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FREDERIQUE

J’ai été, pendant plus de 20 ans, sous l’emprise du père de mes 2 enfants.

Dès le début, il ne me plaisait pas vraiment, très gentil, mais je ne me sentais pas à l’aise, trop de trop. Il buvait beaucoup d’alcool,  Il se plaignait de sa femme, il avait l’air malheureux et il était “tombé amoureux fou”. Et puis je me suis dit d’arrêter de chercher l’homme parfait. J’avais beaucoup de difficultés à nouer des relations amoureuses.

J’ai entendu que la seule chose positive avec eux était le sexe au début, pas pour moi. J’étais harcelée, tripotée, pas le temps pour le désir.

Non, pour moi, la chose sexuelle positive est que, comme je savais que j’allais passer plusieurs fois par jour “à la casserole”, pour ne pas avoir mal, il fallait que j’apprenne à prendre mon pied. Grande école !

Et puis ça a dérapé, pour me gâcher le plaisir il a “introduit” petit à petit des pratiques de plus en plus déviantes.

Il insistait lourdement “si tu m’aimais, tu le ferais” “machin et machine le font, tout se passe très bien, ils s’aiment”. Je me suis même pris une gifle parce que j’ai osé lui dire que c’était l’alcool qui le faisait délirer.

J’ai failli partir tant de fois, pourquoi ne suis je pas partie ? Je fuyais régulièrement chez mes parents,

– il m’accusait de l’abandonner, de n’être pas autonome, d’être sous la coupe de mes parents, qu’il dénigrait ouvertement en public acquis ou en privé.

  • Il détestait mes amis, les mettait dehors ou se les appropriait, je ne pouvais parler à personne sans avoir peur qu’ils lui répètent et me fasse une crise. Par contre il fallait que je supporte les siens, présents midi et soir à chaque apéro. Il était entouré de toute une “basse”-cour ! Qui l’admirait tellement, lui qui se produisait en soins palliatifs. J’ai compris plus tard que c’était facile pour lui, aucun chagrin pour ces personnes en fin de vie, il était simplement en spectacle.
  • J’étais épuisée, il ne s’occupait pas du tout des enfants qu’il avait pourtant réclamés, m’empêchait de dormir et/ou me réveillait,  mettait en place un jardin alors que je n’avais rien demandé puis le laissait à l’abandon de telle sorte que je me sente obligée d’en prendre soin. Je suis une petite carrure mais ça ne le gênait pas de me faire faire des gros travaux comme de la maçonnerie, du débroussaillage, tout en disant après que c’était mal fait… A la fin il a même voulu me faire balayer tous les petits graviers de la cour, subtilement bien sûr, il commence et puis il laisse le balais en travers du chemin … ça je n’ai pas fait. Les “il faut qu’on” je connaissais par coeur.

Lui ne faisait pas grand chose,

  • il me traitait de trainée (et j’avais peur qu’il raconte mes 3 ou 4 pauvres aventures que j’avais eu la bêtise d’avouer pensant calmer sa jalousie maladive) alors que bizarrement un grand flou planait sur ses anciennes relations.
  • il disait avoir lâché femme et enfants pour moi…avec le recul, je vois bien qu’au fond cette femme était soulagée qu’il parte, elle lui a mis ses valise vite fait bien fait et une poubelle en cadeau ! Elle n’a eu aucune colère vis à vis de moi, aucun reproche, au contraire, elle voulait toujours me parler, me voir, et moi je la fuyais, pauvre sotte que j’étais ! C’était déroutant, elle s’alliait avec lui pour me forcer à vivre avec lui, savoir si j’étais là, pour que je m’occupe de leurs enfants, les déposant sans prévenir du jour au lendemain
  • Je me sentais un rôle de sauveur face à son enfance sordide, mais pas plus que la mienne finalement, son alcoolisme. Je me croyais très forte et solide. Mais pas assez contre la boule d’angoisse qui me remontait du ventre quand je l’attendais des heures puis le voyais passer la porte péniblement, une paupière tombante et des paroles inarticulées qui sortaient de sa bouche. Je pense aujourd’hui que ce n’était qu’une manipulation de plus, pour me faire peur, m’exaspérer, me culpabiliser. Quand il a voulu une maison, des enfants, il a arrêté de boire, comme ça, tout seul, sur un claquement de doigts, la lune de miel ! Il me disait “si on n’achète pas cette maison, je recommence à boire”.

