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FRUSTRATION DU PN | La torture ultime pour un narcissique pathologique

Avez-vous déjà observé les manifestations de la frustration du PN ?

Aussi impressionnantes et inquiétantes puissent-elles paraître, avec un peu de recul, on s’aperçoit vite qu’elles sont surtout disproportionnées et, autant se l’avouer pleinement, bien souvent ridicules.

Si, lors d’un accès de rage du vampire émotionnel, vous avez eu l’impression d’être face à un enfant de 3 ans en plein caprice, vous n’êtes pas si loin de la vérité sur ce qui se joue effectivement dans le cerveau malade du manipulateur pervers.

Explications sur une immaturité tonitruante, mais malheureusement assez dangereuse.

Qu’est-ce que la frustration ?

Nous avons tous une vague idée de ce que représente ce concept, mais avant de nous intéresser en particulier à la frustration du PN, explorons d’abord différentes approches ayant tenté de cerner ce phénomène par lequel tout le monde passe.

La non-satisfaction des désirs, entre subjectivité et lien social

Dans le champ psychologique, les différents courants de pensée qui se sont intéressés à la frustration l’inscrivent tous dans une logique développementale.

Pour faire simple, la psychanalyse freudienne considère que lorsqu’elle n’est pas gérée, elle est à l’origine des névroses. La figure emblématique de la “cause des enfants”, Françoise Dolto, voyait en l’apprentissage du “non” une conquête d’autonomie.

Puis, Mai 68, avec ses revendications en faveur d’une libération des mœurs, a pris la tangente inverse en prônant l’abolition des interdits. Nous sommes donc passés de l’éloge de la frustration en tant que signe vertueux de maîtrise émotionnelle, à un rejet de toute la dimension oppressive dont les anarchistes l’ont affublée.

Aujourd’hui, ils sont accusés d’avoir engendré la génération des enfants rois. La frustration est bel et bien une composante fondatrice de la personnalité qui se trouve au carrefour entre la subjectivité, avec ses pulsions, et le lien social, avec l’intériorisation des normes du groupe d’appartenance. Sans contrôle de nos désirs pulsionnels, pas d’intégration en société.

C’est pour cela que les pervers narcissiques ont tant besoin de se créer un masque social. C’est une solution provisoire à laquelle ils ont recours pour dissimuler leurs méfaits sur leur victime, car leurs actes en huis clos sont irrépressibles. Si leur raisonnement de stratège leur est bien utile à cette fin, à niveau biochimique, par contre, c’est la tempête dans leur corps.

Neurobiologie de la frustration

Au niveau neurologique et biochimique, la frustration peut déclencher plusieurs réponses dans le cerveau et le corps :

  • L’amorçage du système de récompense : la libération de neurotransmetteurs tels que la dopamine peut agir pour stimuler la motivation pour surmonter l’obstacle à la satisfaction du désir.
  • Le déclenchement du stress : cortisol et adrénaline peuvent être sécrétés en surcroît, augmentant le rythme cardiaque et la tension musculaire, par exemple, comme en situation de danger.
  • L’activation du cortex préfrontal : il s’agit de la région du cerveau impliquée dans la prise de décision et la régulation émotionnelle. Sous l’effet de la frustration, elle peut provoquer des erreurs d’interprétation des situations et engager des comportements inadaptés comme la jalousie, par exemple.
  • La perturbation des neurotransmetteurs dans le cerveau : lorsque l’on est fortement frustré de façon répétée, un dérèglement de la sérotonine, entre autres, peut contribuer à l’apparition de symptômes tels que l’anxiété ou la dépression.

Le sentiment de frustration, qu’il soit justifié ou non, peut donc déclencher diverses réponses biochimiques dans le cerveau et le corps.

Celles-ci peuvent altérer notre état émotionnel, mais aussi nos capacités de raisonnement et nos réactions comportementales pour aboutir parfois sur de la violence ou un mal-être durable.

Pour un PN, bien plus que pour n’importe quel individu relativement équilibré, c’est la panique à bord.

Pourquoi le PN est-il intolérant à la frustration ?

Il ne vous a pas échappé qu’aborder la question du rôle de la frustration dans le développement de la personnalité renvoyait obligatoirement à la petite enfance.

Or, c’est la période qui correspond à la formation de la faille narcissique à l’origine de l’esprit machiavélique des pervers narcissiques.

En effet, l’apprentissage de la tolérance à la non-satisfaction de tous nos désirs commence dès les premières années de la vie, et reste fondamental, au moins jusqu’à la traversée de l’adolescence.

