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Épisode 19 : Comment déceler le PN ?

On peut déceler un PN, dès les premières approches, mais à condition d’être avertie. Il se comporte comme un homme amoureux, d’où la difficulté de déceler l’anormal là où il n’y a que charme et empathie. Souvent, il donne l’impression d’être l’homme idéal. Plutôt beau gosse, il sera au moins très séduisant et semble ne voir que vous. Il n’est pas avare de compliments et quelquefois grandiloquent. Cela mène à penser, au fond de soi, qu’il « en fait un peu trop », comme s’il voulait séduire à tout prix. En fait, le pervers narcissique en rajoute.

Le PN au début d’une relation

À la différence de l’homme simplement amoureux, vous devriez ressentir, au moins par moments fugaces, un certain malaise. C’est comme si quelque chose « clochait ». Cela peut apparaître par touches presque imperceptibles, d’autant plus difficiles à repérer pour vous que vous les refoulez. Vous passez outre, vous les sous-estimez pour ne pas entacher l’idéal qui s’offre à vous.

Or, c’est une erreur. Il faut rester à l’écoute de la petite voix intérieure qui elle, a déjà compris la vraie nature du PN.

Il s’arrange pour créer assez vite une « demande ». Il vous met parfois (au début, par touches légères et sporadiques) dans le manque, par exemple en ne vous rappelant pas. Puis aussitôt, il vous « reprend ». C’est ce va-et-vient de « donner-reprendre » qui installe votre sensation de manque et donc de demande à son égard. Ainsi, vous commencez assez vite à tomber dans une petite dépendance affective dont il saura jouer. Ce type de comportement peut se manifester assez tôt chez le PN, c’est pourquoi nous le situons ici, dans le cadre de la première approche.

Dans une relation déjà installée

Au début, la relation est idyllique et vous pensez avoir trouvé le prince charmant. Tout semble parfait, votre compagnon est attentionné et serviable. Puis les rapports changent, vous avez parfois l’impression d’étouffer, d’être en enfer. Or, c’est ce flagrant contraste entre la situation de départ et celle qui se profile au bout de plusieurs semaines/mois/années qui est symptomatique.

Vous-même ne vous « reconnaissez » plus : vous étiez gaie, pleine de vie, d’entrain, d’optimisme, et maintenant vous êtes dépressive, vous doutez de tout, mais surtout de vous. Vous vous sentez coupable de ne pas « être à la hauteur » : un compagnon PN fait sans cesse des reproches. « Tu ne t’occupes pas assez de moi et des enfants… ». Vous aviez des ami(e) s, vous sortiez.

Aujourd’hui, vous ne voyez plus personne. Vous êtes isolée.

Puis, vous découvrez avec incrédulité chez votre compagnon des traits de caractère que vous ignoriez. Il est devenu menaçant, voire violent. Il tente parfois de vous faire du chantage (« Si tu revois cette copine, je te quitte »). Vous avez découvert qu’il vous mentait sur certains points.

Un PN se comporte aussi différemment à la maison et au-dehors, avec vous et avec les autres. D’ailleurs, lorsque vous leur en parlez, les autres ne voient tout simplement pas où se situe le problème. Ils le trouvent parfait ! Vous avez l’impression d’être coupable, de ne pas réussir à le rendre heureux. En fait, c’est vous qui êtes malheureuse car il manifeste progressivement son insatisfaction, devient irascible et méprisant.

Comment se défaire de l’emprise d’un PN ?

Tout d’abord n’occultez pas ce qui vous gêne :

  • les incongruités que vous percevez au début d’une relation, notamment la convergence d’éléments ou d’une sensation ponctuelle de « violence » qui vous troublent ;
  • la sensation que c’est « trop beau pour être vrai » et que vous ressentez un malaise sans trop pouvoir le définir ;
  • l’impression, dès le départ, qu’il peut mentir, s’il reste vague sur ses expériences professionnelles, se vante, sans donner de preuves tangibles de ce qu’il affirme ;
  • la sensation qu’il essaie de vous faire parler sans se dévoiler lui-même.

Il ne s’agit pas, avec un PN de tomber dans la paranoïa, mais bien de se protéger. Lorsque la relation est déjà installée, parfois depuis des années, il est vraiment difficile de se libérer de son emprise, car il ne lâche pas facilement sa « partenaire ». Sauf s’il ne peut vraiment plus rien en tirer et qu’il a trouvé mieux ailleurs, auquel cas, il la rejette comme une peau vide.

