Accueil » Blog » Témoignages » TÉMOIGNAGE D’ANNE : Survivre à Une Relation Toxique avec un Pervers Narcissique

Anne : Comment j’ai échappé à un pervers narcissique

Je m’appelle Anne, j’ai 45 ans et je suis assistante sociale. J’ai toujours eu l’impression de bien connaître les gens, de pouvoir détecter les comportements abusifs. Je pensais que je saurais reconnaître une relation toxique si je devais en être témoin. Mais ce n’est pas aussi simple. Aujourd’hui, je veux raconter mon histoire pour montrer à quel point il est facile de tomber dans le piège d’un pervers narcissique, même quand on croit être « éduquée ».

Tout a commencé sur un site de rencontres. À l’époque, je cherchais juste à rencontrer quelqu’un, sans attentes particulières. Et puis il est apparu, presque comme un rêve. Grand, charismatique, intelligent… Et ce sourire ! Il avait l’air parfait : passionné par la musique, un excellent guitariste, une voix incroyable. Très vite, il a su me charmer. On a beaucoup discuté, il s’intéressait à tout ce que je disais. J’avais l’impression d’avoir trouvé la personne parfaite, l’homme idéal.

Très rapidement, il m’a présentée à sa famille. Une semaine après notre rencontre, je rencontrais ses parents. Quinze jours plus tard, je faisais connaissance avec ses enfants. Tout allait très vite, peut-être un peu trop vite, mais je me disais que c’était bon signe, qu’il était vraiment investi dans notre relation. Il me donnait l’impression que tout était évident, naturel. Pendant deux ans, nous avons vécu une histoire qui, de l’extérieur, semblait parfaite. Mais il y avait déjà des signes que je ne voulais pas voir.

Les premiers signes de la manipulation

Après ces deux années, il a commencé à parler de vivre ensemble. Je n’étais pas prête. Je tenais à mon indépendance, à garder mon appartement, mon espace. Mais il a insisté, en disant qu’avec nos deux loyers, on pourrait se payer une maison avec piscine, un vrai rêve. Il m’a fait miroiter un futur idéal, et j’ai fini par céder. À ce moment-là, j’étais encore convaincue que c’était un homme formidable, que tout allait bien.

Et puis, à partir de là, tout a changé. Dès la signature chez le notaire, j’ai senti quelque chose de différent. Comme si son visage s’était figé, fermé. Il a commencé à se comporter étrangement. Au début, je pensais que c’était le stress du déménagement, de la nouvelle maison. Mais non, c’était bien plus que ça.

La descente aux enfers

Les disputes ont commencé, souvent pour des broutilles. Il pouvait exploser pour un détail insignifiant, et sa colère était démesurée. Je ne reconnaissais plus l’homme que j’avais connu. Il était imprévisible. Il passait d’un extrême à l’autre, du calme à la tempête, sans aucune raison apparente. Je me sentais complètement perdue. Un jour, il me disait que j’étais la femme de sa vie, et le lendemain, il me hurlait dessus pour un rien.

Ce que je n’avais pas encore compris à ce moment-là, c’est qu’il savait exactement ce qu’il faisait. Chaque fois que je commençais à me sentir bien, à retrouver un peu de joie de vivre, il trouvait un moyen de tout casser. Juste avant un départ en vacances, il faisait tout pour que je sois anxieuse, sur les nerfs. Je me souviens d’une fois, juste avant Noël. J’étais tellement excitée à l’idée de passer les fêtes en famille. Et là, il a commencé une dispute monstrueuse la veille du réveillon. Résultat : j’ai passé la soirée à pleurer, totalement anéantie.

Le cycle infernal

Devant les autres, il jouait un rôle parfait. L’homme charmant, attentionné. Lors des soirées, il sortait sa guitare, chantait, et tout le monde l’admirait. Et moi, j’étais là, à me demander ce qui n’allait pas chez moi. Il me disait sans cesse que je ne l’aimais pas assez, que je ne le soutenais pas comme il le méritait. Selon lui, je préférais mes enfants à lui. Il parvenait à me faire douter de tout, de moi, de mes sentiments.

Je n’en pouvais plus. Trois fois, j’ai pensé à me suicider. C’est horrible de dire ça, mais c’était devenu trop lourd à porter. J’avais l’impression d’être enfermée dans une cage, sans issue. Son moment préféré pour me faire des scènes ? La nuit. Quand je n’avais pas la possibilité de m’échapper, que je ne pouvais pas fuir. Si je tombais malade, il devenait encore plus cruel. Il m’accusait de vouloir attirer l’attention, de me rendre intéressante. J’étais à bout.

La prise de conscience

Un jour, complètement par hasard, je suis tombée sur un article du site pervers-narcissique.com. Tout ce que je lisais correspondait à ce que je vivais. Chaque mot, chaque phrase décrivait exactement ma relation. C’était comme un choc. Je réalisais enfin que ce n’était pas moi le problème. Que je n’étais pas folle. Que j’étais victime de manipulation, d’un véritable enfer mental. J’ai commencé à me documenter, à lire tout ce que je trouvais sur le sujet. C’est là que j’ai compris que je devais partir.

Préparer ma fuite

J’ai alors commencé à mettre de l’argent de côté, à chercher un endroit où je pourrais déménager avec mes enfants. J’ai prévenu mes frères, leur expliquant ce que je vivais. Ils m’ont dit : « Le jour où tu es prête, on t’aide à partir. » Ce jour-là est arrivé. J’ai trouvé une location, et en une journée, nous avons tout déménagé. C’était fini. J’étais partie. Mais lui, il s’en est moqué. Il avait déjà trouvé une autre femme. Pire encore, elle s’appelait aussi Anne. C’était comme un coup de poignard, la preuve que j’étais interchangeable à ses yeux.

Après le départ

Le plus difficile a été la suite. Vous pensez que tout ira mieux une fois que vous êtes partie, mais ce n’est pas le cas. Il me manquait. Pas l’homme qu’il était, mais l’image que je m’étais faite de lui. J’étais comme une droguée en manque. Chaque jour sans lui était une victoire. J’ai dû me battre contre l’envie de le contacter, de retourner vers lui. J’ai consulté une psychologue, écouté des podcasts sur les pervers narcissiques, lu des témoignages d’autres victimes. Tout cela m’a aidée à tenir le coup.

Trois ans plus tard…

Aujourd’hui, cela fait trois ans que je l’ai quitté. Il y a encore des jours où je repense à cette relation, où je me demande comment j’ai pu me laisser entraîner dans une telle spirale. Mais je sais que je suis plus forte maintenant. J’ai retrouvé confiance en moi. Je suis fière d’avoir eu le courage de partir, d’avoir su me reconstruire. Je suis une survivante. Et si mon témoignage peut aider ne serait-ce qu’une personne à ouvrir les yeux, alors ça en vaut la peine.

À celles qui doutent…

Si vous lisez ceci et que vous vous reconnaissez dans mon histoire, sachez que vous n’êtes pas seule. Ces hommes sont des manipulateurs experts, ils vous isolent, vous font douter de vous, et vous détruisent à petit feu. Parlez-en à quelqu’un, demandez de l’aide. Vous méritez d’être heureuse, d’être respectée. Et surtout, souvenez-vous que vous n’êtes pas responsable de leur comportement. Vous avez le droit de partir, de dire non, de vous protéger.

Merci d’avoir pris le temps de me lire. J’espère que mon histoire pourra vous donner la force et le courage de vous libérer.