On peut considérer qu’il y a 3 grandes étapes de l’entraînement à la frustration :

  • La petite enfance (de 0 à 5 ans) : chez les tout-petits, les parents et les éducateurs jouent le rôle crucial qui les aide à faire face aux frustrations liées à l’attente, à l’incapacité ou à l’interdit. Ils font alors l’expérience du pouvoir de la régulation émotionnelle dans ces situations.
  • La moyenne enfance (de 6 à 12 ans) : avec l’apparition du verbe et du raisonnement, les enfants continuent à développer leurs capacités adaptatives et régulatrices face à des situations frustrantes plus complexes et variées. Ils explorent des stratégies de résolution de problèmes et gèrent de mieux en mieux leurs émotions, encouragés par les figures d’autorité. Ils apprennent aussi à modéliser les comportements adaptatifs qu’ils observent depuis leur naissance chez les autres. D’où l’importance de disposer de figures exemplaires.
  • L’adolescence (de 13 à 18 ans) : La dernière période avant la majorité est marquée par la prépondérance des liens sociaux. C’est à cette occasion que la tolérance à la frustration va globalement se parachever. Les ados doivent être en mesure d’adopter une perspective à long terme sur la résolution de leurs problèmes.

Seulement, dans le façonnage de la structure de personnalité avec trouble du narcissisme, ces périodes ne se déroulent pas de façon “classique”.

Même si l’enfant PN est quasiment impossible à diagnostiquer, on sait que la petite enfance d’un manipulateur sentimental a forcément été dominée par un déséquilibre de sa vie émotionnelle.

Elle a pu être étouffée, exacerbée ou bien, manipulée par une mère PN, par exemple, ou encore un père, un beau-père. De même, il peut aussi y avoir eu de la perversion dans la fratrie.

Ainsi, un tout-petit mal régulé a pu devenir un enfant de 8 ans particulièrement tyrannique, puis un adolescent rebelle.

De ce fait, il a pu amener son entourage à renforcer sa tendance despotique en faisant en sorte que tout le monde se démène pour éviter de le frustrer.

Ainsi, il n’a pas pu forger sa tolérance au “non” par l’habituation.

Ou à l’inverse, un gamin renfermé, devenu un jeune pubère alexithymique a pu mettre en place ces attitudes antisociales pour se tenir à l’écart des situations de frustration, générant la même incapacité à la maîtriser lorsque, inévitablement, elle se présente.

Dans tous les cas, de la même manière que c’est par les affects de la victime que le manipulateur pervers instaure l’emprise, son propre déséquilibre émotionnel le contraint, pour sa part, à être tributaire de son intolérance à la frustration. Mais cela joue-t-il réellement en sa défaveur ?

Caprices et tyrannie : la base de la domination ?

Nous venons d’évoquer que l’enfant dictateur influence les comportements de son entourage. Il intègre très vite que son caractère dominateur incite les autres à redoubler d’efforts pour lui éviter les contrariétés.

Aucun parent n’a envie de se trouver dans un supermarché avec un enfant hurlant et se roulant par terre pour un paquet de bonbons.

Aucun parent n’attendra de voir si la menace d’un suicide de leur ado va être mise à exécution. De fait et pour leur tranquillité d’esprit momentanée, ils renoncent et se plient aux volontés de leur progéniture.

À cette occasion, le PN en devenir apprend non seulement qu’il est le centre du monde, mais en plus, qu’il lui suffit de faire peur pour parvenir à ses fins.

Au lieu d’évoluer, comme tout le monde, vers la tolérance à la frustration, il déplace son incapacité à y faire face sur les autres, pour qu’ils la gèrent à sa place.

C’est une preuve d’immaturité absolue et curieusement, c’est peut-être la seule occasion d’avoir affaire à une forme d’authenticité et de vulnérabilité chez un vampire émotionnel.

La frustration du PN agit comme un véritable tsunami émotionnel en lui. Incapable de la maîtriser, il donne donc la responsabilité à son entourage de la gérer pour lui.

Ainsi, tous s’affairent à empêcher qu’il s’emporte en cas de non-satisfaction de ses désirs et, sans en avoir réellement conscience, se rendent esclaves d’un être capricieux et immature.

Sachant cela, il ne faut surtout pas tomber dans l’écueil d’utiliser cette faiblesse contre lui en le provoquant. La meilleure arme anti-PN n’est pas d’appuyer sur son intolérance au “non”. Il suffit surtout de ne plus la prendre en charge à sa place.