Que vous veut le pervers narcissique ?
“ À qui veut fortement une chose, nul obstacle n’est difficile.” (Recueil d’apophtegmes et axiomes, 1855). Cette phrase seule pourrait résumer le comportement étroitement pensé résultant des agissements du pervers narcissique sur sa victime.
Il agit sournoisement. Dans l’ombre du monde et à la lumière de votre propre personne et de votre intimité la plus profonde. Manipulateur et séducteur, ses plans sont échafaudés, minutieux et bien construits. Il vous séduit, vous manipule et vous détruit à petit feu, mais une question persiste : Pourquoi s’intéresse-t-il à vous ? que vous veut-il vraiment ?
Sommaire
Vous
Incroyable mais vrai… le pervers narcissique vous veut… vous. Surprenant ? Vous l’auriez deviné ! Seulement que vous veut-il ?
La structure perverse, constitutive de l’architecture psychique d’un pervers narcissique et donc de son fonctionnement conscient et inconscient, est basée sur une relation biaisée où l’altérité n’existe pas. L’autre, vous en l’occurrence, n’êtes pas considéré comme tel, mais comme un objet.
Ne vous y méprenez pas, cette vision des choses et du monde n’a absolument rien à voir avec vous. C’est le résultat de sa vision pathologique du monde. Comme un plombier dans sa caisse à outil, le pervers narcissique choisit sa proie dans le panel des relations qui s’offrent à lui.
Or rappelons nous notre quotidien, d’autant plus, bien consumériste. Qui dit objet, dit jetable, modelable, arrangeable et détournable.. Et ce dans le seul et unique but d’être utilisé à une fin précise (qui est ici dans ce cas défini, propre à chaque pervers mais avec une constante : son unique satisfaction).
Un outil bien précieux
On ne le dira jamais suffisamment. Vous n’y êtes pour rien dans cette “objectisation” de votre personne de sa part. C’est la structure perverse du narcissique qui fonctionne ainsi depuis son enfance. Cela n’est en aucun cas modifiable ou soignable, insistons bien la dessus : l’autre n’existe pas en tant qu’autre !
C’est une dure vérité parfois difficile à concevoir mais qu’il faut bien saisir. Il est ainsi formé, et rien que vous ne puissiez faire ne pourrait “l’aider”, le soigner, ou le faire changer.
Le pervers vous veut en tant qu’objet qu’il peut manipuler et dont il peut tirer profit pour ses propres besoins. Comme un panier que l’on remplit devant une étale au marché : les fraises sont rouges vives, les poireaux doux et réconfortants, les tomates fraîches et acidulées.
A une (très grosse) différence près. Nous ne sommes pas au marché, et vous n’êtes pas un aliment dont on peut user à son bon vouloir !
Vous êtes un être humain, avec des ressources et des failles, et c’est là que s’engage le pervers narcissique. Dans ce que vous êtes, pour ce que vous êtes. Il cherche en vous ce qu’il n’a pas pour combler un vide dont il ne connaît même pas l’existence. C’est une machine sans bouton d’arrêt, à laquelle vous ne pourrez rien faire sinon changer de rail pour ne pas sombrer vous aussi.
Dracula ou le vampirisme émotionnel
Ce n’est un secret pour personne, le pervers narcissique est un séducteur et un manipulateur averti. Il vous séduit d’abord par son apparence d’être parfait toujours soigné et très cultivé, élu de votre cœur, et d’homme parfait à l’écoute et très attentionné.
Passée cette lune de miel, il parvient à vous manipuler progressivement et insidieusement jusqu’à vous contrôler presque totalement dans une relation de dépendance des plus totale. Vous êtes alors isolé(e) et doutez de tout, y compris de vous-même et de votre existence. Mais alors, que vous veut-il et pourquoi vous fait-il subir cela ?
Le pervers narcissique vous manipule et vous accapare, vous isolant parfois de votre vie sociale et de vous même, dans l’unique but de se nourrir de vos émotions et de vous détruire. (on parle souvent vulgairement de vampirisme émotionnel).
