Une rupture amoureuse avec un pervers narcissique laisse de grosses séquelles sur le psychisme des victimes. La dépression post PN est un peu l’héritage qu’elles vont devoir gérer. Suivant l’ancienneté de la relation, les situations diffèrent d’une personne à l’autre. Il n’y a pas de recettes toutes faites, mais quelques pistes à suivre pour se reconstruire après ce typhon émotionnel.
Dépression post PN et culpabilité
Lors d’une dépression post PN, les victimes ont du mal à se reconnecter à elles-mêmes. Elles redoutent encore inconsciemment les agressions du pervers.
Les victimes sont restées enfermées trop longtemps dans la culpabilité. Elles se sont niées purement et simplement au profit de l’écrasant narcissisme de leur partenaire. Sous sa pression, elles ont oublié leurs désirs et censuré leurs besoins. Elles ont enduré aussi fréquemment des privations de plaisirs et de liberté. Dès lors, des joies simples comme prendre un café avec un ami ou s’autoriser à regarder un film sous la couette leur sont devenus inconnues. Elles sont pourtant autant de petits droits légitimes à la vie qu’elles doivent redécouvrir petit à petit.
La psychothérapie
Elle offre, à ce titre, la possibilité de se défaire des rôles de victime ou de sauveur que l’on peut endosser dès l’enfance. Ce sont eux qui prédisposent plus tard aux failles narcissiques qui creusent le lit de la culpabilité et d’une emprise plus tard.
Se retrouver
Se souvenir de ce que l’a a été et tenter de ranimer ses passions est un premier pas, pour se sortir d’une dépression post PN. Le triste constat que les victimes font, en sortant d’une relation d’emprise, est de ne plus se reconnaître. Tout ce qui les passionnait, révélait leurs aptitudes et leur donnait de la valeur a disparu de leur existence. Il est prodigieux de constater à cet égard, comment la relation avec un partenaire narcissique non seulement éteint la joie de vivre, mais rend aussi rend stérile sur bien des plans : intellectuel, sportif, professionnel, financier…
Lorsqu’elle commence à sortir de son stress post traumatique, une victime doit comprendre l’importance de restaurer son narcissisme. Sortir de la dévalorisation est une étape importante pour échapper à la dépression post PN, et passe souvent par une attitude active.
Un partenaire pervers essaie de faire croire à l’autre qu’il n’est rien, et surtout, que sans lui, il ne pourrait rien. Ce n’est pas un hasard si beaucoup de pervers hommes infantilisent toujours les femmes aujourd’hui. Ils leur interdisent fréquemment de faire certaines activités seules comme l’acte très symbolique de conduire.
Il est salutaire pour les victimes en phase de « rémission », de comprendre les limitations que leur partenaire leur a inculquées. Cela est nécessaire pour pouvoir les dépasser. En se faisant l’écho de cette petite voix qui leur susurrait qu’elles ne seraient jamais capables, c’est, en effet, volontairement qu’il les a enfermées dans leurs peurs. Un mécanisme dont elles prennent conscience souvent en thérapie, en allant au bout d’une démarche de reconstruction.
S’entourer à nouveau
Pour chasser tout gêneur, les manipulateurs s’efforcent toujours de faire le vide autour de leurs victimes. D’où l’un des grands défis à relever pour lutter contre une dépression post PN : renouer des liens avec ceux que l’on a perdus.
La famille est le premier soutien vers lequel il est important de se retourner, car il est souvent inconditionnel. Il procure amour et réconfort aux victimes et souvent une aide logistique et financière. La démarche prend parfois du temps, si l’entourage s’est fait berner par la façade impeccable du pervers. Mais les dégâts qu’il a causés lui ouvriront tôt ou tard les yeux, et il sera furieux de s’y être laissé prendre. Il en est de même pour les vrais amis, qui après les explications d’usage, sont souvent heureux de renouer la relation.
D’une manière générale, pour lutter contre une dépression post PN, il est conseillé d’accepter toutes les occasions de sorties et de rencontres.
Exprimer sa colère
Il y a beaucoup de frustrations et de refoulement qui couvent sous une dépression post PN. Pour sortir vraiment de l’emprise, les victimes doivent s’autoriser la révolte et la colère. C’est d’une réaction de défense qu’il s’agit, pour se poser en faux contre la perte d’estime de soi que les souvenirs du bourreau font remonter sans cesse. Certaines choisissent de penser et d’agir à l’opposé de ce qu’elles faisaient lorsqu’elles étaient en couple avec lui. Une rébellion qui les aide à restaurer les pans de leur personnalité ensevelies par l’emprise perverse.
Se faire aider
Les symptômes de la dépression post PN classiques sont une déprime, qui peut aller jusqu’à la dépression nerveuse sévère, des pensées négatives sur l’avenir, des troubles du sommeil, une hyper vigilance, de l’irritabilité, des idées suicidaires… Tout cela résulte de l’accoutumance aux agressions du partenaire. La gravité des cas dépend de certains facteurs, notamment de la durée de la relation avec le pervers. Lorsqu’une victime n’est plus maîtresse de ses pensées, le moindre changement la tétanise et la peur d’agir la submerge. Un psychiatre ou psychothérapeute spécialisé parlera de dissociation. Elle a besoin de s’éloigner de cette partie d’elle-même qui est en souffrance. Consulter va l’aider à se guérir en réalisant d’abord le processus de dépersonnalisation qu’elle subit.
Dans un second temps, la thérapie va l’aider à se reconstruire en soutenant ses efforts pour restaurer son narcissisme défaillant. Il sera question d’estime de soi, de limites avec les autres et d’autonomie personnelle. Cette partie est longue et patiente. Mais il faut rappeler qu’une thérapie menée à terme permet d’éviter la rechute dans les bras d’un partenaire de même facture.