant, ça ne l’est pas.
J’ai découvert, tardivement, les termes pour nommer ce que je vivais : manipulation, emprise, narcissisme. Ça a été un choc, mais aussi une délivrance. Je n’étais pas folle ; ce que je ressentais était bien réel. Depuis que je suis séparée de lui, début 2021, j’espérais pouvoir enfin tourner la page. Mais il continue de faire partie de ma vie, non pas par amour ou par responsabilité, mais pour maintenir son contrôle.
Aujourd’hui encore, le divorce traîne. Il refuse de se présenter aux audiences, me laissant seule face à un processus administratif interminable. À cela s’ajoutent les problèmes liés à la maison : je suis toujours coincée dans ce domicile, où tout me rappelle son emprise. Mes nuits sont hantées par ses menaces, ses manipulations et même des actes qui dépassent l’imaginable : en début d’année, il a essayé de me renverser avec sa voiture, et quelques mois plus tard, un nouvel accident suspect est survenu.
C’est difficile de trouver la force de se battre quand on est isolée. Il m’a éloignée de ma famille, coupée de mes amis, et enfermée dans une solitude qui pèse lourd. Je ne travaille plus, ayant arrêté pour élever nos trois enfants, ce qui rend ma situation encore plus précaire.
Mais malgré tout cela, je suis encore debout. Et même si certains jours sont plus sombres que d’autres, je veux croire qu’il y a une issue. Je partage mon histoire pour que ceux qui vivent des situations similaires sachent qu’ils ne sont pas seuls. Ce n’est pas facile, mais il est possible de reprendre peu à peu sa vie en main. Il suffit de trouver cette étincelle en soi, celle qui refuse de s’éteindre.
Une séparation difficile et un divorce interminable
Se séparer d’un pervers narcissique n’est jamais une simple décision. Ce n’est pas juste dire « c’est fini » et tourner la page. C’est un chemin semé d’embûches, où chaque pas en avant peut entraîner deux pas en arrière. Quand je me suis séparée de mon mari en début 2021, j’ai cru que ce serait le début de ma liberté. Mais très vite, j’ai compris que cette séparation ne mettrait pas fin à son emprise.
Le divorce aurait dû être une formalité, un moyen de couper officiellement les ponts. Pourtant, il en a fait un terrain de jeu pour prolonger son contrôle. Il n’a pas assisté aux audiences, ignorant délibérément les convocations. À chaque absence, c’était comme s’il me rappelait qu’il pouvait encore tout compliquer. Les procédures se sont éternisées, et avec elles, la charge émotionnelle et financière qui me revient.
Ce qui est le plus frustrant, c’est de devoir affronter tout cela seule. Il y a une telle inégalité : lui peut jouer avec le système, retarder les choses, disparaître quand ça l’arrange. Pendant ce temps, je suis celle qui doit répondre aux démarches, porter les responsabilités et gérer les conséquences. Ces obstacles administratifs, ces délais interminables, me donnent parfois l’impression que je n’en verrai jamais la fin.
Et pourtant, j’avance, un pas à la fois. Mon psychologue m’a appris à voir ces démarches comme des étapes vers ma libération, même si elles sont lourdes à traverser. Mais ce n’est pas qu’une question de papier ou de tribunal : c’est une lutte contre cette emprise qu’il continue de maintenir à distance.
Ce divorce, je le veux pour mettre un point final à cette histoire. Pas seulement pour officialiser une séparation, mais pour clamer haut et fort que je mérite de vivre ma vie, sans avoir à regarder constamment par-dessus mon épaule. Chaque report, chaque absence de sa part, est un rappel cruel de son pouvoir, mais aussi une motivation de plus pour ne pas abandonner.
Peu importe combien il complique les choses, peu importe combien cela me coûte, je sais qu’un jour, cette bataille aura une fin. Et ce jour-là, ce ne sera pas juste un papier signé ; ce sera la preuve que j’ai gagné une liberté que je mérite depuis longtemps.
Tentatives d’intimidation et violences
Quand on parle de vivre sous l’emprise d’un pervers narcissique, on pense souvent à des manipulations psychologiques, à des mots qui blessent, à des critiques incessantes. Mais ce que beaucoup ne réalisent pas, c’est que cette emprise peut aller bien au-delà, jusqu’à franchir des limites que l’on n’aurait jamais imaginées. Dans mon cas, cela s’est traduit par des violences physiques déguisées, des incidents qui, encore aujourd’hui, me laissent un profond sentiment d’insécurité.