Bien loin de l’histoire du comte Dracula qui se repaît du sang des vivants et les transforme à leur tour en créature démoniaque, la comparaison peut toutefois se faire aisément dans une moindre mesure toutefois : le pervers narcissique se nourrit de l’énergie de ses victimes, choisies avec beaucoup d’attention pour leurs forces et leur luminosité, leur amour et leur joie de vivre, afin de leur aspirer ce qu’elles ont de plus beau en elles et de les assécher, les laissant alors dans un chaos émotionnel des plus total.
Le pervers narcissique vous accapare donc, se désaltérant de votre sève émotionnelle : la joie, l’amour, la bonté, l’empathie… pour ne plus vous laisser aucune force, à peine de quoi vous relever de cette relation d’emprise mortifère.
Vous voyez donc à présent qu’il répond à une logique éclatée et dysfonctionnelle, et que ce qu’il cherche en vous, c’est vous utiliser à ses fins qui lui sont propres (et pathologiques..).
Projection : je suis donc tu es
Dans sa toxicité et son ambivalence, le pervers narcissique n’est jamais à court de ressources, vous l’aurez bien perçu.
Il utilise ce que l’on appelle la projection. Comme un projecteur diffuse son film sur une toile, le pervers narcissique projette en vous et sur vous le film qu’il se crée dans sa propre réalité.
Le pervers narcissique se sert de vous comme d’une toile ou d’un tiroir, dans et sur lequel il peut projeter les parts de lui-même qu’il ne supporte pas afin de rejeter la faute sur vous, et qu’il ne soit donc pas en tord d’aucune manière qu’il soit.
La structure psychique même du pervers narcissique est basée sur le déni. Du fait de ce déni pathologique, il choisit d’inverser les rôles et de projeter en l’autre sa peur, son mépris. Ainsi quand il dit “tu es”, entendez “je suis”.
Vous voyez donc ainsi qu’il répond à une logique éclatée et dysfonctionnelle, et qu’étant incapable de s’en rendre compte de par son déni, lié au clivage pathologique de son psychique, le pervers narcissique rend sa victime défaillante…de ses propres failles à lui, comme un projecteur au cinéma.
Il est monsieur parfait et doit le rester, qu’importe les stratagèmes qu’il doit utiliser.
Détruire pour mieux régner
Le pervers narcissique par ses projections, ses paroles et ses actes, vous détruit à petit feu. Vous, vos croyances et votre estime.
En agissant ainsi et en vous rendant “inférieur” à lui, il inverse les rôles (en projetant dans la réalité sous forme de miroir sa propre réalité psychique, comme nous l’avons vu précédemment).
Pourquoi vous faire subir cette épreuve immorale ?
Détruire votre estime et vos repères, c’est modifier artificiellement le classement de la réussite dans sa réalité et réduire le danger d’être détruit par vous (toujours selon sa vision pathologique et paranoïaque de la vie). Si cela implique de tout détruire sur son passage comme une tornade dans un désert, le pervers narcissique ne se freinera pas : tous les coups sont permis, il n’a pas de limite.
Rendre l’autre inférieur et médiocre, c’est se rendre supérieur et tout puissant. Le voici parfait.. et vous voici blessé(e), vidé(e) de toute estime de vous.
Conclusion
Le pervers narcissique dans son déni le plus total des autres en tant qu’êtres, a une vision de la réalité bien éloignée de la votre. Sa pathologie l’entraîne dans un clivage psychique tel, qu’il vous conçoit comme un objet qu’il peut utiliser, sans limite, à son bon vouloir.
Le pervers vous choisit donc, pour mieux vous utiliser. Il vous choisit alors pour ce que vous êtes : une personne joviale, pleine d’énergie et de ressource, de bonté et d’empathie, d’amour et de connaissances..
Le pervers narcissique ne considère pas, il se nourrit, il utilise, et c’est l’essence même de ce qu’il vous veut : il vous veut vous, en tant qu’objet dans lequel il peut puiser son énergie et sur lequel il peut déverser sa folie et son marasme latent.
Sa pathologie est telle qu’il vous manipule pour mieux vous utiliser, et projeter en vous comme un miroir ce que bon lui semble.
“L’homme, ce n’est pas le contenant mais le contenu de ce qu’est l’essence humaine”, nous dit Mofaddel Abderrahim. Et c’est justement ca, que vous veut le pervers narcissique : vous pour votre essence, pour mieux se nourrir et pouvoir vous détruire..