Lola
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Séducteur et courtois en apparence : le pervers narcissique ou le vautour à la recherche de sa proie
Le témoignage de Marie publié sur votre site fait terriblement et cruellement écho à ma situation. Que de similitudes si frappantes et en même temps si effroyables. J’ai malheureusement vécu, sans vouloir m’en apercevoir, par amour, des agissements parfois idoines d’un homme faisant froid dans le dos. Je ne voulais pas m’en convaincre au motif que je suis battante et persévérante, et que j’avais à cœur de lui donner le plus bel amour, persuadée que le temps conforterait son amour pour moi. Au contraire, j’ai tout perdu dont la dépossession de mon amour propre et de la femme que j’étais.
Aussi, avant de poursuivre dans la description de mon témoignage, face aux conséquences désastreuses et traumatisantes engendrées par les agissements du pervers narcissique (PN), je crois important de libérer sa parole pour tenter de se départir de la honte ressentie, du chagrin éprouvé et de l’asservissement crée et maintenu par le PN, mais surtout montrer qu’une telle rencontre est une éprouvante réalité. Cette dépendance affective est si présente en soi qu’elle nous ronge de l’intérieur jusqu’à nous en rendre malade (j’ai perdu près de 12 kg alors que j’étais déjà mince, et ne parviens toujours pas à m’alimenter correctement) et nous ôter notre joie de vivre.
Depuis quelques semaines, c’est une longue traversée du désert mise en place quand son courage conduit à couper tout contact avec ce type de personnage. Perte de repères, une partie de « soi » apparaît comme éteinte, morte, un questionnement permanent se met en place mêlant culpabilité, sentiments d’échec et de honte.
Voici donc mon histoire…
Il y a de cela un an et demi, j’ai été approchée sur le plan professionnel par un homme. Cet homme, père de famille, mariée, ne présentait, à première vue, aucun signe avant-coureur m’amenant à me surprotéger ou à ne pas le côtoyer. En outre, j’étais en couple depuis près de 15 années avec un homme que j’ai aimé avec fidélité et loyauté… Or, tout a basculé progressivement et subtilement, mais si irrévocablement.
Simple et gentil, il n’a suscité aucun soupçon chez moi à l’époque. Mieux, il faisait preuve (en apparence, dis-je aujourd’hui) d’une certaine modestie… Un certain charme « naturel » se dégageait de sa personnalité. Il paraissait droit, franc, serviable, à l’écoute, authentique et honnête. Un homme paraissant doté de belles qualités dans lesquelles je me retrouvais à première vue.
Aussi, mise en confiance, jour après jour, par les valeurs et les qualités « qu’il a su habilement et malicieusement » distiller, je l’ai donc soutenu sur ses différents projets engendrant petit à petit un rapprochement. Rien dans son comportement ne laissait présager qu’il s’agissait d’un manipulateur et beau parleur. Usant de modestie voire même d’une certaine maladresse, il a su parfaitement se fondre dans le rôle d’un homme en recherche d’attentions, de soutien, de conseil voire même parfois de protection et de bienveillance. Son passé a été aussi une arme qui a su me faire fléchir dans la mesure où il avait parfaitement senti la faille de mon hypersensibilité. En effet, son histoire m’avait très sensiblement touchée.
Les jours et semaines s’écoulant, il fut très subtil (stratège, dis-je à présent), dans son art d’entrer dans ma vie personnelle sans que je m’en aperçoive. Il m’adressait chaque jour un sms pour prendre de mes nouvelles avec tact et élégance, et ce sans paraître insistant. Un excellent dosage pour susciter cette addiction aux sms, à sa présence. Toutefois, dois-je souligner, avec le recul aujourd’hui, que mon manque de réactivité parfois pour répondre à ses sms m’avait valu quelques petites remarques que je n’avais malheureusement pas su interpréter les mettant sur le compte d’une inquiétude de sa part…
En fin observateur ou analyste, il a su détecter, identifier mes points faibles et en jouer pour entrer, avec prouesse, dans ma vie et me détruire au final, à ce jour, moralement et psychiquement. Il est donc entré à petit pas, avec finesse et dextérité.
