Voici près d’un an que je vous ai écrit, prenant à peine conscience de qui était la personne qui avait partagé ma vie.

Il m’a dit vous avoir contacté, ayant trouvé des traces de recherches dans la tablette familiale, dont j’avais pourtant effacé l’historique. Je ne sais pas si c’est vrai.

Ce 29 juin 2021,

il refusait l’accès au domicile familial à notre fille âgée de 16 ans au prétexte qu’elle l’avait frappé, après une énième provocation de sa part. Il m’a ensuite forcée à partir moi aussi, usant de violence et de menaces. Nous nous sommes retrouvés à la rue du jour au lendemain, devant compter sur la bienveillance de proches. (Nous avons aussi un fils de 7 ans). J’ai été prise en charge par la gendarmerie qui a ouvert une enquête en raison d’enregistrements de scènes de violence. J’ai fini par déposer plainte quelques jours plus tard.

S’en est suivi un été infernal.

Nous avons été en hébergement d’urgence et chez des amis et de la famille. Pour faire court, il refusait de nous rendre nos affaires et me reprochait de ne pas m’occuper des enfants alors que personne ne pouvait nous héberger tous les trois ensemble. Il exigeait également de voir son fils (…) et de lui parler quotidiennement, n’ayant aucune pitié pour notre aînée.

Ma fille a voulu en finir à 3 reprises… et elle avait déjà des idées bien noires avant tout ça car elle avait cerné son père depuis longtemps et subissait ses assauts et humiliations. 

Lorsque j’ai récupéré mon logement mi-août, il s’est mis à me suivre partout et à me harceler de messages, pour finalement m’agresser dans mon garage où il se rendait régulièrement (scène filmée…).

Après deux jours de garde à vue,

j’ai bénéficié du dispositif anti rapprochement puis d’une ordonnance de protection. Il y avait des traceurs dans mon véhicule…

Je pense que cela m’a sauvé la vie. J’avais perdu près de 16 kg en quelques semaines et je n’étais pas loin de me laisser partir, seuls mes enfants me retenaient car je ne voulais pas les laisser avec lui.

Aujourd’hui il a perdu ses droits sur les enfants et je ferai en sorte qu’il ne les récupère pas.

Il a été reconnu coupable de violences et de harcèlement sur conjoint et condamné à 15 mois de sursis et obligation de soins. Je lui ai fait face et me suis constituée partie civile. Il a continué d’accabler notre fille et de nous rendre toutes les deux responsables de ses agissements.

Ma grande fille a fait une année complète au lycée et réussit.

Mon jeune fils va plutôt bien aussi, même s’il a du mal à exprimer sa colère envers son père et se montre très protecteur envers moi.

Nous sommes suivis tous les trois par l’association d’aide aux victimes.

Je vous écris car je voudrais faire passer un message d’espoir. On a l’impression qu’on est au fond, on prend des vagues de vide en reprenant le quotidien, c’est là que j’ai dû faire le deuil de la relation, alors que la poussière était retombée…je suis passée par des moments très difficiles mais nécessaires.

En janvier, j’ai rencontré un homme merveilleux. C’était un peu tôt mais j’ai choisi de lui donner une chance. Il m’a laissé les rennes en me disant qu’on irait à mon rythme. C’était la meilleure chose à faire. À présent, mes enfants le connaissent et l’apprécient, ils sont rassurés et cela aide mon fils à reprendre sa place d’enfant. J’ai encore un gros travail à faire sur moi, il reste des cauchemars, du SPT, parfois le vide n’est pas loin, mais j’apprends à le gérer et à vivre avec ces sensations qui se dissipent peu à peu. Je ne prends plus de médicaments depuis quelques semaines.

J’ai beaucoup de chance mais surtout, j’ai compris qu’on en sort, plus ou moins rapidement.

La personnalité du père de mes enfants est, je pense, un cas d’école. J’ai toujours pensé pouvoir le “guérir”, que les lendemains seraient meilleurs. Ils ont été pires et plus violents à chaque cycle.

C’est tout cela que je voudrais dire à toutes les femmes qui traversent des situations comme la mienne. Et aussi qu’il faut se battre, avec leurs armes (enregistrements, vidéos, écrits…) et faire un choix décisif entre eux et nous. J’ai la sensation aujourd’hui qu’après avoir côtoyé le mal absolu, je vois beaucoup mieux la lumière.

Merci de m’avoir lue jusqu’au bout.

Continuez à les aider…

Bien cordialement