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LE DÉCLIC DE QUITTER UN PN | 3 CONSEILS POUR LE CRÉER

Rédaction : Pascal Couderc, psychologue, psychanalyste et auteur, président du comité scientifique de pervers-narcissique.com

LE DÉCLIC DE QUITTER UN PN : 3 CONSEILS POUR LE CRÉER

Un beau jour, le déclic de quitter le PN se produit, et c’est fini. Rien ne sera jamais plus comme avant. Les victimes de manipulateurs sentimentaux ont presque toutes vécu cette expérience, aussi soudaine qu’envahissante. Elles osent enfin dire “Trop, c’est trop !” À l’image de la goutte qui fait déborder le vase, que ce soit une tromperie, une énième dispute, ou simplement un mot déplacé ou une odeur, il suffit parfois d’un rien pour marquer un tournant décisif dans le cours d’une vie. C’est si brusque que le phénomène prend des allures d’intervention divine. En réalité, loin d’être le fruit du hasard ou de la magie, il s’agit de l’aboutissement d’un long cheminement interne. Et s’il y a chemin, il y a donc vitesse de parcours. Comment accélérer le pas et tout mettre en œuvre pour créer cette révélation essentielle à la sortie de l’emprise ? Appliquez nos 3 conseils.

1.   Prendre conscience de la situation

Les victimes de pervers narcissiques ont été conditionnées à naviguer à vue, c’est-à-dire qu’elles s’adaptent en permanence à ce qui leur tombe dessus :

Sous le coup de la soumission, elles agissent en termes de réaction, plutôt que d’action. Elles subissent donc leur sort et évoluent dans un brouillard de confusion savamment mis en place et entretenu par le vampire émotionnel.

Contre le doute, l’information est la meilleure issue. En effet, à grand renfort de mauvaise foi et de mensonges incessants, le manipulateur pervers a entraîné sa proie à ne plus se fier à son propre jugement. Ce qu’elle ressent profondément, cette petite voix qui lui dit “ce n’est pas normal”, elle a appris à l’étouffer par peur des conséquences, conférant encore plus de pouvoir à son bourreau. Pourtant, elle est bien là et il lui arrive de se faire entendre, comme un murmure d’inspiration.

Ces éclairs de lucidité, il faut absolument en faire quelque chose. Voici quelques solutions pour faciliter l’accès à l’information qui peuvent aider à se rendre compte de la toxicité de la relation :

  • Parler de la situation à des tiers de confiance (psy, amis, famille, médecin traitant, etc.), à condition d’être parfaitement sûre de leur bienveillance.
  • Faire des recherches sur Internet (sur ordinateur ou sur smartphone), peut éventuellement se faire suffisamment discrètement afin d’éviter d’éveiller les soupçons du MPN.
  • Consulter des revues, journaux ou livres qui traitent de développement personnel, de relations de couple ou même d’éducation parentale si des enfants sont issus de l’union.

Bien entendu, il est totalement proscrit de parler de ces démarches au pervers machiavélique. Cela ne ferait qu’exacerber son besoin de contrôle et risquerait de provoquer  une colère ravageuse. La victime qui parvient à s’éduquer au phénomène de la perversion narcissique saura se protéger des diverses techniques de manipulation. Cela contribuera à fragiliser ces procédés et donc, à renforcer la prise de conscience du problème de la relation malsaine et de son inéluctable échec.

2.   Accepter la souffrance pour en faire un moteur de libération

Vous êtes-vous déjà posé ces questions : “Qu’est-ce que la douleur ? À quoi sert la souffrance ? Pourquoi existe-t-elle ?” Bien que le dolorisme soit un thème récurrent du christianisme (et d’autres religions) et ait donné lieu à de nombreuses réflexions, nous prenons le pari que votre réponse est “non”. Et pourtant, dans toute sa perfection, la nature nous a doté du don de ressentir la douleur pour provoquer chez nous un changement de comportement. Sans le signal de la souffrance, on ne retirerait pas notre main du feu, on la laisserait brûler. Sur un plan psychique, c’est toutefois plus compliqué.

La relation avec un bourreau émotionnel constitue un inconfort insidieux, à la limite du tolérable, auquel on s’habitue. Le seuil d’acceptation de la souffrance s’élève progressivement dans un processus d’adaptation qui est une réponse de votre cerveau pour vous ramener à un niveau de stress plus supportable. En conséquence, vous vous accommodez d’une situation normalement insoutenable, car vous avez été conditionnée à l’endurer chaque fois plus. Résultat : vous ne la remarquez même pas.