Poli, courtois et très séduisant, il a su être présent au bon moment. Il a su créer la dépendance affective au travers de ses belles phrases (« je n’ai jamais rencontré une femme aussi belle et intelligente, une femme si exceptionnelle avec de belles valeurs, tu es toute ma vie, je t’ai en moi, je veux vivre avec toi » …) sans même que mon discernement m’en alerte puisque le pire est que je me suis toujours tenue loin du genre d’homme ayant un égo surdimensionné, étant imbu de leur personne et valorisant à outrance leur corps.
Sa simplicité, son naturel, sa « relative » ou « pseudo » franchise, qualités auxquelles je suis attentive, ont contribué à ce que sa présence devienne et soit essentielle dans ma vie. Une image d’un homme gentil, brave et généreux se dégageait de sa personnalité, ce qui m’a charmée et séduite au fil du temps. Cet homme a été un très grand observateur de ma personnalité et a su s’engouffrer dans la faille qui a fait tomber mon armure pour le pire quand le rideau est tombé.
Je l’ai cru sincère dans l’amour qu’il me vouait si bien que je le temporisais, au début de notre relation, sur certains aspects notamment sexuels où je lui demandais d’être plus dans le dialogue, dans la découverte et le plaisir partagé pour notre épanouissement. Aussi, au fil du temps, je me suis aperçue que si nos moments d’intimité n’étaient pas réalisés comme il le souhaitait, soit il était critique à mon égard en me rétorquant que j’étais trop rigide, coincée ou « vieux jeux », soit des problèmes d’érection survenaient. En outre, encore plus surprenant, quand je lui faisais part parfois quand il se trouvait loin de moi de mes désirs, de mes envies de lui, ces derniers mois, il n’hésita à me dire de me caresser seule et qu’il allait m’offrir des jouets à cet effet puisqu’il ne pouvait pas toujours être à mes côtés.
Etant habituellement sensuelle, aimant la belle lingerie et prendre soin de mon corps, ma manière d’être, de me faire belle pour le séduire, l’avait, il me semblait, charmé au début de notre relation. Or, ces derniers mois, il ne prêtait plus aucune attention à tous ces petits détails, voire même était critique et dans la négativité. Ses mains, ses doigts, sa bouche ne se portaient que sur mes attributs bien ciblés pour SON propre plaisir. Il ne prenait même plus le temps de me déshabiller intégralement… plus de préliminaires… des mots quelques fois utilisés relevant du registre très familier voire grossier m’apparaissant comme déplacés. Mais pour se justifier, il argua que ses mots lui suscitaient encore plus de désirs et que c’était important pour lui d’aller plus loin sur le registre de la sexualité. Il n’avait qu’en tête la recherche de l’orgasme… de plusieurs organismes, démontrant ainsi pour lui sa performance et sa domination très primaire, primate, quelque part.
Encore plus surprenant, c’est lui qui « se terminait » quant à son éjaculation. Il se retirait de moi pour se masturber et in fine éjaculer sur mon corps. C’était sa demande, son plaisir. Puis, à cette issue, je n’étais autorisée ni à le toucher ni à le caresser car soi-disant cela lui était inconfortable… Je devais le laisser s’endormir sans aucun contact, alors qu’au début (en phase d’appropriation), c’était tout le contraire. J’apparaissais ainsi, au fil des mois, comme son objet, sa chose de plaisir.
Ces moments répétés sont extrêmement ravageurs pour une femme car elle y abandonne son intégrité, son amour pour soi… elle n’est plus qu’une coquille vide, un jouet pour le PN. Je dis cela aujourd’hui, mais lors des moments d’intimité, je culpabilisais de ne pas être à la hauteur, me disant que je ne savais pas faire à l’amour avec un homme… Rabaissement, honte, asservissement, pleurs, remise en question… tout y passait.
A chacun de ses départs, ce fut pour moi extrêmement douloureux car sa volatilité et son goût à l’indifférence ponctuelle me procuraient un sentiment de vide et de mal-être. Il me disait alors que j’étais trop fleur bleue et que l’amour tel que je le voyais n’était pas de l’amour… mais de l’emprisonnement. Je lui ôtais, selon lui, son indépendance et sa liberté. Je me pliais à sa vision, à ses désirs par amour et dépendance affective. En effet, son absence provoquait un vide incommensurable en moi. Je me sentais perdue. Je cherchais à être rassurée. Il était devenu ma raison d’être. Il restait très lapidaire.