Le philosophe Hegel a bien décrit la relation maître-esclave. La relation qu’établit le PN narcissique avec sa partenaire répond à ce schéma. À un stade avancé, il s’installe une réelle domination de l’un sur l’autre. Il est à noter que, dans ce type d’engrenage, seul l’un des deux pourra sortir de sa condition : la personne qui a vécu en position de victime. Car l’ « esclave » peut s’affranchir. Le maître ne peut, lui, que se mettre à la recherche d’un nouvel esclave. Il n’envisage jamais de renoncer à son titre ! De fait, le PN ne change pas, jamais. Il est dépendant de sa partenaire qui, elle, peut trouver la force d’ouvrir son avenir, de dénouer le lien.

C’est bien de cela dont il s’agit, et jamais le mot « dénouer » n’a revêtu de signification plus adaptée !

Pour sortir de cette emprise, il faut tout d’abord accepter de constater que l’on y est entrée. Il est difficile, c’est certain, de s’avouer que l’on s’est laissé prendre dans des filets si grossiers. Il n’est jamais agréable de voir que l’on a été flouée. La femme qui se trouve dans cette situation hésite souvent à reconnaître ce qui lui arrive. Mais la vie insupportable avec un pervers narcissique l’oblige malgré tout, un jour ou l’autre, à regarder l’amère réalité en face. Elle hésite à faire le constat d’un échec – celui de ce couple qu’elle avait cru pouvoir former – et doit penser à l’ « après ».

Étant donné les réactions généralement vives du PN face à une tentative de « libération », il conviendra de veiller à bien jouer les cartes dont on dispose. Nombre de femmes, plutôt que de fuir directement, tentent de contrecarrer cet homme pervers, notamment en lui renvoyant la balle quand il donne des ordres. En répondant aux questions par des questions, notamment, mais cela s’avère épuisant. Car se monter plus pervers que lui n’est que temps perdu ! Un véritable pervers narcissique à plus d’expérience en la matière, la partie est inégale : n’oublions pas qu’il n’a pas d’affect, donc qu’il ne souffre pas.

À une femme qui vit sous cette emprise et qui ne peut s’en aller, parce qu’elle doit temporiser, notamment en raison de sa situation matérielle et des enfants, quelques conseils peuvent être utiles. De toute évidence, elle doit avoir le courage de détester son compagnon, si elle veut s’en libérer. Elle devra aussi trouver des alliés, du soutien.

À qui demander de l’aide ?

Le pervers narcissique, lorsqu’il a le temps et tout le loisir de « travailler » sa victime, veille presque toujours à l’isoler du reste du monde. Il l’amène plus ou moins progressivement à couper les ponts avec son cercle d’amis, voire avec sa famille. La partenaire en est d’autant plus affaiblie et vulnérable.

Une aide psychologique permettra de trouver la force de rompre le lien. La femme doit avant tout prendre conscience de la violence dont elle est victime et la nommer, évoquer sa souffrance. Ce sera le premier pas vers une déculpabilisation. Aux côtés du pervers narcissique, elle était constamment coupable. Pour reconquérir l’estime d’elle-même, elle doit « savoir » qu’elle ne l’est pas. Son sens critique retrouvé lui sera d’une grande utilité, tout comme renouer avec ses proches, ceux et celles qu’on a tenté de rayer de sa vie.  L’idéal étant de mettre une distance physique, géographique mais surtout affective et psychique, entre elle et le manipulateur.

Quel psychothérapeute choisir ?

L’approche la plus recommandée, lorsqu’on affronte ce genre de situation, est celle d’une psychothérapie d’inspiration psychanalytique. Rappelons que le psychanalyste est souvent un psychologue clinicien de formation. Il convient de s’assurer qu’il est bien diplômé, enregistré auprès des autorités sanitaires.
Pour cela, il faut commencer par vérifier son numéro ADELI.
Ensuite, il faut prendre certaines garanties quant à l’expérience du thérapeute par rapport à la question de la perversion narcissique. Il est tout à fait légitime de l’interroger sur sa pratique, comme sur sa formation.

Certains analystes communiquent leur adresse mail, d’autres s’y refusent : ces deux positions se respectent. Il est bien évident que lorsqu’un ou une patiente victime d’un pervers narcissique adresse un courriel à son thérapeute, il n’est pas question d’entretenir une correspondance. Car une thérapie analytique est avant tout une thérapie par la parole, qui se passe en cabinet.

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