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Mobbing et pervers narcissique : le harcèlement en meute au travail

Mobbing et PN forment une paire qui détonne, en particulier dans le monde professionnel. Également appelé harcèlement moral en meute ou psychoterreur collective au travail, ce phénomène est destructeur pour la victime qui subit cet acharnement machiavélique orchestré par des personnalités manipulatrices. Ce type d’abus psychologique en milieu professionnel se traduit par des persécutions répétées contre une personne ou un groupe restreint minoritaire face au clan agresseur. Il s’agit d’un processus insidieux qui s’installe progressivement et peut prendre différentes formes : humiliation, dévalorisation, placardisation, etc. À la différence d’un conflit isolé entre travailleurs, le mobbing crée un climat d’activité professionnelle délétère de façon durable et aux conséquences les plus graves. Analysons les situations de harcèlement de groupe au travail pour en déterminer tous les contours, même les plus acceptés par notre société toxique.

Qu’est-ce que le mobbing ?

Le concept de mobbing vient de mob (“foule” en anglais) et trouve ses origines dans les travaux de l’éthologue Konrad Lorenz réalisés dans les années 1960. Il l’a utilisé pour décrire le comportement d’animaux attaquant en groupe un autre animal perçu comme une menace. Cet houspillage, pour reprendre un vocable moins usité, mais plus français, vise à finir par avoir l’adversaire à l’usure grâce à un regroupement de masse. En d’autres termes, c’est l’union qui fait la force. C’est le psychologue suédois Heinz Leymann qui, une vingtaine d’années plus tard, en a fait une théorie pour transposer le phénomène au milieu professionnel. Le mobbing devient une forme de stratégie d’intimidation collective où plusieurs individus se liguent contre une cible pour la persécuter jusqu’à la neutraliser.

Ce harcèlement moral en meute sur le lieu de travail désigne une série d’attaques psychologiques répétées visant à humilier, dévaloriser et isoler une personne au sein d’une équipe. À la tête de ce genre d’initiative manipulatoire, on retrouve bien souvent un patron ou un manager pervers narcissique. Un climat de travail néfaste s’installe dans lequel les victimes de mobbing subissent une pression constante qui provoque un profond sentiment d’aliénation dans leur contexte d’exercice professionnel. Elles se voient privées de tout soutien et encerclées de l’hostilité massive de leurs collègues.

Comment se manifeste le mobbing chez la victime ?

Souvent bien avant leur prise de conscience, les victimes de mobbing se trouvent aux prises avec des symptômes physiques, psychologiques et comportementaux qui s’aggravent au fil du temps. La maltraitance émotionnelle engendre un fort sentiment de solitude, d’incompréhension et de dévalorisation qui entrainent un profond mal-être général. Il est aussi susceptible de contaminer différentes sphères de la vie, bien au-delà du cercle professionnel. Ces manifestations psychosomatiques peuvent prendre plusieurs formes, telles que :

  • des troubles du sommeil, de l’humeur, de l’appareil digestif, du système immunitaire ;
  • des douleurs musculo-squelettiques ;
  • des maux de tête ;
  • un désengagement au travail ou dans les relations sociales ;
  • une perte d’intérêt pour ce qui paraissait attrayant auparavant ;
  • un sentiment de non-sens ;

Identifier ces signes est crucial pour se protéger du mobbing, car malheureusement cela s’inscrit aussi dans une forme de résistance silencieuse de la victime qui ne fait qu’aggraver le problème. Les premiers signes de mobbing peuvent être suffisamment subtils pour que la personne visée doute avant tout d’elle-même. Les critiques récurrentes et le dénigrement constant conduisent à une perte de confiance en soi et à une diminution de l’estime de soi. À force d’effractions psychiques, le harcèlement moral entraîne ce qui ressemble à une paralysie mentale qui entrave la capacité à prendre des décisions ou à réagir face à la violence psychologique. Cet engrenage représente un facteur de risque psychosocial majeur qui use les ressources adaptatives pouvant aller jusqu’au burnout. En effet, dans une tentative de prouver sa valeur, la victime peut surinvestir ses tâches, renforçant sans le savoir le cercle vicieux. Les pervers narcissiques et autres harceleurs ne manquent pas, dans ce cas de figure, de continuer d’exercer leur pression délétère. De même, les attitudes de repli sur soi et d’impuissance apprise enveniment les choses en conférant un pouvoir encore plus grand aux agresseurs.