Amoureuse et éprise de cet homme et ayant su habilement jouer de mon hypersensibilité et de mes engagements à son égard, il a su s’y prendre pour recevoir de ma part, tout ce dont il désirait. C’est là encore qu’entre en jeu la manipulation… Face à des difficultés financières qu’il rencontrait régulièrement, il savait quoi me dire pour obtenir mon aide et mon soutien financier en tant que femme aveuglée par l’amour que je lui vouais. Il avait parfaitement saisi que le don pour moi était aussi un acte d’amour car le partage faisait partie de la relation. Il parvenait aussi à se faire plaindre en disant qu’il n’y arrivait pas. Je lui ai donc servi de « roue de secours » financière quand plus tard je me suis aperçue qu’il dépensait son argent dans des futilités et non pour assouvir ses besoins primaires (nourriture, charges du domicile). Avant tout, je me sentais redevable de l’aider, de l’accompagner au mieux dans ses projets mais aussi de le soutenir dans ses difficultés financières qu’il me soutenait passagères.
En outre, avide de compétition par rapport à ma situation professionnelle et personnelle, il fut parfois sarcastique. Blessée par ses remarques et prônant le dialogue, je lui en faisais à chaque fois part et il me rétorquait que j’étais trop coincée et ne comprenait pas son humour. Puis, ma manière de me vêtir a fait l’objet de propos assez surprenants alors qu’au début, pour me séduire, mon style vestimentaire lui plaisait énormément. Toujours, les mêmes arguments servis : « tu ne comprends pas mon humour, tu ne sais pas plaisanter ».
A repenser à certains de nos échanges, tout était finalement bon à critique… Je ne faisais pas suffisamment preuve d’écoute, de compassion à son égard… Il a su user du chaud et du froid avec brio… créant encore plus ce besoin affectif par cette présence et ce pseudo amour qu’il délivrait par intermittence et par à coup. Lorsqu’il me témoignait de ses sentiments, comme je l’ai précisé plus haut, ce fut de très belles expressions : « tu es une très belle personne à l’intérieur de toi, tu es l’amour de ma vie, tu vis en moi, je suis prêt à tout quitter pour toi, je t’ai en moi »… Ainsi, ma vie dépendait intrinsèquement de cet homme et de ses tribulations, et ce sans que je m’en aperçoive. J’étais tellement « sous perfusion » de son amour que mon amour propre n’avait plus d’existence. Je vivais pour lui, pour sa réussite, pour son épanouissement, pour son bonheur. Je vivais par procuration pour le satisfaire au mieux car à défaut je savais qu’il partirait.
Agissant comme un grand enfant égocentrique, seule sa personne comptait. A certains moments, certaines actions devaient aller en sa direction… Parfois, une intuition me faisait dire qu’il était narcissique… sans finalement que je corrèle ce trait de caractère à la pathologie du pervers narcissique…
J’aurais peut-être pu m’en apercevoir au travers de son activité sportive qu’est le body building. Je réfutais l’idée de voir dans cette pratique sportive le cliché de l’homme qui aime à outrance son corps… Car tout simplement je l’aimais lui, pour ce qu’il était, et non ce qu’il représentait.
(…)
Courant décembre, il m’annonce son départ de la région indispensable à sa reconstruction. Il me disait ne plus supporter son lieu de vie, que tous les endroits lui rappelaient son passé qui le minait. Aussi, le jour de cette annonce, j’ai pesé chacun de mes mots afin qu’il ne se sente ni oppressé ni englué par notre relation et qu’il ne soit pas pris d’une nouvelle crise de colère où comme il me l’a eu dit de « dégager », de « prendre la porte » pour me rappeler 3 jours après en s’excusant… tout penaud, tout gêné… en apparence seulement !
Il me confirme alors qu’il ne part pas pour refaire sa vie avec une femme mais bien pour se retrouver lui dans une autre ville… que je reste dans son cœur… que je suis la femme la plus importante à ses yeux… que le lien inexplicable, cette alchimie qui nous unit selon lui ne sera pas effacée parla distance… qu’elle est éternelle et que bien au contraire, elle sera amplifiée. Puis, je l’interroge sur la relation qu’il compte avoir à distance avec ses enfants et du manque induit… Que n’ai-je pas demandé ! Excédé (car je pense avoir touché un point sensible qu’il ne voulait pas aborder), il me répondit que cela ne me regardait pas, pire que je n’avais pas à le juger quant à sa décision… Loin de moi, au travers de la question qui fut la mienne, d’émettre in fine un quelconque jugement. Ma question partait d’un bon sentiment… je me souciais de son avenir.