Pourquoi retirer votre bras des flammes si vous en ignorez la chaleur ? Pourquoi quitter votre conjoint pervers narcissique si vous trouvez que votre relation n’est pas si horrible que ça ? ou pire : si vous le croyez sur parole lorsqu’il vous dit que votre vie serait encore plus désastreuse sans lui ?

En bref, tout commence par la reconnaissance de votre problème. Affronter sa souffrance, admettre sa présence et s’interroger sur sa cause vous mènera à plus de clarté. C’est une première reconnexion avec vous-même, votre nature profonde, refoulée sous le joug de votre tyran. Dans le cadre d’un couple toxique, la victime qui s’ignore encore ressent en général une grande lassitude, une perte d’estime de soi et de sens à la vie. Elle est isolée, sans vitalité et se laisse submerger par des tâches quotidiennes au service du foyer. Une sorte de déprime l’accompagne en permanence et la mène lentement vers la dépression. En d’autres termes, sans trop savoir pourquoi, elle dépérit.

Pour espérer provoquer un déclic qui vous fera quitter votre pervers narcissique, il est absolument inévitable d’accepter que l’on souffre et que cela ne peut plus durer. Pour vous aider à rendre ce constat intelligible, posez-vous et prenez des notes :

  • Faites le bilan des qualités qu’on vous louait avant votre rencontre avec le MPN. Ses atouts sont-ils toujours présents et sont-ils utilisés ?
  • Les quelques bons moments passés avec votre conjoint font-ils le poids contre toutes les mauvaises expériences qu’il vous a infligées ?
  • Vivez-vous la vie dont vous rêviez ?
  • Utilisez-vous votre plein potentiel ?
  • Comment vous sentez-vous lorsque votre mari ou compagnon quitte la maison ? Et dès qu’il revient ?
  • Votre cercle social est-il aussi étendu et épanouissant qu’avant ?

Posez des mots sur vos ressentis et plus vous plongerez en vous, plus vous verrez qu’il y a un sérieux décalage entre vos aspirations et votre situation actuelle. Cette discordance vous rend triste et n’est pas normale. Appuyez là où ça fait mal, non pas pour vous flageller, mais pour vous retirer de ce tableau qui n’est pas le vôtre et vous créer une nouvelle réalité. Votre douleur est un message de votre inconscient, une véritable alliée. C’est le signal qu’il faut passer à l’action.

3.   Prendre la décision de quitter le PN pour que le déclic se produise

Vous avez pris conscience du problème de votre partenaire et admettez que votre relation a des effets délétères sur vous ? Le temps de l’action est venu et la première d’entre elle, c’est de prendre la décision ferme de le quitter. Comme tout n’est jamais simple avec un manipulateur machiavélique, ne vous en faites pas si vous ne ressentez pas cette manifestation de votre instinct de survie comme inébranlable et définitive. Bien sûr, il y aura des doutes, des craintes et éventuellement des rechutes sous son emprise. Toutefois, ne négligez pas la force de cette graine qui a germé dans votre esprit. Ce qui est su ne peut plus être ignoré. Vous êtes convaincue qu’il est malade et que cela vous contamine. À force de vous renseigner sur sa pathologie, vous avez aussi la certitude que, contrairement à vous, il ne peut pas être guéri, ni sauvé.

Accrochez-vous à cette pulsion protectrice envers vous et vos enfants et surtout, cherchez le soutien de personnes bienveillantes et idéalement d’un psy qualifié pour vous accompagner au mieux dans votre émancipation. Une fois le déclic provoqué, l’engrenage sera lancé et vous n’aurez plus qu’à suivre notre plan d’action 6 étapes essentielles pour quitter votre MPN .

Le déclic de quitter un PN est la conjonction de 3 leviers psychologiques dont la survenue peut être accélérée. Entre la prise de conscience de la psychopathologie narcissique, la mise en évidence de la souffrance qu’elle provoque et la prise de décision de changer, tout indique que la seule issue envisageable est la rupture. Lorsque l’on est convaincu de cela, la motivation à mener ce combat est bien plus grande et on a d’autant plus de chances de rencontrer le succès.