Aidez-moi à comprendre
Bonjour,
Je suis en couple depuis l’an 2000, et au début, tout semblait parfait. Mon compagnon était prévenant, attentionné et semblait se soucier sincèrement de mon bien-être. Nos premières années ensemble étaient presque un rêve. Il avait cette manière rassurante de m’écouter et de m’entourer de tendresse. J’étais convaincue d’avoir trouvé l’homme idéal. À cette époque, il se montrait particulièrement attentif et généreux, et chaque instant passé ensemble renforçait mon amour et ma confiance en lui.
Ce sentiment d’avoir enfin trouvé un équilibre m’a longtemps confortée dans l’idée que notre relation serait solide et harmonieuse. Nous avons eu un premier enfant, et tout semblait se dérouler naturellement. Pourtant, quelques signes, discrets mais déjà troublants, apparaissaient de temps en temps. À l’époque, je pensais que c’était juste le stress de la vie quotidienne, ou des maladresses qu’on pouvait aisément dépasser. Jamais je n’aurais imaginé que ces signes préfiguraient quelque chose de bien plus profond et inquiétant.
En 2015, alors que j’étais enceinte de notre deuxième enfant, tout a soudainement basculé. J’ai commencé à voir en lui une autre personne, quelqu’un de méprisant, critique, et souvent cruel. Il avait des comportements blessants, parfois même violents verbalement, que je ne comprenais pas. C’était comme si quelque chose en lui s’était brusquement cassé. Ses attentions se sont transformées en remarques acides, en réflexions blessantes sur ma personnalité, mes compétences, et ma valeur en tant que femme. C’était comme un choc pour moi, car cet homme que j’aimais tant ne semblait plus exister. J’étais désemparée, mais j’espérais encore qu’il traversait une mauvaise phase et que tout redeviendrait normal.
Pendant cette période, je traversais moi-même des difficultés personnelles. J’essayais de trouver un emploi, ce qui n’était pas simple, surtout avec un enfant à charge et un autre en route. Mon compagnon ne me soutenait pas dans cette démarche. Au contraire, il me rabaissait, me faisant sentir que j’étais inutile, que je ne faisais rien pour notre famille. C’était des remarques humiliantes, insidieuses, qui ont fini par miner toute confiance que je pouvais avoir en moi. J’avais l’impression de devenir un poids pour lui, une source de déception constante.
Puis, en 2018, j’ai regardé une émission qui parlait des pervers narcissiques. Je me souviens encore du choc que j’ai ressenti. Tous les comportements décrits correspondaient exactement à ce que je vivais. Pour la première fois, je mettais des mots sur cette violence psychologique sournoise. Pourtant, même en voyant les ressemblances, j’avais du mal à accepter l’idée que l’homme avec qui je vivais depuis tant d’années puisse être un manipulateur. Je me raccrochais à l’espoir que tout cela n’était qu’une phase, que la situation finirait par s’arranger, que cet homme que j’aimais n’était pas le monstre que je commençais à entrevoir.
Mais chaque jour, la réalité m’a rappelée à l’ordre. Aujourd’hui, je me retrouve perdue dans un cycle de questionnements et d’incompréhension. Ses paroles blessantes, ses gestes d’indifférence, tout cela tourne en boucle dans ma tête. Je me demande sans cesse pourquoi il agit de cette façon, pourquoi il dit des choses aussi cruelles. J’essaie de trouver une logique à ses comportements, une raison qui m’aiderait à comprendre, mais je n’y parviens pas. Cette quête de sens m’épuise, mentalement et physiquement. Je passe de longues heures sans sommeil, ressassant ses mots et ses actes. Mon esprit ne trouve aucun repos, et cette obsession finit par me ronger de l’intérieur.
Dans un dernier espoir de sauver notre couple, nous avons consulté une thérapeute. Mon compagnon affirmait que j’avais des problèmes de relation avec notre fils aîné, aujourd’hui âgé de 9 ans. Il me reprochait d’être trop stricte avec lui, de crier, de le punir, et parfois de lui donner une tape quand il levait la main sur sa petite sœur de 3 ans. La thérapeute m’a fait réaliser quelque chose qui m’a bouleversée : notre fils agissait ainsi pour attirer mon attention, pour me pousser à réagir face à l’attitude de son père. C’était un choc, une douleur immense. Prendre conscience que mon fils souffrait à cause de cette situation m’a donné un sentiment d’échec et de culpabilité profond. À partir de ce moment, j’ai su qu’il était crucial de comprendre la nature de ma relation, car elle avait des répercussions bien plus larges que je ne l’imaginais.
Voici quelques moments marquants qui illustrent la souffrance que je vis quotidiennement :
- L’humiliation et le contrôle financier
Lors de l’une de nos séances chez la thérapeute, j’ai évoqué ses habitudes de jeu et ses dépenses excessives. Il avait développé une addiction qui mettait en péril nos finances. De retour à la maison, il m’a dit froidement : « Puisque tu as osé parler de ça, tu vas me rendre l’argent de la CAF. » Cette somme, destinée aux enfants, était devenue pour lui un moyen de pression. J’ai essayé de lui rappeler qu’il m’avait lui-même demandé de garder cet argent pour subvenir aux besoins des enfants, mais il m’a coupée en disant qu’il avait le droit de changer d’avis. Cet échange m’a fait réaliser à quel point il se servait de notre dépendance financière pour asseoir son emprise. Ce n’était pas seulement de l’argent, mais une forme de contrôle qu’il exerçait sur moi et sur la manière dont je pouvais, ou non, répondre aux besoins de nos enfants.