On a acheté la sinistre maison.

Dès les 1ers jours de ma 1ère grossesse, il a recommencé à s’alcooliser.

Des amis étaient de “vrais malades alcooliques”, de vrais souffrants, je l’ai vu leur faire la morale, tu dois boire, allez bois, mais ne te rends pas ridicule. Sois digne mais tu dois boire. Si tu ne bois pas, tu ne sais pas partager, tu n’es pas sociable, tu es minable, tu es faible. Viens habiter près de chez moi, je vais t’apprendre. Ils en sont morts tous les deux.

  • Pour me dire, sans doute, regarde il y a pire que moi. Ça c’était sont truc aussi, toujours trouver des pires.je me disais, il m’aime tellement !!! Il a dû me tromper plusieurs fois mais je me suis voilé la face, non pas lui quand même. J’ai eu des messages anonymes, n’y ai pas cru.

Je ne m’en suis pas vraiment échappée, j’ai sombré,  j’ai eu de la “chance”, mes parents sont  décédés, mes 2 enfants encore petits, plus un travail à temps plus que complet. De la chance ? Oui, sinon j’y serais encore. Mon corps m’a sauvée en craquant. crises d’angoisse au volant, syndrome du côlon irritable, hypertension,

Je n’avais  pas le droit d’être malade. Dès que je m’allongeais il me harcelait sexuellement. Ou, je me souviens d’une grosse migraine, je suis allée m’allonger pendant la nuit dans le canapé le temps que l’aspirine agisse, et je me suis fait violemment secouer, il me hurlait “t’as pris des médocs ? »

Un soir, mon cerveau a disjoncté, je ne voulais plus penser, réfléchir : alors que je ne buvais plus une goutte depuis ma 1ère grossesse, j’ai recommencé l’apéro. Après que mes filles soient nourries, blanchies, endormies. Je ne voulais plus aller me coucher avant qu’il s’endorme. Je voulais comme lui dire “regarde ce que ça fait de vivre avec un alcoolique !” et en effet ça l’énervait, il m’éteignait toutes les lumières, la télé, et il a commencé à me frapper. En me disant que c’était ma faute. Là aussi je me suis crue trop forte, car j’ai vraiment plongé dans l’alcoolisme de 20h à minuit.

Je lui disais “tu ne te rends pas compte, on va nous prendre les enfants, avec 2 parents alcooliques” et il m’a dit “oui il faut qu’ON aille se soigner”

J’ai appelé à l’aide dans une structure en addictologie, pensant qu’il allait me suivre, avec dans la tête l’idée que je faisais quelque chose de mal qui le faisait boire. Cette structure m’a un peu aidée au début. Parce qu’ils m’ont poussée littéralement à partir, en me faisant croire que monsieur allait peut-être réagir positivement.

Monsieur a réagi en me lâchant lâchement, sans ménagement par sms. Puis silence radio.Il avait déjà une nouvelle proie sous la main. Et je me suis encore plus effondrée. Je voulais des explications, il a menacé de m’enregistrer et de porter plainte pour harcèlement. J’ai reçu des messages de la nouvelle remplie d’amour pour lui, me disant que je l’avais abandonné. Que mon attitude n’était pas digne d’une mère. Et je lui ai dit de ne plus jamais me parler. Elle a continué à essayer mais je l’ai bloquée et ne lui ai plus jamais répondu. J’ai reçu  plein d’appels anonymes, je pensais que c’était elle, mais pourquoi ne serait-ce pas lui sournoisement pour mieux trianguler ? Car je me souviens qu’au début, il me demandait si c’était moi qui appelait anonymement son ex…

Puis l’angoisse pour mes enfants et la colère sont arrivées, salvatrices et destructrices à la fois.

Cette colère m’a fait agir en demandant la garde exclusive des enfants avec juste un droit de visite pour lui. Il a été pris de court, il ne pensait qu’au problème de la maison. J’ai tenu face à ses menaces, son harcèlement, sa rage, ou son ton doucereux et mielleux pour me faire abandonner cette requête devant le juge. Il déteste l’autorité. Il aurait voulu, comme avec son ancienne compagne, “s’arranger à l’amiable”, c’est-à-dire, “je prends les enfants quand je veux, je donne des sous quand je veux”.