(…)
Deux semaines après son départ, je le sentais différent au téléphone… Je lui proposais de le rejoindre car il me manquait. Or, il me paraissait froid, distant, ailleurs, obnubilé par d’autres… je privilégiais alors le dialogue pour lui exposer mes ressentis. Il me rétorquait que j’étais paranoïaque, que je voyais le mal partout… C’est là le PN dans toute sa splendeur soufflant le chaud et le froid pour désorienter sa victime… puisque par ses sms, ponctuellement, il me témoignait à nouveau d’un lien inexplicable, cette fameuse alchimie, ne lui permettant pas de me quitter. Je me rattachais donc à ses écrits… Or, suspicieuse quand « mon cœur » ne m’aveuglait pas, je ressentais en moi, par moments, une intuition me signifiant d’un double jeu, d’un défaut de sincérité, qu’il me cachait des faits et des agissements. Je l’interrogeais à nouveau… en vain. Ses arguments ne différaient pas.
C’est alors que j’ai pris mon courage à deux mains (peur d’affronter ce que j’allais découvrir). Après quelques recherches sur les réseaux sociaux (malheureusement, je n’avais pas d’autres techniques pour corroborer mes craintes car il me maintenait que j’étais trop critique et paranoïaque et qu’il n’aimait que moi car empreint de fidélité et de loyauté), je peux aujourd’hui, avec la plus grande des douleurs afférentes, confirmer que cet homme a toujours été en recherche de « jolies femmes », ses proies… Aussi, la mise en valeur à outrance de son corps bodybuildé et des photos postées dont il a pris le plus grand soin pour les choisir quant à sa plastique, et ce sans préjugé exagéré de ma part, démontraient bien qu’il s’aimait plus que de raison. Et je n’avais pas eu l’idée auparavant de regarder du côté des réseaux sociaux… Le narcissique semble en faire un support de prédilection pour se montrer à son plus bel avantage.
Face à mon dépérissement, j’ai donc pris la décision de fuir ce personnage. J’ai coupé tout contact afin de lui témoigner mon indifférence. Je reçois encore des sms par lequel il me demande de LE comprendre. Il cherche à me faire faillir à nouveau. C’est une lutte au quotidien face à mes sentiments.
(…)
En me documentant au travers de différents témoignages, je m’aperçois aujourd’hui que le stratagème est souvent le même quand on est sensibilisé à la personnalité du PN. Dès que je suis tombée dans ses griffes, après avoir été complètement séduite par tous ses « atouts », sa présence qui devenait de plus en plus indispensable, ses mots qui retentissaient comme juste dans mon cœur et dans mon âme, cet homme s’est révélé au grand jour… En effet, l’intérêt de me séduire devenait de moins en moins sa priorité. Ce n’était donc pas de l’amour.
Quand la proie est accrochée, le vautour change de visage… il n’a plus aucun état d’âme et tout son charme et toute sa bienveillance disparaissent subitement pour laisser place à tout autre sentiment faisant culpabiliser la victime de ce prédateur… En effet, étant totalement sous l’emprise de cet homme, je me suis sentie et me sens encore dépouillée, vide intérieurement, je n’ai plus goût à la vie et ne cesse de m’autocritiquer. C’est une véritable perte de repère et de confiance en soi.
Même s’il est, au début d’une relation naissante, très tentant de ressentir dans le regard d’un tel homme un « semblant » d’amour et de tendresse, l’addiction procurée et la dépendance induites sont juste effroyables et terriblement destructrices quand le prédateur change de visage. La femme se trouve intérieurement détruite. Elle est totalement anéantie, sans force, sans vitalité et sans envie…
Elle doit entamer un long processus de reconstruction mêlant douleur, culpabilité et chagrin incommensurable. Tel est le processus dans lequel je me trouve actuellement. Pleine de vie, enthousiaste, joyeuse et résolument optimiste, il m’a fait devenir une coquille vide, où le manque de confiance en moi et le dégoût ont pris le dessus.
Même si j’ai aussi ma part de responsabilité, je dois réapprendre à m’aimer.