- La sécurité des enfants mise de côté
Un soir, alors que nous étions chez ma mère, il a décidé de partir sans nous attendre. J’étais encore en train de discuter avec elle et de rassembler les affaires des enfants. En nous laissant ainsi derrière, il a provoqué une panique chez notre fils, qui s’est mis à courir dans le noir pour le rattraper. Quand j’ai enfin rejoint la voiture, mon fils était en pleurs, terrifié à l’idée d’avoir été abandonné. Quand j’ai confronté mon compagnon à ce sujet, il s’est emporté et a accéléré en voiture, sous les cris apeurés des enfants. C’est un souvenir douloureux, mais aussi révélateur de son indifférence envers la sécurité et les émotions de ses propres enfants. Ce moment m’a marquée, car il a montré l’étendue de son insensibilité.
- Humiliations physiques et verbales
Un autre incident douloureux s’est déroulé dans la salle de bain. Un jour, alors que je me regardais dans le miroir, je lui ai confié que je voulais faire un peu de sport pour retrouver confiance en moi. Plutôt que de me soutenir, il m’a lancé des remarques blessantes, critiquant mon corps, insinuant que mes efforts seraient vains. J’étais si blessée que je me suis mise à pleurer. Sa réponse a été encore plus cruelle : il m’a regardée avec un sourire froid et a dit : « Je croyais que tu étais forte, mais tu es faible en fait. » Ce mépris qu’il affichait m’a brisée. C’est comme s’il prenait un plaisir malsain à me voir souffrir, à me rabaisser, à me rappeler que je n’étais rien sans lui.
- Mensonges et manipulations
Les mensonges font également partie de son quotidien. Quand je le confronte, il retourne systématiquement la situation contre moi. Il me reproche de chercher les problèmes, de tout exagérer, de créer des tensions là où il n’y en a pas. Même lorsque je le prends en flagrant délit de mensonge, il nie, se tait ou me crie dessus pour me faire culpabiliser. Il insiste souvent sur le fait que c’est grâce à lui que nous avons pu acheter notre maison, que sans lui, je serais incapable de subvenir à nos besoins. C’est comme s’il voulait constamment me rappeler ma dépendance, pour me garder sous son emprise. Parfois, il se contente de nier, même quand les preuves sont évidentes, me plongeant dans une confusion qui me pousse à douter de ma propre perception.
- Absence d’empathie lors des moments de deuil
La perte de proches a également révélé une insensibilité glaçante chez lui. Lors de l’enterrement de ma tante, il m’a forcée à avoir des rapports intimes, sans aucun égard pour la douleur que je ressentais. C’était comme s’il n’avait aucun respect pour mes émotions, comme si mon chagrin n’avait pas de valeur à ses yeux. Plus tard, lors de l’enterrement de mon père, il m’a demandé pourquoi j’étais triste, comme si la notion de deuil lui était totalement étrangère. Ces réactions me laissent encore aujourd’hui dans un profond désarroi, car elles montrent qu’il est incapable de comprendre, ou même de respecter, les émotions humaines.
- Isolement social et jalousie
Au fil des années, il a cherché à m’isoler, m’interdisant de sortir avec mes amies, sous prétexte que des « hommes dangereux » pourraient en profiter pour me draguer. Pourtant, lui-même ne se prive pas de sortir régulièrement, sans aucune restriction. Il aime à me rappeler qu’il ne boit pas, ne fume pas, ne me frappe pas et ne me trompe pas, comme si cela effaçait tout le reste. Mais la violence qu’il exerce est bien plus insidieuse. Elle se manifeste dans son contrôle constant, dans ses remarques dévalorisantes, dans cette manière qu’il a de me faire sentir que je ne suis rien sans lui. Et lorsque je pleure, il reste de marbre, me regardant avec indifférence. Ces moments où je me retrouve seule, pleurant à côté de lui sans aucun soutien, sont parmi les plus dévastateurs.
Aujourd’hui, je suis à bout de forces. Depuis qu’il m’a bousculée un jour, mes crises de spasmophilie se sont multipliées. J’ai développé une véritable phobie des conflits, au point de ne plus pouvoir exprimer mes ressentis. Les crises d’angoisse sont devenues mon quotidien, et je me sens prisonnière de cette relation, incapable de trouver une issue.
Ma famille, quant à elle, ne voit que le masque qu’il porte en public : celui de l’homme charmant, respectueux, le compagnon idéal. Mais entre nos quatre murs, il est quelqu’un d’autre, un homme qui me détruit chaque jour un peu plus. J’ai souvent l’impression de perdre pied, de ne plus savoir où se trouve la vérité.
Est-ce lui qui est fou ou est-ce moi ? Je ne sais plus. Je vis dans une confusion permanente, éreintée par des années de manipulation. Raconter mon histoire est pour moi une tentative de comprendre, de trouver une réponse à cette douleur silencieuse qui me ronge. J’espère que ces mots m’aideront à trouver une lueur d’espoir, une issue à cet enfer quotidien.
Merci de m’avoir lue.