En début d’année, il a tenté de me renverser avec sa voiture. Je me souviens encore de ce moment : le bruit du moteur, la panique qui monte, la certitude, l’espace d’une seconde, que je n’allais pas m’en sortir. Heureusement, je suis indemne physiquement, mais ce genre d’actes laisse des marques invisibles. Ce n’était pas un accident, j’en suis convaincue. Et pourtant, il a continué comme si de rien n’était, comme s’il n’avait rien à se reprocher.
Quelques mois plus tard, en juin, un autre accident est survenu. Les circonstances restent floues, mais au fond de moi, je ne peux m’empêcher de voir un lien. Ces incidents, qu’ils soient calculés ou non, s’inscrivent dans une dynamique de peur constante. Ils ne sont pas seulement des actes isolés : ils sont un message. Celui qu’il est toujours là, qu’il peut encore contrôler ma vie, qu’il peut me faire du mal quand il le souhaite.
Vivre dans cette peur, c’est épuisant. Chaque fois que je sors, je suis sur mes gardes. Chaque fois que je rentre chez moi, je regarde derrière moi, comme si le danger pouvait surgir à tout moment. Et même chez moi, je ne suis pas tranquille. Comment pourrais-je l’être, quand ces murs ont été le théâtre de tant de violences ?
Ce qui me bouleverse le plus, c’est cette impression d’être seule face à tout ça. Comment expliquer à d’autres que ces « accidents » ne sont pas de simples coïncidences ? Que ce n’est pas dans ma tête, mais bien une réalité ? Il est si doué pour manipuler les apparences que je doute parfois moi-même de ce que je ressens.
Mais au fond, je sais ce qui est vrai. Et cette vérité, c’est que ses actes sont une manière de prolonger son emprise. Même séparée, je reste sous son contrôle, non plus à travers des mots, mais à travers cette peur sourde qu’il a implantée en moi. Ce n’est pas une vie, mais je refuse de le laisser gagner. Un jour, cette peur s’éteindra. Et ce jour-là, il n’aura plus aucun pouvoir sur moi.
Une vie précaire et isolée
Quand j’ai décidé de me consacrer entièrement à mes enfants, j’ai cru faire le bon choix, celui d’une mère qui veut leur offrir une enfance stable et aimante. Mais aujourd’hui, ce choix me revient comme un boomerang. Sans emploi, sans revenu propre, ma situation est devenue précaire. Mon ex-mari, pervers narcissique, a tout orchestré pour que je sois dépendante de lui, même après notre séparation.
Coincée dans le domicile conjugal à cause de problèmes administratifs, je vis chaque jour entourée de souvenirs douloureux. Cette maison, où j’aurais dû me sentir en sécurité, est devenue un symbole de son contrôle. Les murs, les pièces, tout semble imprégné de cette tension permanente, comme si l’ombre de son emprise planait encore. Et pourtant, je n’ai nulle part où aller. Trouver un logement, reprendre ma vie en main, tout cela semble hors de portée pour le moment.
Mais le pire, ce n’est pas seulement la précarité matérielle : c’est l’isolement. Peu à peu, il m’a éloignée de ma famille, de mes amis. Par des mots subtils ou des remarques insidieuses, il a semé le doute, créé des conflits, jusqu’à ce que je me retrouve seule. Au fil des années, il a dressé autour de moi un mur invisible, une barrière qui m’a coupée des autres. Aujourd’hui, je suis enfermée dans cette solitude, sans personne à qui me confier, sans aucun soutien sur lequel m’appuyer.
Je ressens souvent un vide immense, une sorte d’abandon. Comment en suis-je arrivée là ? Comment ai-je pu perdre tous ces liens qui me semblaient si solides ? Mais en même temps, je sais que ce n’est pas entièrement ma faute. Il a tout fait pour me couper des autres, pour que je n’aie que lui, pour que je ne puisse jamais envisager de partir.
Et pourtant, malgré tout, je suis encore debout. J’ai mes enfants, ma seule lumière dans cette obscurité. Pour eux, je dois continuer à avancer, même si chaque jour est un combat. Reprendre le contrôle de ma vie, retrouver mon indépendance, ce n’est pas facile. Mais je veux croire qu’il y a un chemin, même s’il est semé d’obstacles. Ce que je vis aujourd’hui n’est pas une fin : c’est une étape. Et petit à petit, je me reconstruirai.