J’ai tenu 4h face à l’enquêtrice sociale qu’il a retournée comme une crêpe. Elle m’a gaslightée en me faisant même douter sur le temps qu’il faisait la semaine d’avant, m’a accusée d’avoir abandonné mon conjoint pour m’occuper de mon père, m’a accusée d’avoir acheté la maison, d’avoir été réticente pour avoir des enfants, de mal ranger ma maison, d’avoir des meubles anciens et j’en passe. Elle a fait pleurer ma petite en essayant de la forcer à admettre qu’elle voulait aller chez leur père 2 jours par semaine. Echec. Alors Mme est sortie de la pièce où elle s’était enfermée avec elles tour à tour et, en désignant du doigt ma petite  “j’espère qu’elle se fait suivre par un psy celle-là”. Elle a contacté des assistantes sociales et retenu un seul mot, sur moi bien sûr, “fragile”.  Et rien de négatif sur Monsieur, rien sur son alcoolisme, il buvait “modérément” depuis qu’il était avec sa nouvelle compagne  “dû à sa tristesse”, et sa maison était bien rangée puisque nouvelle bobonne était là.

L’enquêtrice sociale a quand même écrit qu’il semblait difficile à moins de travaux d’héberger des enfants chez Monsieur. L’ambiance contribuait aussi beaucoup à la destruction.

Mais pourtant elle demandait un droit d’hébergement de 2 jours chaque semaine !

Tout ça écrit noir sur blanc m’a de nouveau plongée dans le noir.

Mais coup de chance, la juge, sur la foi des multiples preuves de l’alcoolisme de Monsieur, que je suis allée photocopier comme une voleuse chez moi, n’a pas suivi les recommandations de l’enquêtrice, et mes filles n’ont pas eu à subir toutes ces journées chez lui.

Et puis un an après, j’ai compris que tout son comportement n’avait rien à voir avec l’alcool, et j’ai découvert les mots “pervers narcissique” et tout s’est éclairé enfin. Un peu comme l’histoire d’Al Capone coincé pour fraude fiscale.

Je bute encore sur le critère des mensonges, car il est très fier de dire qu’il ne ment pas, qu’il n’a rien à cacher LUI, qu’il ne faut pas mentir, quitte à  blesser les gens. Mais il joue beaucoup sur le doute, sur l’interprétation des faits à son avantage et sur SON “droit à l’erreur”. Il passe sous silence les choses qui ne l’avantagent pas, ou minimise, ou ne répond pas, ou à côté. Ce qui peut donner des discussions interminables où on ne sait même plus ce qu’on voulait demander au départ.

Et à la fin il mentait exprès pour se débarrasser de moi et m’humilier, “oui il m’avait trompée, puis non,  coucher ne veut pas dire coucher”, tout en laissant une nuisette inconnue au pied de NOTRE lit.

Aujourd’hui je vais mieux,

il y a des hauts et des bas mais il n’arrive plus à me “mettre hors de moi” comme avant, il n’a plus beaucoup d’influence, mais quand même un peu sur mes enfants.

Après 3 longues années à me faire croire qu’il allait racheter, puis non, puis oui, sans me payer de loyer, j’ai trouvé un acheteur extérieur et là paf ! Il a racheté ma part de la maison, la moitié de ce que j’y avais mis, sous prétexte que je n’avais rien payé dedans… mais je remboursais la moitié du prêt, payais l’eau et la nourriture, les poêles, les radiateurs, les vacances, les vêtements, tout pour les enfants, ce qui ne se voit pas en gros. J’ai laissé tomber, ma tranquillité valait plus que l’argent qu’il me volait.

Mais mon rétablissement me semble bien lent.

  • Sans doute pas les bons thérapeutes au début.
  • Et surtout je suis allée me réfugier dans ma famille. Et là il y avait encore des anomalies à éclaircir…

Je pense que ma « faille » est d’avoir déjà subi l’abus narcissique étant enfant. Je ne suis pas tombée par hasard sur un tel pervers. J’étais déjà conditionnée par mon père qui a fait passer ma mère pour un monstre. Mon père qui avait « une enfant dorée », sa préférée, ma soeur qui coche tous les critères de la manipulatrice et continue de côtoyer mon ex.…, et un putching ball, moi. Ma soeur qui a abusé aussi de moi et qui continue.

Donc c’est reparti pour un tour, je coupe un par un les liens toxiques qui restent. J’irai même jusqu’au déménagement s’il le faut.

NE NOUS RÉFUGIONS PAS N’IMPORTE OÙ.

Courage à toutes et tous.