Le mobbing altère profondément la santé mentale de ceux qui en font les frais, allant parfois  jusqu’au suicide des salariés. Avant que la situation empire, il faut oser demander de l’aide au service médical de l’entreprise ou bien à son médecin traitant. Par-dessus tout, il vaut mieux entamer un suivi psychologique pour ne pas se laisser à nouveau aspirer dans ce genre de spirale destructrice.

Quelles sont les différences et les similitudes entre la manipulation perverse au travail et le mobbing ?

Le mobbing et la manipulation perverse au travail partagent plusieurs similitudes, mais ils divergent sur certains aspects importants. Tous deux sont des formes de harcèlement moral ayant des conséquences psychologiques néfastes pour les victimes, mais leur mécanisme et leur dynamique diffèrent sur certains points.

Similitudes entre intimidation collective et manipulation sentimentale

Tant dans le mobbing que dans la manipulation perverse, le harceleur principal cherche à se rallier des complices afin d’humilier, discréditer et dévaloriser sa cible. Les relations toxiques peuvent être présentes à tous les niveaux hiérarchiques, créant un environnement de maltraitance psychologique dans laquelle la victime est isolée et constamment rabaissée.

Dans les deux cas, la dynamique de groupe fonctionne comme un étau qui se resserre autour d’une personne ou d’un petit groupe. Les victimes sont influencées pour participer elles-mêmes au piège, car en détruisant leur confiance en elle et en les faisant douter de leurs compétences, elles sont poussées à la faute et à l’auto-inhibition, ce qui les empêche d’appeler au secours. Évidemment, le trait commun aux deux types de démarches est le sadisme, avec son cruel manque d’empathie.

Différences

On peut participer, voire mener une opération de mobbing sans être MPN. Cela peut servir divers motifs comme la jalousie, la volonté de nuire, ou le désir d’asseoir sa domination au sein de l’équipe. Bien entendu, cela relève d’un énorme manque d’humanité, mais malgré ce caractère peu louable, la composante perverse n’est pas forcément présente. En effet, un vrai profil au trouble de la personnalité narcissique n’a pas spécialement à s’embarrasser de compères pour commettre son forfait. Certes, il se délecte de faire danser ses marionnettes, mais par contre, il aime surtout admirer son œuvre destructrice depuis les premières loges. De même, l’excitation de mener sa sale besogne au nez et à la barbe de tout le monde lui procure une grande jouissance. La relation plus directe de contrôle coercitif par manipulation sentimentale lui plaît davantage que le fait de se regrouper pour faire ouvertement du mal à quelqu’un. Ça l’oblige à tomber son masque social qu’il met tant d’énergie à rendre au-dessus de tout soupçon.

En résumé, le véritable vampire émotionnel pathologique pourra tout à fait orchestrer un mobbing, mais ce n’est pas assez fin pour le satisfaire pleinement. La victime de ce rassemblement d’intimidation au travail est rarement sa proie principale. Elle peut par contre représenter un élément gênant sur le chemin de ses sombres ambitions. Par exemple, si elle constitue un soutien social précieux pour la personne véritablement sous domination perverse du travailleur manipulateur, ce sera un bon moyen de l’affaiblir. C’est aussi une autre différence entre les deux comportements toxiques : le mobbing vise à chasser la victime, tandis que la perversion narcissique veut la maintenir sous emprise le plus longtemps possible.

Mobbing et PN font du harcèlement au travail un mode de fonctionnement sournois. Il prend la forme de tensions interpersonnelles pour finir par mener les victimes à une immense détresse psychologique. À force de critiques injustifiées, de discrimination, de pressions dans l’activité professionnelle, la cible de cette psychoterreur de groupe s’épuise et cumule des symptômes de souffrance au travail affectant jusqu’à sa vie personnelle, familiale et sociale. Toutefois, tous les PN ne pratiquent pas l’intimidation collective et tous les initiateurs d’acharnement en meute ne sont pas des pervers narcissiques. La seule recommandation pour s’en protéger est donc de comprendre les mécanismes du mobbing pour reconnaître les signes avant-coureurs, afin de combattre ce fléau en entreprise, mais aussi en milieu académique et sportif. 

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