Trouver la force de survivre
Survivre à l’emprise d’un pervers narcissique demande une force que l’on ne pensait pas avoir. Pendant longtemps, je me suis sentie brisée, épuisée par ses manipulations, ses menaces, et cette emprise psychologique qui semblait ne jamais s’arrêter. Chaque jour était une lutte : contre lui, contre mes propres doutes, et contre l’impression constante que je n’y arriverais jamais.
Mais quelque part au fond de moi, une petite flamme a continué de brûler. Une voix, parfois faible, me disait que je méritais mieux, que je ne pouvais pas laisser cet homme définir ma vie et ma valeur. C’est cette flamme, cette étincelle, qui m’a poussée à chercher de l’aide. Depuis trois ans, je travaille avec un psychologue qui m’accompagne pas à pas. C’est un processus long, souvent difficile, mais il m’a permis de commencer à me reconstruire.
Trouver la force de survivre, c’est aussi accepter que la guérison n’est pas linéaire. Certains jours, je me sens forte, prête à affronter tout ce qui vient. Et puis il y a ces jours où tout s’effondre, où le poids de ce que j’ai vécu semble trop lourd à porter. Ces jours-là, je me rappelle que chaque pas, aussi petit soit-il, est une victoire.
Mes enfants sont ma plus grande motivation. Ils ont besoin de moi, et je veux leur montrer qu’il est possible de se relever, peu importe la profondeur de la chute. C’est pour eux que je continue à avancer, même lorsque la route est semée d’obstacles. Je veux qu’ils sachent qu’ils méritent des relations saines, basées sur le respect et l’amour, et non sur la peur ou le contrôle.
Survivre, c’est aussi apprendre à poser des limites, à dire « non », à ne plus laisser ses mots et ses actes me définir. J’apprends à me recentrer sur mes besoins, mes envies, et à reconstruire une identité qui ne dépend plus de lui. C’est un défi de tous les jours, mais je sais que chaque pas me rapproche d’une vie où je serai enfin libre.
Ce chemin est encore long, et parfois, il semble interminable. Mais je refuse d’abandonner. Chaque moment de résilience, chaque instant où je choisis de me battre, est une preuve que je reprends peu à peu ma vie en main. Et un jour, je sais que cette force, que je croyais perdue, m’aura permis de surmonter l’insurmontable.
Conclusion : Retrouver sa liberté et reconstruire sa vie
Vivre sous l’emprise d’un pervers narcissique est une expérience dévastatrice, qui laisse des cicatrices profondes, visibles et invisibles. Pendant des années, j’ai été enfermée dans une relation toxique où tout semblait être sous son contrôle : mes pensées, mes émotions, et même ma propre identité. Aujourd’hui, bien que la séparation soit entamée, le combat n’est pas terminé. Mais malgré les obstacles, une chose est claire : je refuse de rester une victime.
Ce chemin vers la liberté est loin d’être simple. Chaque jour, je dois affronter des défis : la peur, les manipulations, les souvenirs douloureux. Mais à chaque petit pas en avant, je sens que je me rapproche d’une vie où je peux enfin être moi-même. Je ne suis plus cette personne qui doutait constamment de sa valeur, qui se laissait définir par le regard et les mots d’un autre. Je suis en train de redécouvrir qui je suis, en dehors de son emprise.
Ce que j’ai appris dans cette épreuve, c’est que la reconstruction passe par la patience et l’amour de soi. Il faut du temps pour panser les blessures laissées par une telle relation, pour regagner la confiance perdue et retrouver une stabilité émotionnelle. Mais ce temps est nécessaire, et je sais qu’il en vaut la peine.
À travers ce témoignage, j’espère avoir tendu la main à celles et ceux qui vivent des expériences similaires. Vous n’êtes pas seuls, même si l’isolement peut parfois sembler insurmontable. Parlez, cherchez du soutien, et surtout, ne perdez pas espoir. Chaque effort pour sortir de cette emprise, aussi petit soit-il, est une victoire.
Un jour, je sais que je serai libre. Libre de vivre sans peur, sans manipulation, et sans cette voix dans ma tête qui me faisait croire que je ne méritais rien de mieux. Ce jour-là, je pourrai regarder en arrière, non pas avec regret, mais avec la certitude que je suis plus forte que tout ce qu’il m’a fait endurer. Et si mon histoire peut inspirer d’autres à commencer leur propre chemin vers la liberté, alors cette bataille aura eu un sens.